13 Feb
13Feb

Âme

Ici, quelle énergie ! quel sentiment ! quelle profondeur ! quel délire ! quelle âme ardente et passionnée ! Là, quelle sécheresse ! quelle glace ! quelle stérilité ! quels froids calculs ! quelle âme aride ! ou, pour mieux dire, quelle absence d’âme ! Et de qui parlé-je ainsi ? qui désigné-je ? Est-ce Voltaire et Nonotte ? Diderot et Patouillet ? Jean-Jacques et Lacretelle le jeune ? madame de Staël et madame de Genlis ? Talma et Démousseaux ? madame Pasta et mademoiselle Cinti ? Non, je ne désigne personne, je ne nomme personne : je ne suis en train de faire ni des épigrammes, ni des madrigaux : je jette un coup d’œil autour de moi, je rappelle mes souvenirs ; et je vois que tous les hommes qui se sont fait un nom avaient le génie, l'inspiration, l'obsession, le je ne sais quoi, enfin, qu'on appelle l’âme. Ah ! oui, sans doute, dans les arts et dans les lettres, l’âme d’abord, le talent après !... 

Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités … Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.

M. de Tréville. Athénée. Pour être aimée. Atelier Nadar]. 1901. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Aplomb

Certains comédiens remplacent l’aisance par l’aplomb, c’est-à-dire la conscience qu’un artiste doit avoir de sa valeur par une suffisance qui touche de près à la vanité. Ceux-là paraissent croire que le public est trop heureux de les contempler et de les entendre, et, sans s’en douter, ils diminuent d’autant le mérite qu’ils peuvent avoir. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

M. Jean Périer. Opéra-Comique. La fille de Tabarin. Atelier Nadar. 1901. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Chaleur

La chaleur est une des plus grandes qualités du comédien digne de ce nom. S'il est pénétré de l’importance du rôle qu'il à remplir, du caractère qu'il doit représenter, des sentiments qu'il est appelé à peindre, si son cœur et son cerveau sont d'accord pour rendre l'idée du poète, il trouvera des accents sincères, il puisera en lui-même cette chaleur communicative grâce à laquelle il fera éprouver au public les impressions qu'il doit éprouver lui-même, il fera naître enfin l'émotion dans l'âme des spectateurs. Mais pour que la chaleur produise les effets qu’on en doit attendre, il faut qu’elle soit naturelle, sincère, qu’elle fasse en quelque sorte partie du tempérament du comédien. Dans le cas contraire, et si elle n’est que le fruit de l’étude et de la réflexion, elle deviendra facilement excessive, dépassera souvent le but et, par son exagération même, perdra de son action. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Mlle Lucy Arbell. Opéra Roma. Atelier Nadar. 1912. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Déclamation

La Déclamation théâtrale est l'art d'exprimer sur la scène par la voix l'attitude, le geste et la physionomie, les sentiments d'un personnage, avec la vérité et la justesse qu'exigent la situation et l'embellissement que demande le Théâtre. La perfection de la Déclamation tragique consiste dans l'accord de la simplicité et de la noblesse ; et c'est ce milieu qui est
difficile à saisir. 

Dictionnaire dramatique contenant l’histoire des théâtres, les règles du genre dramatique, les observations des maîtres les plus célèbres et des réflexions nouvelles sur les spectacles (1776) de Joseph de La Porte et Sébastien-Roch-Nicolas de Chamfort 

Acteur déclamant. Ibels, Henri Gabriel, Dessinateur-lithographe. L'estampe originale, Editeur. Musée Carnavalet, Histoire de Paris.


Illusion

Si vous scandez avec art tous les vers de votre rôle, si vous faites résonner pompeusement la rime, si vous vous attachez à me faire admirer surtout le talent poétique de l'auteur, je pourrai vous entendre avec quelque plaisir, peut-être même vous applaudirai-je ; mais je ne serai pas ému, je n'éprouverai pas d'illusion, je n'oublierai pas que je suis au spectacle ce qui, en dernier résultat, doit être le but constant de tous vos efforts. 

Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.

M. Marcoux. Opéra. Monna Vanna. Atelier Nadar. 1909. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Mordant

Qualité de l'organe de la parole. Elle est nécessaire à certains emplois : les valets, les traîtres, les tyrans et, les rois, ne peuvent s'en passer ; elle serait ridicule chez une ingénue, autant qu'elle est indispensable chez une duègne. 

Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.

Photographe. M. Coquelin aîné. Porte Saint- Martin. Cyrano de Bergerac Atelier Nadar. 1897. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Panne

Expression de la langue théâtrale, par laquelle les comédiens caractérisent un rôle exécrable, d'une importance infime, et dont il n'y a rien à tirer au point de vue de l'effet à produire, de l'action à exercer sur le public. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie Ne jouer que des pannes : 

Rôle insignifiant, sans importance, sans aucune espèce de valeur ; ne jouer que des mauvais rôles

Bonnet, Dailly et Hugonnet. Palais- Royal. Les joyeusetés de Paris de l'annéé. Atelier Nadar. 1888. Source gallica.bnf.fr / BnF


Rôle de deux lignes, dans l’argot des comédiens, qui ont plus de vanité que de talent, et pour qui un petit rôle est un pauvre rôle. Se dit aussi d’un rôle qui, quoiqu’assez long, ne fait pas suffisamment valoir le talent d’un acteur ou la beauté d’une actrice. 

Dictionnaire de la langue verte. Nouvelle édition. Alfred Delvau Supplément par Gustave Fustier. Paris 1883


Paraitre

Dans les petites villes de province, où les ressources sont minces et ne permettent pas aux directeurs de théâtre des dépenses superflues, ceux-ci n’ont pas le moyen d’engager de choristes ou de figurants. Il faut cependant bien, ne fût-ce que dans les drames ou dans de simples vaudevilles, que les bouts de chœur qui se présentent puissent être chantés, et, lorsqu’il n’y a même rien à chanter, que ‘les flots mouvants du peuple’ soient au moins représentés par quelques personnes. Dans ce cas, les artistes qui ne jouent pas dans la pièce sont tenus de paraître, c’est le terme technique, et de chanter s’il y a lieu. 

ictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Atelier Nadar. Garbagnatti. Opéra-Comique. Egmont. 1886. Source gallica.bnf.fr / BnF


Parler le couplet

C’est un art perdu aujourd’hui, parce qu’il n’a plus de raison d'être. A l’époque où le Vaudeville était en faveur auprès du public, il arrivait que certains couplets de situation, surtout lorsque cette situation touchait au dramatique, laissaient passage, dans le court espace de huit vers qu’ils comportaient, à deux ou trois sentiments différents. Pour rendre plus saisissante l’expression de ces sentiments, les comédiens habiles avaient pris l’habitude d’entremêler en quelque sorte le chant et la parole en débitant leur couplet, de façon à pouvoir appuyer avec force sur les mots ou les pensées qui réclamaient de l’énergie, et à glisser avec légèreté sur ceux qui étaient moins importants. On appelait cela ‘dire’, ‘détailler’, ‘parler le couplet’, et ce procédé, employé par un comédien intelligent et expérimenté, était souvent d’un très grand effet. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Fugère. Opéra-Comique. La Cigale madrilène. Atelier Nadar. 1889. Source gallica.bnf.fr / BnF


Prendre du souffleur

Certains comédiens, soit par paresse, soit par l’effet d’une mémoire rebelle, savent rarement leurs rôles, même ceux qu’ils jouent journellement, et sont obligés d’avoir toujours recours à l’aide du souffleur, qui est forcé de les suivre sans cesse avec attention et de leur envoyer le commencement de chaque phrase, sans quoi ils resteraient en plan à chaque instant.  C’est là ce qu’en langage de théâtre, on appelle ‘prendre du souffleur.’ 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

16 octobre 1948 : un souffleur au travail, lors d'une représentation de "La Sorcière", une pièce traditionnelle du "père du théâtre yiddish" Abraham Goldfaden, à l'Alexandra Theatre de Londres.


Rester en plan

Se dit d’un acteur qui, frappé d’un manque subit de mémoire, et le souffleur ne lui venant pas eu aide, s’arrête en scène au milieu d’une phrase, et se trouve pendant un instant dans l’impossibilité de continuer. Se dit aussi de pauvres acteurs de province, qui, engagés par un directeur peu scrupuleux et dont les affaires ont été moins brillantes qu’il ne l’espérait, se voient abandonnés par lui et laissés sans ressources dans une ville quelconque, tandis qu’il s’enfuit sournoisement en ayant la précaution d’emporter tout son matériel. De ceux-là on dit qu’ils sont restés en plan, qu’ils ont été laissés en plan par leur directeur. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Portrait d'Emile Gabel ( -1885), (acteur). Pesme, Paul Emile , Photographe. Avant 1885. Musée Carnavalet, Histoire de Paris.


Se gourer

Vieux mot français conservé dans le langage des coulisses.
Une actrice de province se goure quand elle joue Valérie avec un lorgnon suspendu à son cou. Les actrices de mélodrames se gourent quand elles courent à travers les montagnes avec des petits souliers de satin blanc. On cite une actrice d’une de nos scènes secondaires qui remplit un rôle de mendiante avec des gants à travers lesquels on voit une bague en diamant. A la Porte-Saint-Martin, on montre un figurant qui laisse pendre sa chaîne de montre, quel que soit le siècle dont il représente un personnage.
A Chartres, j’ai vu Abraham mettre le feu au bûcher avec un briquet de M. Fumade. C’est se gourer. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Mrs Guyon & Gobin. (Folies- Dramatiques). "Juanita". Atelier Nadar. 1891. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Verve

Qualité qu’il est plus facile d’apprécier que de caractériser, de comprendre que d’analyser.  Ce qu’on appelle la verve, au théâtre, est un composé de chaleur et de gaîté, de mordant et d’entrain, de vivacité et de légèreté, qui donne du montant au jeu de l’acteur, le met en communication directe avec le public et excite la bonne humeur de celui-ci. La verve est indispensable dans les emplois gais, et elle est la première qualité qu’on doit exiger des comiques, des soubrettes et des duègnes. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

MM. Coquelin, père et fils. Porte- Saint-Martin. La dame de monsoreau. Atelier Nadar. 1899. Source gallica.bnf.fr / BnF.


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