13 Feb
13Feb

À partir du XVIIe siècle, et sous l'influence de la commedia dell'arte, on désigne sous ce nom, au théâtre, les rôles dont un acteur peut se charger, le genre de personnage stéréotypé qu'il représentera souvent, pour peu qu'il ait « le physique de l'emploi », tout au long de sa carrière. La notion d'emploi s'est révélée utile aussi bien au comédien et au directeur de théâtre qu'à l'auteur et même au spectateur. D'autres fois, c'était une particularité du costume qui servait à caractériser l’emploi ; on avait alors les rôles à baguette (reines d'opéra), les rôles à manteau (premiers rôles et pères de comédie), les rôles à tablier (basses d'opéra-comique, personnifiant d'ordinaire un ouvrer avec un tablier de cuir), les rôles à corset (villageoises d'opéra-comique, qui se jouaient en corset et en jupon), etc. Il arrivait enfin que l'emploi prenait son nom du personnage qui semblait le caractériser dans un grand nombre de pièces où il portait ce même nom ; c'est ainsi qu'on disait les Colins (amoureux d'opéra-comique), les Frontins (valets d'opéra-comique), les Betzis (ingénuités de vaudeville), les Margots (duègnes d'opéra-comique), les Arlequin, Colombine, Isabelle, Léandre, Pantalon, Pierrot, Polichinelle, Scapin, Scaramouche de la commedia dell'arte, Baillis et beaucoup d'autres encore. On remarquera, dans cette énumération, les noms de certains artistes : Trial, Laruette, Mme Dugazon, Mlle Déjazet, dont les noms ont servi de type à l'emploi jadis tenu par eux, ce qui suffit à donner une idée de leur valeur et du talent qu'ils déployaient dans cet emploi. 

Références : Wikipédia / Universalis / Cosmovisions

Mlle Laporte et M. Brunais. Bouffes- Parisiens. Véronique . Atelier Nadar. 1898. Source gallica.bnf.fr / BnF


Catégorie à l’infini de personnages et de rôles ; jadis on disait les Dugazon, les Elleviou, les Philis, les Laruette, les Michaud. Aujourd’hui on dit : les Talma, les Potiers, les Gontier, les Yernet. De tout temps le génie a fait école. Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Mlle Landouzy. Opéra-Comique. Fille de Tabarin. Atelier Nadar. 1901. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Si  l'on  veut  se  faire  une  idée  de  la  complication dans  laquelle  on  tombait  quelquefois  au sujet  de  la  désignation  et  de  la  distinction  des emplois,  on  n'a  qu'à  jeter  les  yeux  sur  le  petit document  que  voici  ;  c'est  le  tableau  de  la troupe  qui  desservait  le  théâtre  de  Nantes  en 1829,  et  qui  était  divisée  en  deux  parties,  l'une comprenant  les  artistes  qui jouaient  la  comédie et  la  tragédie,  l'autre  ceux  qui  jouaient  l'opéra, tous  d'ailleurs  jouant  dans  le  vaudeville,  comme c'était  l’habitude  à  cette  époque . 

Comédie et tragédie : MM. Mainvielle, premier rôle en tout genre. Legrand-Roche, jeunes premier, fort jeunes premiers rôles au besoin dans le vaudeville. Félix, troisièmes amoureux :  seconds rôles analogues à cet emploi dans le vaudeville. Welsch, seconds amoureux et rôles de convenance. Toudouze, les grands raisonneurs, les pères nobles en tout genre, les pères non chantants et rôles de convenance dans le vaudeville. Eysenleuffel, troisièmes rôles, raisonneurs, seconds pères, rôles annexés dans le vaudeville et dans l’opéra. Charles, financiers, manteaux, grimes, paysans ; les Bernard-Léon, les Lepeintre ainé, et autres rôles annexés dans le vaudeville. Régnier, premiers comiques en tout genre et les Poisson, rôles annexés dans le vaudeville. Desonville, seconds comiques et rôles annexés dans le vaudeville. Lefèvre, paysans, seconds pères et grimes.  Tiercelin, vieux Brunet et rôles annexés dans le vaudeville. Gondoin, seconds pères et grimes ; rôles de convenance dans le vaudeville. Palianti, rôle de convention en tout genre. Quenay, S. Valise, Hertel, Utilités. Mmes Legrand-Roche, premiers rôles en tout genre, grandes coquettes. Bury, jeunes premières, ingénuités et rôles annexés à cet emploi, jeunes amoureuses dans le vaudeville. Dantremont, secondes amoureuses. Dépré, cadette, troisièmes amoureuses, secondes au besoin. Lucie, soubrettes en tout genre, comédie, drame et vaudeville. Cocheze.  caractères et mères nobles. Lunkx, mères nobles. Dardenne, utilités.

Mr Potel, de l'Opéra Comique : (en costume de scène, debout, accoudé à un décor). Nadar. 1854-1870. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Accessoire

Au théâtre, tout ce qui ne rentre pas dans la catégorie du décor ni dans celle du costume fait partie des accessoires. Dans cette catégorie, qui regroupe « tout ce qui concourt à l'illusion théâtrale », on retrouve donc non seulement les objets nécessaires à la représentation, mais aussi des personnages, des rôles minuscules, classés au dernier rang des figurants, en dessous des utilités. C'est dans ce groupe que se recrutent les personnes apparaissant dans la distribution, sans qu'elles soient nommées individuellement, ni même que leur nombre soit précisé, ce qui les différencie des utilités. Muet, l'accessoire fait partie de la mise en scène.

Atelier Nadar. Photographe. Z. Bouffar, Christian, etc. Voyage dans la lune. Châtelet. 1877. Source gallica.bnf.fr / BnF


Amoureuse / Amoureux

Personnage qui aime et qui peut aussi être aimé. Les obstacles que ces personnages rencontrent sont des conséquences de l'action principale ou des prétextes à son développement. Selon l'importance des rôles, une gradation peut être précisée par premier, deuxième et troisième amoureux(se). Le « premier amoureux » est généralement appelé « jeune premier » (sous-entendu amoureux), et la « première amoureuse » la « jeune première ». Il s'agit alors de personnages de premier plan. L'emploi de « second(e) amoureux(se) » revient à des personnages moins importants. Dans un certain nombre de pièces, on trouve à la fois un premier et un second amoureux 

Emploi des Amoureuses On peut le remplir jusqu'à ce qu'on retombe en enfance, quand on a pour soi les droits de l’ancienneté. Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.

Théâtre de l'Opéra-Comique. Les Amoureux de Catherine. Lamy, Pierre-Auguste (1827-1880?). Lithographe. Théâtre de l'Opéra-Comique. Les Amoureux de Catherine. Opéra-comique en un acte. Paroles de J. Barbier... : [affiche] / lithographie de A. Lamy. 1876. Source gallica.bnf.fr / BnF


Anges

Les pièces historiques ont tué, même au boulevard, le répertoire sacré ; au bon
vieux temps des Macchabées, du Sacrifice d’Abraham, et du Passage de la Mer rouge,
l’emploi des anges était vivement recherché : tous les enfants au-dessous de sept ans pouvaient entrer dans cette légion aérienne, qui traversait le théâtre au moyen d’un fil de fer attache' sous une aile de carton. J’ai vu dans l’emploi des anges, Elisa Jacops, Adeline, du Gymnase ; Eléonore, de l’Ambigu ; Mme. Vautrin, des Variétés.... C’était avant la révolution de juillet.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835


Baillis

Dans l’ancien répertoire de l’Opéra-Comique, il y a soixante ou quatre- vingt ans, l’action se passait très souvent dans un village, où l’on voyait presque toujours apparaître un vieux bailli, généralement sot, laid et ridicule. Les rôles de ce genre formèrent bientôt une sorte d’emploi qu’on appela emploi des baillis, et qui, en réalité, rentrait dans celui des Laruettes. Cet emploi fut tenu à l’Opéra-Comique par quelques acteurs dont le talent scénique était remarquable, entre autres Rosière, Vizentini et Juliet père. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

Acteur non identifié. "Sainte Russie".1875-1895. Atelier Nadar. Photographe. Source gallica.bnf.fr / BnF


Barbon

Rôle de vieillard ridicule ou odieux, qui oublie son âge ou le redoute et qui désire, légitimement ou pas, une jeune fille malgré les avis contraires. Cet emploi entre dans la catégorie des rôles à manteau, qui comprend aussi les grimes et les financiers. Chez Molière, cet emploi fréquent requiert en général un premier rôle, vu l'importance centrale du personnage

Illustrations : Le théâtre illustré. Ambigu-comique. Les personnages des ‘Mystères de Paris’ par M. Ernest Blum, d’après Eugène Sue, d’après nature, par M. Adrien Marie


Bas-comique

Genre de comique trivial, vulgaire, parfois grossier, qui excite le rire de la foule, mais qui n’est pas empreint d’un goût très pur. Quelques acteurs ont brillé pourtant dans le bas-comique et se sont rendus célèbres en ce genre, entre autres Tiercelin, qui fit naguère la fortune des Variétés, et la fameuse Flore, qui obtint aussi de grands succès à ce théâtre. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

M. Tiercelin, acteur du Théâtre des Variétés. 1800- 1820. Source gallica.bnf.fr / BnF


Caractères (Les)

Classe de rôles qui rentrent dans l’emploi des duègnes. Il y a les duègnes comiques, qu’on appelle parfois caricatures. Mlle Beauval est la première qui, à la Comédie- Française, ait tenu cet emploi, dans les dernières années et après la mort de Molière.  Jusqu'alors le grand homme avait fait jouer les rôles de vieilles femmes par des hommes travestis, principalement par Hubert, qui était un de ses meilleurs comédiens. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Mlle Beauval Entrée dans la Troupe du Roi en 1670 ; sociétaire en 1680 ; retraitée en 1704. À l'époque où elle épouse Beauval, Jeanne Olivier Bourguignon fait partie de la troupe de Flandre qui parcourt les provinces. Molière en fait une soubrette de tout premier plan en lui écrivant le rôle de Nicole (Le Bourgeois gentilhomme), où il utilise à des fins comiques le rire communicatif et la voix stridente de son interprète. De même pour Zerbinette (Les Fourberies de Scapin) et Toinette (Le Malade imaginaire).
À l'Hôtel de Bourgogne, elle crée Œnone dans Phèdre et, conformément à l'usage du temps, joue à la fois les soubrettes et les reines de tragédie. Des nombreux enfants qu'eut le couple Beauval, seule Louise (qui épousa Beaubour) fit une carrière au théâtre.


Casaque 

Casaque (La grande) emploi Costume des anciens valets de la comédie. Hector du ‘Joueur’, Mascarille, de ‘l’Étourdi’, etc., appartiennent à cette classe de rôles comiques joués par les valets, et désignés par le nom de grande casaque. Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités … Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.

Petit. Gaité́. Dix jours au Pyrénées. Atelier Nadar. 1887. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Clairval

Clairval
Les Clairval, ce sont les premiers rôles de l’Opéra-Comique. Clairval rivalisait de ton, de dignité et de tenue avec les premiers acteurs de l'ancienne Comédie française ; aussi
le surnommait-on le Molé de l'Opéra-Comique, créateur des jeunes premiers chantants : Clairval tirait un parti merveilleux d'une voix grêle et glapissante. Il excellait surtout dans les marquis petits-maîtres : personne ne portait mieux que lui l'habit brodé. Huet tient maintenant une grande partie des Clairval. 

Manuel des coulisses ou Guide de l'amateur (1826) J

ean-Baptiste Guignard, dit Clairval, est un chanteur (ténor), comédien et librettiste français né le 7 novembre 1735 à Paris, où il est mort le 26 janvier 179.)

Guyot, Laurent (1756-1808). Graveur. Mr. Clairval. Rôle de Blondel, dans Richard-Cœur de Lion. 1786. Guyot, Laurent (1756-1808). Graveur. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Comique

Cet emploi parle de lui-même, et n'a pas besoin d'être caractérisé. Mais, même s'il se subdivise en « premier comique » et en « second comique », cet emploi ne comprend pas tous les rôles masculins comiques. Les rôles dits marqués, c'est-à-dire représentant des personnages plus ou moins âgés, n'en font pas partie et forment une classe à part, comprenant les financiers, les grimes, les ganaches et les pères nobles.

Nadar (1820-1910). Photographe. Bardou : comédien : assis, avec canne et chapeau: 1854-1870. Source gallica.bnf.fr / BnF


Confidente et Confident

Personnage généralement subalterne de la tragédie, qui a pour rôle d'écouter les confidences des principaux personnages, afin que les spectateurs soient tenus au courant d'une situation qu'ils n'ont pas vue, ou afin qu'ils apprennent les intentions du héros. La présence d'un confident évite les monologues trop longs et les situations fausses où l'acteur donne l'impression de s'adresser directement au public. Selon l'importance du rôle, cet emploi se décline en « confident » et en « grand confident »

Illustrations : Le théâtre illustré. Ambigu-comique. Les personnages des ‘Mystères de Paris’ par M. Ernest Blum, d’après Eugène Sue, d’après nature, par M. Adrien Marie


Confident tragique

Arnal a fait son début, dans la carrière théâtrale, par l’emploi des confidents dans un théâtre de société. Il raconte qu’un jour Manlius, en le regardant, lui rit au nez ; c’est ce qui lui révéla sa vocation. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Lecurieux, Jacques-Joseph (1801-188.). Dessinateur. Le confident, vaudeville de Scribe et Mélesville. 1826. Source gallica.bnf.fr / BnF


Coquette et Grande Coquette

Rôle de femme qui cherche à séduire, pour quelque raison que ce soit, sans aimer en retour.

Illustrations : Le théâtre illustré. Ambigu-comique. Les personnages des ‘Mystères de Paris’ par M. Ernest Blum, d’après Eugène Sue, d’après nature, par M. Adrien Marie


Duègne

Rôle de vieille femme. Le rôle, comme le nom, vient du théâtre espagnol, de dueña (propriétaire). Il s'agissait à l'origine de gouvernantes de bonne maison, dont les auteurs exagéraient le côté comique. Dans le répertoire français, il s'agit de vieilles femmes ou de vieilles filles ridicules. À la période classique, jusqu'à la mort de Molière, cet emploi était tenu par des hommes. Les duègnes comiques sont appelées parfois des « caricatures » ou des « thierrets », du nom de Félicia Thierret. 


C’est l’anneau qui joint la chaîne de la génération théâtrale passée à la génération théâtrale présente. La tête d'une duègne est un dépôt des archives de galanterie et d’anecdotes d’avant-scène pendant un demi-siècle. C’est un bureau de renseignements où l’on trouve l’art de vérifier les dates en amour. J’ai connu une Duègne qui avait la liste de tous les soupirants de coulisses. Elle savait le chiffre approximatif de la somme mise en circulation pour les soupirs ; elle avait calculé que le ballet de l’Opéra consommait plus de douze mille bouteilles de champagne par mois, et que les amoureuses de l’Ambigu absorbaient par année plus de dix-neuf cents aunes de pâte ferme, et dix mille boisseaux de marrons. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

M. Riga. Folies-Dramatiques. Jean Mayeux. Atelier Nadar. 1892. Source gallica.bnf.fr / BnF


Emplois marqués

On donne cette qualification aux emplois qui comprennent des rôles de vieillards ou de personnages d’un certain âge, dont la figure, les traits, doivent être accentués, marqués par les rides. Ces emplois sont, pour les femmes, les duègnes, caractères et mères nobles :  pour les hommes, les grimes, financiers, pères nobles, pères dindons, ganaches, premiers rôles marqués et comiques marqués. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Atelier Nadar. M. Dacheux. (Gaîté). "Pays de l'or". 1892. Source gallica.bnf.fr / BnF


Façonnière

Rôle d'une femme prude et précieuse, « femme qui fait des façons ».

Atelier Nadar. Photographe. [Portrait d'actrice non identifiée].1875- 1895. Source gallica.bnf.fr / BnF


Fée

Premier rôle d’un enfant de troupe dramatique. Une fée de la taille de deux tiers de
mètre et quelques millimètres, soit lutin couleur de rose, ange bleu, sylphe noir avec brodequin , cothurne ou soulier en paillettes ; soit qu’elle porte torche lumineuse ou baguette divinatoire , soit qu’elle descende du ciel sur les ailes d’un dragon, ou qu’elle arrive de l’autre monde sur la queue d’une écrevisse ; une fée enfin , suivant les proportions exigibles dans l’opéra , le mélodrame , ou le vaudeville, est portée sur le budget théâtral aux appointements de 7 fr. 5o c. par mois. Une fée qui se brise un membre ou est tuée sur place se paie à la famille de 60 à 100 fr. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Atelier Nadar. Photographe. Mlle Gilberte. Folies-Dramatiques. Patard, Patard et Cie : photographie, tirage de démonstration / Atelier Nadar. 1893. Source gallica.bnf.fr / BnF


Figurant

Le figurant est un être intermédiaire entre le théâtre et la boutique, entre l'artiste et l'artisan. Il est artisan le matin et artiste le soir ; il exerce, tant que le jour dure, quelques banales fonctions mais dès que le quinquet dramatique s'allume, dès que le gaz s'empare de Paris, il court au théâtre', et sa journée se couronne de poésie, s'éteint joyeusement dans les danses et les chansons ; on compte à Paris un millier de ces abbés - Pellegrin qui dînent de l'aiguille et soupent du théâtre. 

L'indiscret. Souvenir des coulisses. Paris. Au bureau des éditeurs.1836.

Impressions de voyage. Souvenirs du théâtre royal de Coutances. Monnier, Henry Bonaventure , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Financier

À l'origine, c'est un rôle compris entre les pères nobles et les grimes. Il n'est pas tenu à la dignité des premiers, et ne tombe pas dans le bas comique et la caricature des seconds. C'est un rôle où il faut montrer une bonhomie vive et gaie, pleine de franchise et de rondeur. 

Cet emploi appartient à la catégorie des rôles « à manteau ».


Emploi de comédie, qui dans l’origine tira son nom de la qualité du personnage représenté, et qui comprend une certaine classe de rôles marqués, tenant le milieu entre les pères nobles et les grimes. Les financiers ne sont pas tenus à la dignité des premiers, et ils ne tombent jamais comme les seconds dans le bas comique et la caricature. Dans le grand répertoire, ou comprenait jadis dans l’emploi des financiers un certain nombre de rôles à manteau ; d’autres prenaient la qualification assez originale de ventres dorés, parce que, presque toujours, le fond de la veste brodée de leur riche costume était de drap d’or. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

Atelier Nadar. Photographe. Kelm (chansonnier, acteur). 1900. Source gallica.bnf.fr / BnF


Ganache / Grime 

Les grimes forment une classe de rôles masculins ridicules, et tombant souvent dans la charge et dans la caricature. Dans les troupes peu nombreuses, les grimes et les financiers sont souvent confondus en un seul emploi, confié à un seul et même artiste.  Ce nom de grimes vient de ceci, que, le personnage représentant toujours un vieillard, l’artiste qui le personnifie est obligé de se grimer. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

Illustrations : Le théâtre illustré. Ambigu-comique. Les personnages des ‘Mystères de Paris’ par M. Ernest Blum, d’après Eugène Sue, d’après nature, par M. Adrien Marie

Rôle de vieillard, tombant souvent dans la charge et la caricature. Il exige que l'acteur se donne une apparence cassée, des rides et des cheveux blancs ; en un mot qu'il se grime, d'où le nom. À la différence du barbon, le grime ne convoite pas une jeune fille. Le ganache, qui entre dans l'emploi des grimes, est un vieillard ridicule et burlesque. Le comique, cruel, vient de l'aspect décrépit ou des idées ridicules du personnage.


Ganaches - Pères dindons

Ganaches

Elles abondent au théâtre comme à la ville ; elles n'y sont guère plus respectées. Plastrons de toutes les plaisanteries, victimes obligées des amoureux et des valets, jouets des pupilles et des soubrettes, ces pauvres ganaches sont immolées chaque soir, à la grande satisfaction du parterre. Les ganaches sont un emploi que se sont disputés, au Vaudeville, Ducheaume et Chapelle, et que Lacave a joué longtemps sans partage à la Comédie-Française.
Des journalistes, peu délicats sur le choix de leurs expressions, donnent aux mauvais acteurs le titre de ganache, qui n'est pas poli. 

Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.

Le petit Faust, opérette-bouffe de Crémieux, Jaime et Hervé. 1882. Source gallica.bnf.fr / BnF


Pères dindons 

Classe de rôles d'hommes vieux et ridicules, auxquels on donne aussi la dénomination de ganaches et qui rentrent dans l'emploi des grimes. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Les p'tites Michu, opérette d'Albert Vanloo, Georges Duval, André Messager Illustration de presse. 1897. Source gallica.bnf.fr / BnF


Ingénue ou ingénuité

L'ingénue ou l'ingénuité est une amoureuse, dont le cœur s'ouvre à peine aux émotions et aux accents de la passion, et qui conserve la candeur et l'innocence la plus pure.


Emploi qui disparaît du vocabulaire théâtral, parce que le type disparaît de nos mœurs scéniques. Prenez le répertoire du jour ; l’ingénuité n’est plus sur scène ; elle a passé dans
la salle. Le marchand de bonnets de la rue Saint Denis est plus pudibond que le personnage le
plus timide de la comédie contemporaine. Les pauvres ingénues en verraient de belles, si leur
règne existait encore ; des orgies de sacristie, des saturnales de boudoir, des papes-femmes, des arlequins, des cosaques et des reines, buvant, chantant, trinquant pêle-mêle ; l’inceste en vaudeville, le viol en tableau de genre, l’impuissance conjugale en comédie historique : voilà le résumé de nos richesses littéraires. Bon Dieu, que viendraient faire les ingénues dans une telle galère. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Atelier Nadar. Photographe. [Luce. Bouffes]. 1870-1890. Source gallica.bnf.fr / BnF


Ingénuités L’un des emplois de femme les plus charmants qui soient au théâtre. Suffisamment caractérisé par son nom, il appelle seulement cette remarque que l’ingénuité est une toute jeune amoureuse, dont le cœur s’ouvre à peine aux émotions et aux accents de la passion, et qui conserve la candeur et l’innocence la plus pure. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.


Jeune première et Jeune premier

À l'origine, « jeune premier » et « jeune première » désignaient les jeunes « premiers amoureux » et jeunes « premières amoureuses », l'adjectif « jeune » s'appliquant bien sûr à l'âge du personnage, et non à celui de l'acteur ou de l'actrice.


On appelle jeunes premiers l’emploi des premiers amoureux. En raison de leur âge, ou de leur caractère, ou de leur importance, qui les fait confiner aux premiers rôles, on donne parfois à quelques-uns de ces rôles la qualification de forts jeunes premiers.  Une nuance encore s’applique à certains rôles de cet emploi, auxquels on donne la qualification de jeunes premiers rôles, comme exigeant de la part de l’acteur plus de consistance et d’autorité. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

Atelier Nadar. Photographe.Me Samé et M. Gauthier. Folies- Dramatiques. Cliquette : photographie, tirage de démonstration / Atelier Nadar. 1893. Source gallica.bnf.fr / BnF


Mère noble

Rôle de femme âgée et de condition élevée, sérieuse et digne.

Illustrations : Le théâtre illustré. Ambigu-comique. Les personnages des ‘Mystères de Paris’ par M. Ernest Blum, d’après Eugène Sue, d’après nature, par M. Adrien Marie


Mères nobles Classe de rôles marqués qui appartient à l’emploi des duègnes et des caractères.  Les mères nobles sont des rôles de tenue, d’un genre sérieux et digne. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

Atelier Nadar. Me Pylar-Morin, Paul Franck "Fête à Séville". 1875-1895. Source gallica.bnf.fr / BnF


Notable

Il n’y a pas un mélodrame monté avec soin, où les notables d’une ville ne viennent faire leurs soumissions au prince qui combat où qui voyage. MM. les notables oublient souvent de se laver les mains pour cette solennité ; s’il arrive même que l’un des membres de la députation ait besoin d’un mouchoir, il se retourne, place son nez entre l’index et le doigt major, et attend que le rideau baisse pour terminer son opération sternutatoire. Nous pourrions dire où
nous avons été témoins de ce singulier jeu de scène, mais je me tais par respect pour le corps de MM. les notables : après cela, j’espère, n’arrivera plus.
Notaire.
Approchez, M. le notaire  

Voici les parents, les époux.
Ce refrain est le résumé de l’avant-dernière scène de tous les vaudevilles joués depuis 1792, depuis l’époque de la naissance de l’enfant malin jusqu’à ce jour inclusivement. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Atelier Nadar. Photographe. Scipion.Gaîté. Tartarin sur les Alpes.1888. Source gallica.bnf.fr / BnF


Paysan

Rôle subalterne, à accents ou à patois, incarnant un homme simple, crédule, plein de bons sentiments, qui se laisse généralement berner, mais qui est parfois capable de rouerie, se rapprochant alors du rôle du valet. Tout dépend là encore de l'importance du rôle : Sganarelle du Médecin malgré lui est un paysan, mais son emploi est celui d'un premier rôle.

Illustrations : Le théâtre illustré. Ambigu-comique. Les personnages des ‘Mystères de Paris’ par M. Ernest Blum, d’après Eugène Sue, d’après nature, par M. Adrien Marie


Père noble 

Rôle secondaire d'homme mûr qui, sans exclure le comique, requiert de la gravité, de l'onction, un maintien noble, une belle prestance et un ton qui inspire le respect.

M. Magnaud. Président du tribunal de Château-Thierry. 1890-1904. Atelier Nadar. Photographe. Source gallica.bnf.fr / BnF

Emploi de comédie, dont le caractère est déterminé par son nom. Les Pères nobles sont des rôles marqués qui, sans exclure le comique, exigent de la dignité et du maintien. Comme le burlesque trouve place en toutes choses, il arriva ceci, à l’époque de la Révolution, que la qualification de pères nobles étant considérée comme séditieuse, on donna pendant un certain temps à cet emploi celle de ‘pères sérieux,’ qui d’ailleurs était parfaitement acceptable. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

M. Landrin. Gaîté. Panurge 1895. Atelier Nadar. Source gallica.bnf.fr / BnF


Père Noble Emploi de comédie qui exige de la taille, de l'onction et de la gravité. Baptiste aîné, auquel on ne saurait contester surtout la première et la dernière de ces qualités, joue, à la Comédie-Française, l'emploi des pères nobles, que Lafargue remplit à l'Odéon avec un talent plus recommandable encore qu'il n'est apprécié 

Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités … Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.

M. F. Achard. Vaudeville. ‘La famille Pont-Biquet’. Atelier Nadar. 1892. Source gallica.bnf.fr / BnF


Porteur de soupe

Petit rôle de domestique, de valet, de garde, tous les personnages sans importance

Atelier Nadar. Photographe. M. Rocher. 1875-1895. Source gallica.bnf.fr / BnF


Premier rôle

Classe de rôles d’une extrême importance, qui forment un double emploi, pour les hommes et pour les femmes, et qui exigent de ceux qui sont appelés à remplir cet emploi, avec les qualités du comédien proprement dit, l’étoffe, l’ampleur et l'autorité. Les premiers rôles sont d’un caractère sérieux, souvent dramatiques, parfois très pathétiques, et ne peuvent être tenus que par un artiste exercé, instruit par l’expérience, et brisé à toutes les difficultés de son art. Il y a aussi ce qu’on appelle les ‘grands premiers rôles,’ qui exigent plus de force encore et plus de puissance que les précédents. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Atelier Nadar. Photographe. M. Gauthier. Vaudeville. La belle Hélène. 1896. Source gallica.bnf.fr / BnF


Princesse

Au beau temps de la tragédie, les princesses formaient un double emploi de rôles féminins, les jeunes princesses et les grandes princesses, qui aujourd’hui rentrent respectivement dans ceux de jeunes premières et de jeunes premiers rôles. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Atelier Nadar. Me Burty.1875-1895. Source gallica.bnf.fr / BnF


Princesse et Roi

Le roi de tragédie se doit d'être solennel, grave, de posséder une voix tonnante, le geste sobre et majestueux. Dans L'Impromptu de Versailles, Molière se moque de l'apparence physique communément réservée à cet emploi : « Qui ? Ce jeune homme bien fait ? Vous moquez-vous ? Il faut un roi qui soit gros et gras comme quatre ; un roi, morbleu ! qui soit entripaillé comme il faut ; un roi d'une vaste circonférence, et qui puisse remplir un trône de belle manière. » Les princesses se subdivisent en « jeunes princesses », équivalent aux « jeunes premières », et en « grandes princesses », assimilées ensuite aux « jeunes premiers rôles ».

A. Reine.1875-1895. Atelier Nadar. Photographe. Source gallica.bnf.fr / BnF


Christian.1900. Atelier Nadar. Photographe. Source gallica.bnf.fr / BnF


Queue-rouge

On désignait ainsi naguère une certaine catégorie de rôles comiques, qui tenaient cette dénomination de la couleur adoptée pour le ruban qui formait la queue de la perruque portée par le personnage. Les queues-rouges étaient des comiques jeunes, naïfs jusqu’à la niaiserie, tels que les fameux Jocrisses qui commencèrent la réputation de Brunet et certains rôles qui, dans les mélodrames du boulevard, avaient pour mission d’amener un peu de gaieté dans une action sombre et volontairement poussée au noir le plus ténébreux. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Homme chargé des rôles de niais dans l’argot, des coulisses signifie aussi homme qui se fait le bouffon des autres, sans être payé par eux

Dictionnaire de la langue verte. Nouvelle édition. Alfred Delvau Supplément par Gustave Fustier. Paris 1883


Raisonneur

Personnage sérieux, parfois austère, qui discute et qui fait de la morale. Dans le théâtre de Molière, où on le rencontre souvent, il représente le bon sens, tentant de ramener à la raison le personnage extravagant. L'acteur doit avoir un air posé, beaucoup de correction et de dignité, et posséder « un ton de voix naturel et gesticuler le moins possible ». Cet emploi entre dans la catégorie des troisièmes rôles.

Atelier Nadar. Photographe. M. Dacheux. 1875-1895. Source gallica.bnf.fr / BnF


Raisonneurs C’est ainsi que l’on désignait jadis un emploi qui rentrerait aujourd’hui dans la catégorie des troisièmes rôles, et que son appellation caractérise suffisamment. Les raisonneurs sont des rôles d’un caractère sérieux, parfois austère, qui exigent beaucoup de correction, de tenue et de dignité. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Atelier Nadar. M. Albert Lambert. Comédie- Française. Hernani. 1890-1903. Source gallica.bnf.fr / BnF


Rôle à corset 

Cet emploi, propre à l'opéra-comique, est un rôle de paysanne amoureuse et naïve. Il est désigné ainsi parce qu'il se joue en jupon et en corset.

Atelier Nadar. Photographe. Decroza et Deckernel [i.e. Dekernel. Folies-Dramatiques]. L'oeuf rouge : [photographie, tirage de démonstration] / [Atelier Nadar]. 1890. Source gallica.bnf.fr / BnF


Rôles à corset : Les rôles à corset, que l’on appela plus tard Dugazons-corset, du nom de l’artiste qui les rendit fameux, étaient des rôles de jeunes paysannes amoureuses et naïves. On les désignait sous ce nom assez singulier, parce qu’ils se jouaient en jupon et en corset. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Atelier Nadar.Mlle de Craponne. (Dugazon). "Carmen. 1875-1895. Source gallica.bnf.fr / BnF


Rôle à livrée

Cette dénomination vient autant du costume porté par l'acteur que du caractère des personnages représentés. Dans cette catégorie, on rangeait toute une classe de rôles appartenant à l'emploi des comiques. Elle se divisait en « petite livrée » et « grande livrée ». 

Dans le répertoire classique, la « grande livrée » formait la partie la plus importante de l'emploi des premiers comiques. Aussi brillant que difficile, cet emploi était le but de toutes les ambitions des artistes doués sous ce rapport. « Revêtir la grande livrée », c'était prendre possession des premiers grands rôles comiques. Il exigeait de l'intelligence, une grande souplesse de jeu et de physionomie, du mordant, de la vivacité, et, parfois même, de la profondeur. 

La « petite livrée » entrait dans l'emploi des seconds comiques.

Atelier Nadar. Photographe. M. Dacheux. (Folies-Dramatiques). Cousin-Cousine.1893. Source gallica.bnf.fr / BnF


Rôle à manteau

On désigne par ce terme toute une classe de rôles masculins, comprenant des personnages d'un certain âge et exigeant une certaine représentation, qu'ils soient comiques ou sérieux. Cette appellation, qui recouvre les emplois de premier comique, de financier, de grime et de barbon, vient du manteau qui les caractérisait à l'origine. Voir les descriptions de ces emplois.

Illustrations : Le théâtre illustré. Ambigu-comique. Les personnages des ‘Mystères de Paris’ par M. Ernest Blum, d’après Eugène Sue, d’après nature, par M. Adrien Marie


Rôles à manteau On désignait ainsi, jadis, toute une classe de rôles masculins comprenant des personnages d’un certain âge et exigeant une certaine représentation, qu’ils fussent d’ailleurs comiques ou sérieux. Ces rôles rentreraient aujourd’hui dans diverses catégories, car il en est qui tiennent soit des premiers rôles marqués, soit des premiers comiques marqués, soit des financiers, soit des grimes. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Rôle à tablier

On désignait autrefois sous ce nom, et aussi sous celui de basses-tablier, certains rôles d’homme dans l'opéra-comique, parce que, dans l’origine, ils représentaient des personnages pris dans la classe populaire, des ouvriers soit maçons, soit serruriers, soit cordonniers, et qu’ils étaient caractérisés, au point de vue du costume, par un grand tablier de cuir, emblème de la profession. Ces rôles seraient désignés aujourd’hui sous le nom de basses d’opéra-comique 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Atelier Nadar. M. Landrin. (Gaîté. Bicyclistes en voyage). 1893. Source gallica.bnf.fr / BnF


Rôle de complaisance

Ceci n’est pas un emploi, et le rôle de complaisance, au contraire, est ainsi qualifié parce qu’il est en dehors de l’emploi de l’artiste qui est appelé à le remplir. Ce n'est qu'en province qu'on le sert de cette expression-là, où parfois les troupes sont peu nombreuses, et où les emplois ne sont pas doublés et triplés comme à Paris, il arrive souvent qu'un directeur est embarrassé pour distribuer les rôles d'une pièce nouvelle, et qu'il est obligé d'avoir recours à la complaisance d'un acteur pour le prier de représenter un personnage qui ne rentre pas dans son genre, dans ses attributions. Mais pour que cette complaisance ne puisse lui être refusée et devienne obligatoire chaque directeur inscrit dans ses engagements une clause par laquelle chacun de ses artistes est tenu de lui jouer, dans le cours de l’année, tant de rôles de complaisance. C’est le tour de la carte forcée appliqué au théâtre. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

M. Yakko. Comédien japonais.1890- 1900. Atelier Nadar. Source gallica.bnf.fr / BnF


Rôles travestis

Ce sont des rôles qui représentent des personnages d’hommes joués par des femmes, ou des personnages de femmes joués par des hommes.  Dans le premier cas, il arrive qu’un auteur ayant à mettre en scène un adolescent, presque un enfant, le fait jouer par une femme pour lui donner plus de grâce et de naturel. Enfin, certaines comédiennes se sont montrées si alertes, si vives, si originales sous des habits d’homme, si désireuses d’ailleurs de remplir des rôles masculins, qui se prêtaient merveilleuse- ment à la nature de leur talent, que les auteurs, se prêtant à leur fantaisie, se sont empressés d’écrire pour elles une foule de rôles travestis, qu’elles jouaient dans la perfection. Aujourd’hui, dans le répertoire moderne, on ne travestit plus guère un homme que lorsqu’on veut obtenir un effet grotesque et ridicule.  Encore n'emploie-t-on ce moyen qu’avec la plus grande discrétion, le raffinement de notre goût le supportant malaisément. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Atelier Nadar. Mme de Breuil. 1875-1895. Source gallica.bnf.fr / BnF


Portrait d'Augustin Alexandre, (Augustin Guillemet, dit), (1814-1904), (acteur) Anonyme , Photographe. En 1861. Musée Carnavalet, Histoire de Paris.


Rôles à tiroirs

C’est ainsi que l’on qualifie certains rôles écrits spécialement en vue d’un artiste, pour montrer la souplesse de son talent en le faisant paraître successivement sous divers costumes et en lui donnant plusieurs caractères différents. Les rôles à tiroirs reçoivent aussi l’appellation plus compréhensible de rôles à travestissements, qu’il ne faut pas confondre avec les rôles travestis. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Lydie Borel. 1900. Atelier Nadar. Source gallica.bnf.fr / BnF


Sauvage

Les sauvages ont disparu depuis quelques années des coulisses. Soit dit, sans aucune allusion, c’est à peine si, dans le nouveau répertoire nous trouvons quelques-uns de ces êtres armés de massues et de flèches qui entendaient parfaitement le langage européen quand le navigateur disait en abordant : Nous bons blancs pas faire du mal à toi sauvage et l’homme de la nature répondait : Alors sauvage donner coucher et coco à toi. Comme on le voit par les traditions théâtrales, il n’est pas si difficile qu’on le croit de trouver la langue.

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

MM. Mesmaecker et Dacheux. Folies-Dramatiques. Miss Robinson. 1892. Atelier Nadar. Source gallica.bnf.fr / BnF


Second rôle

Selon Arthur Pougin, les seconds rôles forment une catégorie assez mal définie, ne constituant pas un emploi distinct et déterminé. « On les qualifie de "rôles de convenance", faute d'une appellation meilleure et plus précise. Ce sont généralement des rôles sérieux, qui exigent de la tenue et une certaine autorité. » C'est un des rares emplois conservés de nos jours. Mais il reste général et peu précis, désignant essentiellement l'importance du rôle, sans en indiquer le contenu.

Illustrations : Le théâtre illustré. Ambigu-comique. Les personnages des ‘Mystères de Paris’ par M. Ernest Blum, d’après Eugène Sue, d’après nature, par M. Adrien Marie


Seconds rôles Catégorie de rôles féminins, assez mal définis, qui ne forment pas un emploi distinct et déterminé, et qui semblent être ceux que l’on qualifie aussi de ‘rôles de convenance,’ faute d’une appellation meilleure et plus précise. Ce sont généralement des rôles sérieux, qui exigent de la tenue et une certaine autorité. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Soubrette et Servante

La soubrette est un rôle de femme jeune et comique.

Soubrette : Impertinente, bavarde, effrontée comme une cuisinière qui ne reçoit pas exactement ses gages ; ce type d’une classe servile, portrait de fantaisie plus que copie véritable, est dans la comédie moderne relégué à l’antichambre, d’où les auteurs du grand siècle l’avaient maladroitement tiré. Aujourd’hui Lisette, Marton et Javotte connaissent les secrets du ménage quand elles les devinent, mais la bourgeoise, non plus que la boutiquière ou la marquise, ne consultent leurs domestiques sur leurs affaires, à moins que ce ne soit pour expliquer un rêve ou pour mettre un numéro à la loterie.

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Illustrations : Le théâtre illustré. Ambigu-comique. Les personnages des ‘Mystères de Paris’ par M. Ernest Blum, d’après Eugène Sue, d’après nature, par M. Adrien Marie


Soubrette Marinette

Personnage de soubrette vive et délurée, qui était l’un des caractères de l’ancienne comédie italienne, mais moins traditionnel que Colombine et souvent primé par elle.  Ce rôle fut tenu en France par deux artistes qui semblent n’avoir point manqué de talent, mais dont la première paraît avoir été supérieure à la seconde : c’était la femme de Tiberio Fiorilli, le fameux Scaramouche favori de Louis XIV, qui, s’il faut en croire la légende, avait été d’abord blanchisseuse à Naples. L’autre Marinette, qui s’appelait Angelica Toscane, était la femme de Giuseppe Tortoriti, acteur fort habile qui jouait le rôle de Pascariel, et débuta avec son mari en 1§85 à Paris, où elle resta, ainsi que lui, jusqu’en 1697, époque où les comédiens italiens furent renvoyés dans leur pays.  On sait avec quel bonheur Molière introduisit dans son Dépit amoureux le personnage de Marinette, qui est l’une de ses soubrettes les plus originales et les plus accomplies. La Fontaine en a introduit le type aussi dans sa comédie satirique Le Florentin.

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

Atelier Nadar. Mlle Laporte et M. Regnard. Bouffes- Parisiens. Véronique. 1898. Source gallica.bnf.fr / BnF


Suivante

C’est le nom qu’on donnait parfois jadis, soit aux confidentes dans la tragédie, soit aux soubrettes dans la comédie. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Leriche et Raiser. Source gallica.bnf.fr / BnF


Sujet

Expression qu’on n’emploie guère qu’en l’accompagnant de l’épithète : ‘premier’ pour caractériser un ou plusieurs artistes d’un talent hors de pair et tenant une place importante dans un théâtre. C’est ainsi qu’on dira, d’une pièce jouée par les comédiens les plus renommés d’un théâtre : ‘Elle est jouée par les premiers sujets.’ Parfois aussi, on dira d’un acteur aimé du public, ou que la souplesse de son talent permet d’employer dans des genres différents :  ‘C’est un sujet précieux pour un directeur.’ A l’Opéra, on appelle ‘sujets de la danse’ les danseurs et danseuses qui exécutent des pas seuls, qui sont en dehors des cadres du corps de ballet.

 Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Nos troupiers en Orient. Premiers sujets de la troupe du théâtre d'Inkermann. Vernier, Charles , Dessinateur-lithographe. Destouches, Pierre Louis Hippolyte , Imprimeur-lithographe. Martinet (imprimeur-libraire) , Editeur. En 1855. Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Traître

C’était l’emploi le plus recherché dans l’ancien répertoire du mélodrame. Ses frais de mémoire se résumaient à-peu-près en ce mot : dissimulons ; des bottes jaunes étaient toujours l’indice d’une âme noire. Le traître devait être exercé à tous les exercices du corps et à tous les arts d’agrément : il devait chanter, danser, tirer l’épée et pincer de la guitare. Convié aux fêtes, il souriait de l’œil gauche en tâtant de la main droite la pointe de son poignard ; s’il acceptait une tasse de thé, c’était pour rendre un vase d’arsenic. Defrêne, est le traitre qui a été le plus renommé pour l’exactitude de ses coups de poignards. Il a égorgé deux cent soixante-seize fois dans un an la malheureuse Adèle Dupuis.

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Jean Périer. Opéra-Comique. La vie de bohème. Atelier Nadar. 1901-1902. Source gallica.bnf.fr / BnF


Troisième rôle

Selon Arthur Pougin, les troisièmes rôles forment un emploi masculin difficile, qui réclame beaucoup d'habileté de la part du comédien, qui doit sauver le côté odieux du personnage. Ces rôles regroupent en effet les « traîtres » des mélodrames, et les « tyrans » des drames. « Les bâtards enragés, les impitoyables usuriers, les assassins philosophes, les amants convulsionnaires, les tyrans philanthropes, les bourreaux humanitaires, les méphistophéliques génies méconnus ou incompris, […] voilà les personnages, que [l'acteur] doit caractériser. » Il va alors passer son temps à outrager la morale, à transgresser les lois, à faire des faux témoignages, à dérober des papiers de famille, à persécuter l'innocence, à martyriser la vertu, à tramer des complots odieux, à endosser enfin toutes les astucieuses et lugubres turpitudes des mélos galvaniques et démoniaques.

Agence Rol. Agence photographique (commanditaire). Mme Eleanor Wilson, fille du président, dans le rôle d'Arvia dans le "Sanctuaire" de Mr Percy Mackaye [deux comédiens en costume de théatre].1914. Source gallica.bnf.fr / BnF


Troisième rôle Classe de rôles masculins qui forment un emploi difficile, souvent ingrat et qui réclame beaucoup d’habileté de la part du comédien, celui-ci devant sauver le côté odieux du personnage qu’il est appelé à représenter, et, tout en en accentuant fortement le caractère général, glisser plutôt qu’appuyer sur certains détails qui parfois feraient cabrer le spectateur.  Ces rôles, en effet, sont caractérisés par la seconde appellation de traîtres qu’on leur donne souvent, et, dans le drame et dans le mélodrame, où on les nomme aussi tyrans, ils acquièrent une grande importance. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Tyran

Avec les traîtres de mélodrame les tyrans ont aussi été frappés de réprobation. La mode a répudié ces personnages qui ont fait frémir le Marais pendant trois générations. Le règne des despotes n’est plus possible sur aucune scène. Le parterre a chanté :
Tyrans descendez au cercueil. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Atelier Nadar. Photographe. M. Landrin. [Gaîté. Panurge]. 1895. Source gallica.bnf.fr / BnF


Utilité

Rôle tout à fait subalterne. C'est le premier rang des figurants. On distingue pourtant parfois entre « utilité » et « petite utilité », selon le peu qu'il y a à faire. Ces personnes ont pour rôle d'approcher un fauteuil ou un guéridon, parfois de dire une phrase ou d'annoncer un visiteur. 

Grande utilité ; jouer les utilités ; faire les utilités Petit rôle au théâtre, de domestique, de valet, de garde, tous les personnages sans importance, petit rôle avec responsabilité dans l'action, acteur qui les joue, figurant ; compléter un quadrille


Quand l’utilité n’est pas tout-à-fait inutile, homme ou femme, on la charge des annonces , elle approche au besoin les fauteuils ; ses frais de mémoire se réduisent à ceci :
C’est une lettre, qu’entre vos propres mains ou m’a dit de remettre.
Le souffleur devra veiller à ce que l’utilité ne traduise pas ainsi la phrase :
C’est une remettre ,qu’entre vos propres mains on m’a dit de vous lettre. Chez Doyen cela s’est entendu. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835 

Atelier Nadar. Photographe. Actrice non identifiée. Théatre Historique. "Sainte Russie".1875-1895. Source gallica.bnf.fr / BnF


Utilités Les rôles rentrant dans la catégorie des utilités formeraient plutôt une sorte de fonction dramatique qu’ils ne constituent un emploi véritable. Un emploi, en effet, comprend un ensemble de rôles caractéristiques, tandis que les utilités se composent de rôles de tout genre et de peu d’importance, presque accessoires, qui peuvent être joués par le premier venu ayant seulement une certaine connaissance de la scène. Quoi qu’il en soit, l’emploi des utilités, qui revient à un acteur mâle, n’est connu qu’en province ; les troupes lyriques ne le connaissent point, ou plutôt ici il prend le nom de coryphées. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Valet

Cet emploi appartient à la catégorie plus générale des « rôles à livrée » L'emploi de valet, compte tenu de l'importance et du caractère particulier du rôle, réclame des comédiens expérimentés et rompus à leur métier.

Atelier Nadar. Photographe. Mes Ducouret et Mignot, M. Dacheux. [Gaîté. Le petit Poucet] 1890. Source gallica.bnf.fr / BnF


Valets L’emploi des valets, qui formait une grande partie de celui qu’on appelle aujourd’hui les premiers comiques, comprenait, dans l’ancien répertoire, tous les rôles de la grande livrée.  C’est dans les valets que se sont rendus célèbres les Préville, les Dazincourt, les Dugazon, les Monrose et tant d’autres brillants acteurs. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


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