En 1694, l'Académie française définit la coulisse comme une ‘pièce de décoration que l'on fait avancer et reculer dans les changements de scène’ puis, en 1718, comme la ‘partie du théâtre placée derrière ou à côté de la scène’. Au théâtre, les coulisses (plus rarement la coulisse) sont, à l'origine, des glissières qui permettaient le déplacement des panneaux décoratifs, généralement distribués par paires, de chaque côté de la scène, et qui avaient pour double fonction de dissimuler les dégagements latéraux et d'accentuer l'effet de perspective, Ces panneaux masquant l’entrée des acteurs, on en vint à dire qu'ils venaient de la coulisse. Actuellement, par extension de sens : dégagement dissimulé derrière les panneaux. ‘Séjour de la désillusion’. Celui qui s’y aventure sur le prestige brillant, vu de la salle, y rencontre un amoureux poussif, une ingénue qui consulte le docteur et cherche un parrain, la princesse fait des mots, ou des maux, avec le coiffeur ; le père noble entreprend le lampiste pour une tache d’huile. Pas un visage : du blanc, du bleu, du noir et du carmin en tiennent lieu. Faux chignons, fausses dents, faux mollets, faux ... et l’on s’étonne de la hausse du coton ! Par ordonnance de police, l’entrée des coulisses est interdite au public. C’est bien vu : il ne faut pas que le consommateur entre dans la cuisine.
La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878
Acteurs, décorations, jeu théâtral, comme tout cela est beau, noble, brillant dans son point de vue. Si vous tenez à l'illusion, ne franchissez pas la porte des coulisses. Dans le
sanctuaire, Orosmane a un catarrhe ; Zaïre fait des calembours de compte à demi avec son perruquier ; l’ingénue consulte le docteur, et dit en souriant au directeur, qu’elle aura bientôt besoin d’un parrain. Le père noble boxe avec un lampiste qui a laissé tomber un godet sur son habit à la française ; et de tons les côtés des rouages, des poulies, du plâtrage, des lampions fumeux, des patrouilles de pompiers. Abstenez-vous, sous peine de la perte de vos plaisirs, de la vue anatomique de nos chefs-d’œuvre.
Derrière du paravent où l’on voit le Polichinelle sans culotte, la Colombine sans fard, et les sceptres et les couronnes pêle-mêle avec les masques d’Arlequin et les queues de Jeannot.
Revers en alliage d’une médaille d’or. Friperie où l’on étale tout ce qui est vieux, et bazar où l’on ne vend que du faux.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Les petits mystères de l'Opéra par Albéric Second. Illustrations par Gavarni. 1844. Source gallica.bnf.fr / BnF
Coulisses : Lieu où se réunissent tous les soirs des diplomates, des officiers, des médecins, des journalistes, des auteurs, des libraires, et même des comédiens.
Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.
A travers les coulisses - Melles Gina Pradys et Bardou - Théâtre de l'Abri
Avant les trois coups Chaque année, le théâtre des Variétés monte une revue qui est un des ‘clous’ de la saison. Ce théâtre est un royaume peuplé de jolies petites femmes et d’exellents comédiens. Il est gouverné par un monarque absolu, Samuel 1er, qui arbore, en guise de diadème, un chapeau de paille porte-bonheur, auquel il attribue des vertus miraculeuses. On dit que ce directeur est autoritaire comme Louis XIV et qu’il exige une grande exactitude des princesses de sa Cour. Le Panorama Paris la nuit N° 1. Les coulisses des variétés. Vers 1900 Publié chez Ludovic Baschet
« Ma chère, ma chère ! c’te belle dame de l’avant-scène fait-elle l’œil à ce grand moustache !... elle le mange ma chère, elle le mange !... Ma parole d’honneur ! c’est que ces femmes-là, quand ça s’y met, c’est pis que les autres, ha ! mais ! » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
« Moi, avoir jamais quelque chose avec ce petit journaliste ! …Ah Édouard !... ô non ! je les déteste trop… et faut-il être assez malheureuse pour être obligée de faire la gentille avec des paltoquets comme ça !... Mais ils vous abimeraient, dam ! » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
« Quoi ! jeune vierge du désert, je te soustrais à d’infâmes ravisseurs, je protège les jours, je te sauve l’honneur …et tu m’appelles cornichon ! » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
« (Le Villageois) Qu’aimes-tu mieux de la jambe d’Irina ou de celle d’Anna ? (Le Pirate) J’aime mieux celle de Pamela … » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
« (Le Prince) Que veut cet homme ? (Le Paysan) Justice, mon Prince (bas) et dépêche-toi, j’ai mal aux genoux » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
« (La Princesse, elle pousse un grand cri) Le malheureux ! … s’est brisé la tête sur les rochers au pied de la tour ! (Elle pousse un autre cri) (Le Troubadour) Vas-tu te taire ? » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
« (La Maman) A-t-on vu une petite vilaine comme ça qui s’affiche à Beugler au milieu de mon apothéose. (Le Papa) Si elle a la colique c’t’enfant ! » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
« : (bas) En v’la’t’i des histoires ! ton abomination d’Angélique qui m’abîme auprès d’Achille rapport à toi !... et Achille qui me fait une scène !... mais une scène … juge un peu ! …. : (haut) Celui qui met un frein à la fureur des flots, Sait aussi des méchants arrêter les complots (bas) N’as pas peur » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
« La Princesse : Ha ! je me meurs … (bas) Je meurs de faim ma chérie, et Henri qui m’attend chez Vefour ! Quelle heure est il ? La Suivante – : (bas) minuit, dam. La Princesse : (bas) Nom de nom ! et encore trois tableaux …. Nom de nom ! La Suivante : (haut) A ma pauvre maitresse …. » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
« Gonzales : Versez jeune page, versez à pleins bords le vin doré des Espagnes Le Page (bas) : Tin, tin, tin, tin, v’la le coco, et du soigné, qui ne te tapera pas sur la tête… va toujours ! » Les coulisses - Journal Le Charivari - 1837
L’Illustration – 26 mars 1927 – n° 4386 ‘Un aspect des coulisses aux Folies-Bergère : le rassemblement des figurantes pour un défilé’ Dessin de Léon Fauret
Coulisses d'un théâtre lors de la préparation d'un décor Anonyme , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Robida, Albert (1848-1926). Illustrateur. Les coulisses d'une Féerie. Au Châtelet, pendant le ballet des insectes : [estampe] / [Robida]. 1885. Source gallica.bnf.fr / BnF
Album rouge : Les coulisses de l'Opéra Sem (Georges Goursat, dit) , Dessinateur-lithographe En 1901 19e siècle Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Les coulisses de l'Opéra Anonyme , Graveur Basset, Paul André (Fils) , Editeur 19e siècle Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Les coulisses de l'Opéra de Paris Jean Béraud , Peintre 1889 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
En 1860, un grand magasin de literie est ouvert sur un ancien terrain qui appartenait à l'hôpital des Quinze-Vingt. Le 2 mai 1869, ce magasin ouvre une salle de spectacle sous le nom de ‘Folies Bergère’. Le nom choisi fait référence aux folies, maisons de divertissement au XVIIIe siècle puis salles de spectacle et au nom de la rue Bergère située non loin de la rue Richer. Cela explique l'absence de "s" à Bergère et permet d'avoir un nom comportant 13 lettres par superstition.
Au Chatelet. Les coulisses des pilules du diable, par A. Robida Illustration générale
Au ‘Poter’ des artistes . Mes amis, mes bons amis, ‘Sottinez’, Isabelle, je vous en rappelle, dites-moi la vérité ; il me semble, foi de ‘Serfaguinos’, que j’ai encore engraissé depuis hier ! Regardez-moi de profil …
Le régisseur Autant d’extinctions de voix que de répétitions. S’en console en révant : amendes, … etc.etc.
. Monsieur le directeur, il me manque … . Monsieur, mon costume … . Mon cher directeur, vous m’aviez promis … . Mon directeur, je vous en prie …
La mouche d’or Mis ‘Alinea’ s’exerçant
Le maitre de ballet . Voyons, les coryphées, un peu plus de grâce… comme ça, venez, suivez-moi bien !
Un dernier coup d’œil aux costumes avant la bataille . Monsieur, nous sommes en Espagnoles et l’on a oublié les poignards, ça fera crier !
Une loge Eh houp ! Eh houp ! c’est gentil ces petites ailes, si drôlement placées… . Tu voudrais peut-être les conserver dans la vie privée pour être appelée à …. ? tout le temps ?
Les arlequins
Les Nanas
L’intelligent et infortuné caniche . Allons, caniche, voilà la réplique ! Ne vas pas manquer les entrées, toute la presse est là !! . Pas d’émotion surtout. . Allons, en scène et du chien, songe que peut-être tu vas attraper un engagement à la Comédie-Française !
Pendant l’entr’acte . Drelin ! drelin ! drelin ! .Envoyez-moi une habilleuse ! . Pardon, gare les mollets ! n’abimez pas mes accessoires ! . Tais-toi, cœur de pompier . Confidences. Moi, quand je le vois bien disposé, je lui avoue quelque chose ‘de ne’ pas fait encore ; il me pardonne et ça me fait une avance ! . Allons, là-haut, dans les cintres, attention à la manœuvre ! . Gare là-dessous, gare !... nom d’un ‘combles’ ! . Savez vous si c’est vrai ? on dit qu’on va me faire doubler par Sarah…
. Les Maris et les Dormeuses du ballet naturaliste : . Tu sais, moi, il viendra à toutes les représentations me surveiller ; il trouve que ce costume est inconvenant.
Le Théâtre illustré – 1879 - Une promenade dans les coulisses du Châtelet pendant la représentation de la ‘Vénus noire’ (Dessin de M. Vierge)
1. Le maître de ballet 2. Les Niams-niams et l’avertisseur
Les caresses de la girafe
L’arrivée des chevaux
Le régisseur et les présents du roi Mouza
Le tonnerre
Un refus d’entrer en scène
Un passage difficile
Les danseuses et le dromadaire
La manœuvre du bateau à vapeur
Les coulisses du grand théâtre de Bordeaux./La loge de Clarisse. Inconnu , Dessinateur-lithographe Deplanche, Paul Armand , Imprimeur-lithographe Duclaux , Editeur Madré , Editeur Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Planche détachée (page 5) du journal : "Petit journal pour rire", n° 474.
Le petit chose qu’est si spirituel -Ha ! ma chère, que tu es jolie ainsi ! c’est à ne pas te reconnaître !
Salle de théâtre pendant une représentation, vue depuis la scène. Anonyme , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Coulisses théâtre Annamite / La loge Omnibus
Dominique Séraphin de son vrai nom Dominique–Séraphin est le véritable fondateur en France des ombres chinoises. Après avoir passé sa jeunesse à Longwy ou Metz, il suit une troupe de comédiens et voyage en Allemagne et Italie où il apprend l’art des marionnettes. En 1776 il s’installe à Versailles où il crée un Théâtre d'ombres. Admis plusieurs fois à divertir la famille royale, il obtint pour son théâtre, le 22 avril 1781, le titre de Spectacle des Enfans de France. En 1784, il transporte son établissement au 121 galerie de Valois au Palais-Royal. Ce sont ses neveux qui reprirent le théâtre à sa mort et continuèrent de l’exploiter jusqu’en 1870 après l’avoir transféré Boulevard Montmartre vers 1857.