13 Feb
13Feb

Scène

Absolument spécial au théâtre, ce mot est très élastique et comporte plusieurs acceptions très diverses. 

Tout d’abord, on appelle la scène la partie du théâtre où se produit le jeu des acteurs où se pose la décoration, qui sert enfin à la représentation théâtrale. C’est en ce sens qu’on dit d’une scène qu’elle est vaste, qu’elle est bien machinée, qu’elle est profonde, etc. 

On emploie le mot scène pour caractérisa l’ensemble de la décoration théâtrale. C'est ainsi qu’on dit :  la scène représente un paysage, un palais, un temple, une prison, etc.  La scène chance, dit-on aussi, lorsqu’un changement à vue fait succéder instantanément une décoration à une autre décoration. 

On se sert encore du mot scène pour indiquer le lieu où se passe et où se déroule l’action dramatique. 

Scène se dit aussi des divisions de l’action dramatique qui sont caractérisées par un changement dans le nombre ou la nature des personnages qui se trouvent devant le public. Toutes les fois que s’accuse un changement de ce genre, c’est une scène nouvelle qui commence. 

Enfin, le mot scène s’emploie encore pour caractériser, et, si l’on peut dire, pour symboliser l’art dramatique. On dit ainsi les plaisirs de la scène, les jeux de la scène, pour désigner l'art de la représentation théâtrale ; les maîtres de la scène, pour signaler les grands écrivains dramatiques ; les chefs-d'œuvre de la scène, pour caractériser les poèmes qui font la gloire du théâtre ; la scène française, pour distinguer particulièrement l'art du théâtre en France ; la scène antique pour envisager cet art chez les anciens; les enchanteurs de la scène,  pour désigner les grands comédiens, etc. 

On voit que ce mot scène est tout particulièrement souple, et qu’il se prête à des acceptions très diverses. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Appareil scénique

On doit entendre par appareil scénique, la réunion de tous les éléments matériels qui concourent à la beauté du spectacle, et dont l’emploi intelligent tend à frapper l’imagination du spectateur et à lui donner le sentiment de la réalité des choses qui sont offertes à sa vue. Décors, costumes, accessoires, éclairage, trucs ingénieux, tout, jusqu’au groupement harmonique des masses et à l’habileté de leur mise en mouvement, tout à son rôle dans l’illusion théâtrale et à part la personnalité humaine prise en elle-même et isolément, tout cela fait partie de cette chose insaisissable matériellement, mais dont le sens est très compréhensible, qu’on caractérise sous le nom d’appareil scénique. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

Tirage photographique de l'acte 3, scène 6 de The Whip, Drury Lane Theatre, Londres, 1909. Musée no. S.211-2016. © Victoria and Albert Museum, Londres


Cage de scène

Dans un théâtre à l'italienne, la cage de scène désigne la partie construite face à la salle de spectacle. Elle comporte verticalement trois zones : La scène ou plateau, où évoluent les artistes et où les décors sont plantés. C'est la partie visible par les spectateurs pendant les représentations. Les espaces latéraux sont les coulisses. Les côtés sont nommés « cour » et « jardin » ; Les dessous, plusieurs étages sous le plancher de scène, sont constitués d'une charpente complexe entièrement mobile pour s'adapter à toutes les manœuvres des éléments de décor. En général, la hauteur des dessous est identique à l'ouverture du cadre de scène. Les charpentes constitutives sont en bois ou en métal ; Les cintres (ou le cintre) sont l'espace surplombant la scène au-dessus des décors, il se termine par le gril, un plancher à claire-voie recevant un grand nombre de poulies permettant la circulation des fils de manœuvre rattachés aux décors et équipements d'éclairage. La hauteur des cintres est sensiblement supérieure à celle du cadre de scène. Certains grands théâtres ont deux grils. L'Opéra Garnier à Paris comprend trois grils.

Metropolitan Opera House À l'origine, l'élite de New York se rendait à l'Académie de musique pour assister à l'opéra, mais dans les années 1880, les riches familles new-yorkaises qui avaient été regroupées à l'Académie ont décidé qu'elles voulaient leur propre opéra. L'architecte J. Cleaveland Candy a été embauché pour construire un opéra deux fois plus grand que l'Académie et beaucoup plus luxueux. Immédiatement des boxes privés ont été mis en vente mais en nombre limité. Dès qu'ils ont été mis en vente, 25 des familles de nouveaux riches, telles que Vanderbilt, Goelet, Morgan, Wilson, Gould et Rockefeller, ont acheté des boîtes pour environ 15 000 $ chacune et peu de temps après, de nombreuses autres familles ont suivi. L'auditorium était la plus grande salle de New York et comptait 3 200 places La scène a été conçue pour pouvoir accueillir les centaines d'acteurs qui s'y produisaient, elle faisait 2 étages et était équipée des dernières machines pour aider au bon déroulement de l'acte.


Grill

Treillis métallique placé au-dessus du cintre où sont positionnés toutes les poulies et les câbles qui supportent les perches.

Le grill de la Salle Richelieu de la Comédie-Française en 1900. © P. Lorette.


Plancher de la scène (plancher de scène)

Le plancher d’un théâtre est chose essentiellement mobile. Composé de fragments juxtaposés et reliés entre eux d’une façon toute particulière, divisé en diverses séries régulières de trappes et de trappillons, il pourrait disparaître en quelques minutes et être remis en place dans le même espace de temps. Chacun de ses fragments peut être déplacé et aussitôt remplacé par d’autres fragments tenus en réserve dans les dessous, ce qui a lieu à chaque instant pour le jeu des trucs et des décors. En effet, quand une trappe s’ouvre pour livrer passage soit à un individu, soit à un objet quelconque, soit à une machine qui engloutit dans les dessous dix, vingt, et jusqu’à cent personnes, l’espace resté vide est aussitôt recouvert par une ou plusieurs autres feuilles de parquet, qui viennent rendre au sol de la scène son égalité et son unité. Le plancher s’appuie sur une série de sablières, solides charpentes transversales qui sont, avec les poteaux qui les soutiennent, les seuls points fixes des dessous et les uniques supports des trappes et des trappillons. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Théâtre de la Reine. Versailles, Petit Trianon. France. 1780. Architecture : Richard Mique. L’extérieur du bâtiment, à l'apparence d'une dépendance, contraste avec la décoration sophistiquée de son intérieur, paré de soie et de velours bleus et de sculptures dorées, pourtant tout de faux-semblant. Il est inauguré en 1780, dix ans après l'ouverture du ‘Grand Théâtre’, comme on nomme alors l'Opéra royal du château de Versailles. Théâtre de la Reine. Scène vue du poulailler.


Les Planches

Expression qui sert à symboliser en quelque sorte, dans le langage courant et dans la conversation, le théâtre et certaines particularités du talent d’un comédien. Les planches y cela veut dire le théâtre, ou, plus précisément, la scène ; monter sur les planches, c’est embrasser la profession de comédien ; avoir des planches, être bien sur les planches, se dit d’un acteur qui connaît à fond son métier et qui est ‘sur les planches’ comme chez lui ; enfin, brûler les planches se dit du comédien doué d’une action si vive, si chaleureuse, qu’il semble mettre le feu aux planches de la scène. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Atelier Nadar. Mlle Robin. Opéra. 1899. Source gallica.bnf.fr / BnF


Plateau traditionnel

La scène proprement dite du théâtre (plancher qui va du niveau du rideau d'avant-scène au fond du théâtre)

Plateau traditionnel Dessous de scène : Le construction des ‘dessous de scène machinés’ (avec rues, fausses rues et costières) se fait de plus en plus rare. Cependant, ils existent encore dans de nombreux théâtres et sont parfois remis en service lors de réaménagements d’une scène. Les costières : restent d’un usage très répandu. Elles permettent de planter les mâts mobiles contre lesquels s’appuient les châssis, dans des chariots installés sur le rail au premier dessous. Les trappes : restent utiles et très importantes pour le jeu de scène (installation d’escaliers ou de rampes permettant, dans, une mise en scène, l’évolution des acteurs vers les dessous). Dans les plateaux même non machinés où elles peuvent être installées, il y a toujours intérêt à les établir parallèlement à l’ouverture de scène. Les trapillons : (on écrit aussi ‘trappillons’) recouvrent les fausses rues dans lesquelles la machinerie traditionnelle équipait des silhouettes de décors ou fond sur châssis appelés ‘fermes’, susceptible de rentrer dans les dessous (tandis que les toiles de fond remontaient au cintre). L’utilisation des trapillons est actuellement très rare. La largeur des rues et des fausses rues varie suivant les théâtres. Entre chaque rue on peut trouver également deux ou plusieurs fausses rues (multiplication du nombre des costières qui permettait des plantations plus variés). Le nombre de plans varie avec l’importance des théâtres. De petits théâtres de Province peuvent n’en compter que trois, tandis que l’Opéra de Paris a une dizaine de plans. Dans l’organisation des cintres, on trouve souvent passerelles des service ou herses correspondant aux différents plans du plateau et portant le numéro de ces plans. 

Traité d’Aménagement des salles de spectacles . L’équipement des scènes et des estrades Par Louis Leblanc et Georges Leblanc. 1950


Pulpitum

Le pulpitum était, dans les théâtres antiques, la partie du Proscenium (la scène) la plus rapprochée du spectateur, celle où venaient se placer les acteurs qui dialoguaient ensemble ou qui avaient à débiter un morceau de longue haleine. A part sa forme différente, la pulpite était donc ce que nous appellerions aujourd’hui l’avant-scène. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Servante

C'est une lampe (une ampoule domestique de faible intensité) une ‘baladeuse’ posée sur un pied, placée généralement au milieu du plateau, en devant de scène, qui reste allumée quand le théâtre est plongé dans le noir, déserté entre deux représentations ou répétitions. Régulière, permanente, c’est elle qui veille lorsqu’il n’y a plus personne et assure aux acteurs et aux techniciens, l’éclairage indispensable pour ne pas se heurter aux murs et aux décors. Cette veilleuse est parfois appelée sentinelle et ne manque pas, de par son nom, d’être associée à l’idée de service rendu, de domestique fidèle et dévouée. A mon avis, son origine proviendrait de problématiques de sécurité et surtout dû aux feux de théâtres (très fréquents aux XVIII et XIX e siècle) , feux qui se produisaient souvent après les représentations, restes d’effets pyrotechniques mal éteint, ou dus aussi à des problèmes électriques, (ou actes mal vaillants) et pour cela on laissait dans le théâtre, la nuit après les représentations, un pompier de service (de garde), qui veillait sur scène avec un éclairage minimum, le rideau de fer baissé, afin de pouvoir détecter un éventuellement début d’incendie (plus facile dans la pénombre). Deux références à ce sujet : l’un à l’ouvrage de Georges Moynet (architecte), ‘La machinerie théâtrale’ publié sans date (vers 1893) (A la librairie illustrée), l’autre à l’ouvrage de M.J Moynet, ‘L’envers du théâtre’ publié en 1888 (Librairie Hachette et Cie) et dont voici les extraits : « Voici l’escalier, aux marches revêtues de plaques de fonte, qui donne accès aux étages de loges. Quelques degrés nous amènent à une porte de tôle qui bat en tous sens. Nous sommes sur la scène. La première impression est curieuse. Un silence lourd plane dans ce vaisseau immense, que remplit à d’autres heures l’animation, le bruit, et les chants d’une foule. Le plus souvent, une obscurité profonde jette un voile opaque sur toute choses. Devant le rideau de tôle pleine qui sépare la salle de la scène, une petite lumière éclaire d’une lueur douteuse le pompier de garde, entouré des agrès destinés à éteindre un commencement d’incendie. » « Après avoir traversé un corridor et franchi un escalier peu éclairé, nous entrons dans un grand espace, dont nous ne distinguons pas bien les extrémités à cause de l’obscurité. Une petite lanterne, placée sur une table, jette assez de lumière pour faire jaillir un point brillant sur le casque d’un pompier assis à côté. » La servante est de plus en plus remplacée par un éclairage de service appelé souvent le balayage (éclairage placé dans le gril technique de la salle ou de la scène) qui est plus utilisé pour des raisons pratiques (circuler sans encombre) que de sécurité (surveillance contre un incendie). En anglais, elle est nommée Ghost Lamp, en référence aux fantômes qui hantent le théâtre quand il se vide (notamment le lundi soir, jour de relâche, appelé Ghost Night). Olivier Py, auteur de théâtre français contemporain, a titré une de ses pièces, La Servante, histoire sans fin cycle de 5 pièces et 5 dramaticules d'une durée totale de vingt-quatre heures, hommage métaphorique à cette fragile présence dans le noir vacant de la cage de scène, en attente de vie, présentée en intégrale au Festival d'Avignon 1995 et repris à la Manufacture des Œillets à Ivry en 1996.


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