21 Feb
21Feb

Claque – Claqueurs

Vielle institution. Applaudissements, rires, pleures provoqués aux bons moments. Elle remonte loin. Néron, chantant dans l’amphithéâtre, avait des claqueurs, d’où le nom de romains donné aux ‘claqueurs’. La claque s'est organisée au XVIIe siècle, à la fin du XIXe siècle elle est de moins en moins utilisée et a disparu de nos jours (à la comédie Française la claque a été supprimée en 1902 par Jules Claretie). 

Le responsable de la claque était appelé chef de meute, ou chef de claque, il traitait directement avec les directeurs, les auteurs et les acteurs, il recevait ‘des trois mains’. Ses troupes étaient divisées en trois classes. La première était composée des purs, des intimes : ceux-là entraient à l’œil ; la deuxième comprenait ceux qui payaient un léger droit, et était, par conséquent mieux composée : on les appelait les lavables, (en argot laver veut dire vendre) parce que quelques-uns revendaient leurs contremarques avec bénéfice : aussi, on les surveillait ; la dernière était composée des solitaires qui payaient leur billet d’entrée aussi cher qu’au bureau, quelquefois plus cher. Ils évitaient ainsi de faire la queue ; c’est tout l’avantage qu’ils en tiraient. Les claqueurs étaient toujours groupés dans le parterre, sous le lustre, ce qui leur avait valu le surnom de chevaliers du lustre. ‘La claque est fille de l’intérêt et de la vanité. Directeurs, auteurs, et acteurs s’entendent pour la soutenir ; le public la subit.’ 

La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878 

Le claqueur. Lithographie satirique de Honoré Daumier publiée dans Le Charivari du 13 février 1842, et ainsi légendée :  Nom d’un ; il va falloir chauffer ça ce soir, une pièce nouvelle en trois actes ; le comique veut que j’éclate de rire, l’héroïne veut que je pleure, l’auteur veut que je trépigne, jusqu’à la vieille mère noble, qui désire que je la claque... en v’là de l’ouvrage 


‘Le mot ignoble de claqueur a été remplacé par entrepreneur de succès dramatiques. Sans brevet ni patente, ce négociant de nouvelle espèce exerce son industrie à la face de la salle entière, sous la garantie de la direction et avec la désapprobation du public.’ 

Les secrets des coulisses. Joachim Duflot. 1865. 

Applaudisseur : Métier du théâtre : Celui qui est payé pour applaudir, on dit aussi claqueur. Plus utilisé à notre époque. 

Applaudissements : Théâtre : Approbation vive, manifestée par des battements de mains en signe de félicitations. Témoignage de remerciements du spectateur envers l’acteur, pratique assez universelle. À voir la manière dont elle se dépense, on la croirait de peu de valeur. Elle devrait être d’or fin et distribuait à qui de droit. Heureusement que les comédiens acceptent facilement la fausse monnaie.’ 

La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878 

Types et Physionomies de Paris. La claque : rendez-vous des claqueurs du théâtre de l’Opéra, au café de la rue Favart. Gravure parue dans L’Illustration du 15 février 1873


Krotos : dieu Grec pour les applaudissements. 

Soutenir : ‘Terme de claque, synonyme de soigner, mais plus général en ce sens qu’il faut soutenir le médiocre et le mauvais, tant comme pièces que comme acteurs, les bonnes choses se soutenant toutes seules.’ 

La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878


Chevalier du lustre : Applaudisseur gagné. Argot de théâtre. On dit aussi Romain. 

Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau. 1883 


Chatouilleur. — Homme qui, sous les ordres du chef de la claque, rit pour exciter les autres à la gaîté.


Acclamations

Chez les Romains, il y avait trois sortes d’acclamations ou d’applaudissements. 

La première s’appelait bombi, parce qu’ils imitaient le bourdonnement des abeilles.
La seconde était appelée imbrice, parce qu’ils rendaient un son semblable au bruit que fait la pluie en tombant sur les tuiles.
Et la troisième se nommait testœ, parce qu’ils imitaient le son des coquilles et des castagnettes.
D’où il faut conclure que, pour être bon claqueur chez les peuples anciens, il fallait être un
excellent ventriloque. Aujourd’hui il suffît d’être un parfait boxeur. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Thomas Rowlandson, Comedy in the Country, 1807 © Gerald Coke Handel Foundation


Anglais passionné. 1836. 

Paradis (applaudissements) 

Vers le commencement du dix-huitième siècle, vivait à Londres un Anglais passionné pour le spectacle, et qui se rendait habituellement au même théâtre. Il se plaçait toujours au beau milieu de la galerie que nous nommons paradis. Là, muni d'un énorme bâton de chêne, il s'en servait pour applaudir tout ce qui, selon lui, le méritait, et craignant sans doute de ne pas produire assez de bruit, il le tenait des deux mains et en frappait de toutes ses forces sur le plancher. De là lui vint le nom de ‘trunck-maker’, qui signifie bahutier, parce que la musique qu'il faisait ressemblait assez à celle de ces ouvriers frappant sur leurs malles. Le peuple de Londres, familiarisé avec cette étrange manière d'applaudir, et convaincu de l'expérience de l'homme du paradis, attendait toujours de lui le signal des applaudissements. Des mois entiers se passaient-ils aussi au théâtre sans que retentit un seul battement de main. En France, un bon ‘trunck-maker’ serait rare à trouver, et il y a beaucoup de théâtres où un juge d'une intégrité pareille serait entièrement inutile. 

L'indiscret. Souvenir des coulisses. 
Paris. Au bureau des éditeurs.1836

Le Rire 1899


Avoir de l'agrément

Terme de coulisses pour signifier l’action d’être applaudi.
Il est des artistes qui ont couru toute leur carrière avec de l’agrément. D’autres n’ont eu qu’un
agrément passager : d’autres encore n’ont pas eu d'agrément.
Notre Talma n’a pas toujours eu de l’agrément dans la Partie de chasse d’Henri II. le silence
le plus obstiné traduisait l’arrêt du public.
Mlle Mars n’a pas eu d’agrément, en voulant s’initier prêtresse de la muse tragique.
Les vaudevillistes qui font des feuilletons, ont toujours de l’agrément dans les journaux.
Les marchands d’onguent (médicament), de pilules et de cosmétiques ont aussi à prix fixe de l’agrément dans les journaux.

 Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Les Romantiques à la représentation d'Hernani. Vers 1867 Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Membres du mouvement littéraire romantique assistant a la première représentation de la pièce "Hernani" de Victor Hugo (1802-1885) a la Comédie Française de Paris, le 25 février 1830. Parmi eux, Alexandre Dumas père (1802-1870) et Alfred de Vigny (1797-1863).


Bis, bisser

Cri, synonyme de ‘répétez’ , poussé par le public à la suite d’une représentation. ‘L’usage de bisser un couplet, un air, un final, ne remonte qu’en 1780. C'est à mademoiselle Laguerre qu’on doit cet étrange abus. Cette célèbre chanteuse mit tant d’expression et tant d’âme à chanter l’hymne de l’amour à la première représentation d’Echo et Narcisse, de Gluck, que le parterre voulut l’entendre deux fois. La partie intelligente du public eut beau protester contre cette innovation qui entravait ou refroidissait l’action en substituant l’acteur au personnage, ce fut en vain ; le charme de la voix de mademoiselle Laguerre l’emporta, et l’usage du bis fut désormais introduit sur la scène française.’ 

Les secrets des coulisses. Joachim Duflot. 1865.

Everett Shinn (1876-1953 ), peintre, illustrateur, dessinateur et dramaturge


Boire et manger

La consommation excessive de nourriture et de boissons ainsi que l’étalage des fonctions corporelles contraient les processus de la civilité. Le boire et le manger étaient des activités communes au parterre ; en plus des cafés et tavernes aux alentours des théâtres, chacun des théâtres privilégiés avait un limonadier, servant dans un café en-dessous de l’amphithéâtre et vendant de la nourriture et des boissons aux clients. Pour ce qui concerne la Comédie-Française jusqu’à 1770, il semble que le Procope, de l’autre côté de la rue, fournissait des rafraîchissements pour les spectateurs de celle-ci. La consommation des boissons conduisait à bien des turbulences, comme le 4 octobre 1739, quand un ‘ci-devant sous-brigadier des fermes’ frappa un autre spectateur avec sa canne, menaça de frapper les gardes qui finalement l’arrêtèrent et injuria avec véhémence ceux qui l’arrêtaient. Quand les agents de police lui demandèrent son nom, ce contrôleur des impôts saoul et non coopératif rétorqua qu’il s’appelait ‘va te faire foutre’.

Gustave Doré (1832-1883). Dessinateur du modèle. The Penny Gaff. 1872. Source gallica.bnf.fr / BnF

Les excrétions corporelles aussi bien que le boire et le manger se rencontraient dans les parterres surpeuplés. Un lundi 13 janvier 1777, la Comédie-Française déçut son public, qui comprenait la Duchesse de Bourbon, quand elle fut incapable de représenter Les Horaces, à cause de l’absence inexpliquée de l’acteur principal. Les comédiens cherchèrent à adoucir le parterre mécontent, mais leurs efforts se révélèrent futiles, comme le rapportent les Mémoires Secrets : 

‘Cependant le Parterre témoignait son humeur ; en vain a-t-on voulu calmer par un discours préparatoire, cela ne s’est terminé qu’en offrant de rendre l’argent aux mécontents. Un d’eux a poussé l’indécence jusqu’à faire ses ordures au milieu de l’assemblée, escorté et soutenu par quelques polissons. Pareil geste signifiait le manque de volonté du public de suivre les règles habituelles de l’échange gouvernant la relation spectateur-spectacle. Cet acte de transgression pourrait être interprété comme une protestation envers les mesures qui visaient à réprimer le parterre. Il est assez intéressant de voir que l’auteur des Mémoires Secrets continue à raconter l’incident en notant : ‘La Duchesse de Bourbon est restée, mais n’a point voulu être juge entre le Public et les Comédiens, comme ceux-ci le désiraient, ou plutôt elle leur a déclaré qu’il fallait se rendre au désir du premier’. Le texte ne spécifie pas si la Duchesse est restée en dépit de la représentation stercorale dans le parterre ou en dépit de la représentation substituée. Sa volonté de ne pas contredire le parterre indique cependant qu’elle reconnaît la réponse du parterre au changement de programme inconsidéré et abrupt des acteurs. 

Le théâtre et ses publics : pratiques et représentations du parterre à Paris au XVIIIe siècle Jeffrey S. Ravel


Bravo

C’est un terme que nous avons emprunté aux Italiens. En Italie, l’adjectif bravo (brava au féminin, bravi au pluriel), signifie ‘hardi, habile’ et s’applique, comme témoignage de satisfaction, à un chanteur, à un comédien, à un virtuose dont le talent excite la sympathie ; c’est ainsi qu’on dit : bravo il tenore, brava la cantante, bravi tutti ! En mêlant ces exclamations aux applaudissements. Le public français a adopté cette expression, mais en la rendant invariable et en en faisant un adverbe : bravo ! Qui signifie très bien, et qu’il applique indifféremment à un ou plusieurs artistes, de l’un ou de l’autre sexe. On voit que le sens est resté à peu près le même, bien que la nature du mot ait été modifiée. Celui-ci s’emploie aussi substantivement, et l’on dit d’un artiste qu’il a été ‘couvert de bravos’. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Le Claque en action, vers 1830-40 École française, (19e siècle) Bibliothèque des Arts Décoratifs, Paris, France


Casser sa canne

‘L’orchestre du théâtre du Gymnase possède seul le privilège des cannes cassées. Il y a des jours, sur un seul rang, on voit une douzaine de vieillards, les mains sur le pommeau de leur canne et la tête appuyée sur les mains, dans l’immobilité la plus complète ; ils dorment tous d’un sommeil d’actionnaire. Si vous avez la patience d’observer tous ces ronfleurs, vous entendez bientôt le bruit d’une canne qui se casse sous le poids de son propriétaire, et l’un de ses voisins s’écrier : ‘Sapristi ! M. Lambert a le sommeil lourd, il vient de casser sa canne. ‘ 

Les secrets des coulisses. Joachim Duflot. 1865.

Au théâtre, le parterre. Lepère, Auguste, Graveur. Daumier, Honoré, Auteur du modèle. 19e siècle. Musée Carnavalet, Histoire de Paris.


Chambrée

Ce mot est quelquefois employé pour indiquer qu’une salle est bien garnie. ‘Il y a ce soir une belle chambrée’ dira-t-on, ce qui signifie que la recette sera bonne. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Albert Guillaume (1873-1942) Au théâtre

‘Les Vêpres Siciliennes’,’ l'École des Vieillards’, ‘la Neige’, ‘Sylla’, ‘les Cuisinières’, ‘le Coin de Rue’ et ‘Polichinel’, ont fait un grand nombre de chambrées complètes, c'est-à-dire, ont plusieurs fois rempli les salles et les caisses des théâtres où l'on a représenté ces ouvrages. Quelques acteurs font chambrée ; ceux-là sont l'objet de l'envie et de la haine de leurs camarades. 

Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.


Chasser l'hirondelle

Une hirondelle, au théâtre, c'est une personne qui rêve de se glisser dans les salles où elle n'est pas invitée. Les attachés de presse connaissent bien ces oiseaux passionnés et les comprennent…

Paul Gustav Fischer (1860-1934) Une soirée au Théâtre Royal, Copenhague.


Chef de claque

Salomon, dit Pigeonneau, chef de claque. “Tient bravos, bis, chut, rires et pleurs, et généralement tout ce qui concerne le succès. (Son bureau chez le marchand de vin.)” D’après Gavarni.


Chut

Il y a deux sortes de chut ! l’un est approbateur : c’est quand le public impose silence à quelques brouillons jaloux ou cabaleurs par un chut ! bien accentué ; il équivaut presque à des applaudissements ; l’autre qui tue net une pièce ou un acteur : c’est quand il s’adresse aux applaudissements que la claque ou quelques amis maladroits tentent pour sauver une mauvaise pièce ou pour faire plaisir à un mauvais comédien. Alors il change de sexe : ce n’est plus un chut ! c’est une chute. 

La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878

The Prompter. Edward Pustovoitov 1998

Le chut ! est la manifestation de mécontentement la plus terrible que le public puisse infliger à un acteur. Le sifflet est brutal, mais il indique la colère, et n’excite pas toujours la colère qui veut ; le chut ! est méprisant, en ce sens qu’il fait entendre que l’artiste à qui il s’adresse n’est même pas digne de la discussion. On a vu des comédiens rebondir sous le sifflet, en démontrer l’injustice à leur égard, et par leur vaillance obliger les spectateurs à se déjuger et à les applaudir avec vigueur. Rarement on en a vu se relever des chuts ! qui les avaient accueillis, et changer le sentiment qu’ils avaient tout d’abord fait éprouver. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Un algébriste a exprimé ainsi qu'il suit les rapports de ce bruit désapprobateur avec celui du sifflet : un chut naturel égale un demi-sifflet ; un chut, fortement articulé et capable d'imposer silence aux cabaleurs, égale tous les sifflets du monde. 

Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.


Dans la salle

La première d'Hernani. Avant la bataille Besnard, Albert (Paul Albert Besnard, dit), Peintre En 1903 Maison de Victor Hugo - Hauteville House


Enlever

Terme de cabale ; c’est assurer le succès d’une pièce ; c’est obtenir l’ovation pour l’acteur ou pour l’auteur ; on enlève un opéra, une tragédie, une comédie, un ballet, un vaudeville, un mélodrame : il faut deux pouvoirs réunis pour bien enlever un ouvrage. D’abord l’acteur enlève la pièce, le chef de cabale enlève l’acteur, puis vient le public qui enlève l’auteur.   

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Julien (17..-18.. ; lithographe) Une cantatrice italienne : Il enfonça son poignard dans le cœur du malheureux acteur qui tomba mort sans pousser un seul cri Julien de Delaunois. 1832-1834. Source gallica.bnf.fr / BnF

Voir Enlever : Argot des Coulisses – Comédie


Excuses au public !

Tout n’était pas rose jadis dans le métier de comédien, et la vie de théâtre, si elle avait ses avantages, elle avait aussi ses inconvénients et ses ennuis, pour ne pas dire ses douleurs. Au dix-huitième siècles, l’acteur était en quelques sorte la chose, l’esclave du public, lequel public avait ses caprices, ses boutades, ses fantaisies, ses cruautés, et ne se faisait nul souci de blesser, d’outrager, parfois d’humilier jusqu’aux artistes qui lui étaient le plus chers. Ce public était d’ailleurs très chatouilleux, très susceptible, toujours porté à croire que le comédien voulait lui manquer de respect, et dans ce cas devenait impitoyable. Le parterre de nos théâtres était nerveux au-delà de toute expression, injuste souvent dans des colères que rien ne légitimait, et toujours prêt à user du sifflet avec ou sans apparence de raison. Les mœurs théâtrales différaient alors essentiellement de celles que nous voyons aujourd’hui, et amenaient souvent les scènes les plus regrettables. Un acteur tardait-il un peu trop à faire son entrée, ou manquait-il de mémoire en scène, ou semblait-il n’être pas en possession de tous ses moyens ? vite, le sifflet faisait rage, ou il voyait pleuvoir sur lui toute une série d’interpellations plus ou moins congrues. Parfois, l’acteur répondait (car, à cette époque, des colloques fréquents s’établissaient entre la salle et la scène), et, si sa réponse déplaisait, les sifflets redoublaient, les clameurs s’accentuaient : la patience échappait-elle à celui qui était l’objet de traitements si fâcheux ? laissait-il entendre à son tour un mot un peu malsonnant ? ou bien une parole, un geste de sa part étaient-ils mal interprétés par les spectateurs ? alors c’était des vociférations, des huées, des injures, un tapage infernal ! En prison ! Au Fort ! l’évêque ! s’écriait-on de toutes parts ; mais avant tout on exigeait des excuses de la part de l’artiste qui avait manqué au public, ou qui était censé lui avoir manqué. En de telles circonstances, que pouvait faire le pauvre comédien ? Quels que fussent sa fierté, et son honnêteté, et le sentiment qu’il pouvait avoir de sa dignité, il avait affaire à plus fort que lui, et généralement il lui fallait céder, car il n’y avait pas d’autre issue à la situation dans laquelle il se trouvait engagé. Il faut remarquer en effet que cette situation n’était en rien modifiée par le fait, qui se produisait quelquefois, de son envoi en prison sur l’ordre des gentilshommes de la chambre : le public impitoyable ne manquait pas alors, quand il reparaissait à la scène après quelques jours de captivité, d’exiger de lui avant toute chose, avant qu’il pût prononcer une parole, des excuses relatives à la conduite qu’on lui reprochait. Et notez qu’il ne s’agissait pas en ce cas de paroles plus ou moins banales, mais d’excuses véritables, de regrets explicites qui devaient être exprimés à genoux, devant toute la salle assemblée. 

Quelques-uns s’en tiraient, et sauvaient leur fierté vis-à-vis d’eux-mêmes par un trait d’esprit audacieux, par un sous-entendu habile et hardi, dont la portée échappait à l’attention de leurs auditeurs. A la vérité, ce n’était là qu’une satisfaction en quelque sorte platonique et tout à fait personnelle, toute raison étant en apparence donnée au public ; mais n’est-ce pas déjà quelque chose en telle occurrence ? L’un des plus jolis exemples de ce genre est celui qui fut donné par un artiste à qui l’on reprochait d’avoir traité les spectateurs d’imbéciles, et de qui l’on exigeait des excuses ; il les fit en cette phrase courte, qui est un chef-d’œuvre de malice hardie, et dans laquelle, on peut le dire, le public ne vit que du feu : « Messieurs, je vous ai appelés imbéciles : c’est vrai. Je vous fais mes excuses : j’ai tort. » Un autre, c’est Quinault-Dufresne, artiste fameux pourtant et chéri du public, eut maille à partir un jour avec lui, et agit de même façon. Voici comment l’abbé de Laporte raconte l’anecdote : Dufresne, jouant dans Chidéric (tragédie de Morand) d’un ton de voix trop bas, un des spectateurs cria : Plus haut ! L’acteur, qui croyait être le prince qu’il représentait, répondit sans s’émouvoir : Et vous plus bas. Le parterre indigné répondit par des huées qui firent cesser le spectacle. La police, qui prit connaissance de cette affaire, ordonna que Dufresne fasse des excuses au public. Cet acteur souscrivit à regret à ce jugement, et, s’avançant sur le bord du théâtre, il commença ainsi sa harangue : « Messieurs, je n’ai jamais mieux senti la bassesse de mon état, que par la démarche que je fais aujourd’hui. » Ce début était assurément très injurieux pour le public ; mais le parterre, plus occupé de la démarche d’un acteur qu’il adorait qu’attentif à son discours, ne voulut pas qu’il continuât, dans la crainte de l’humilier davantage, et Dufresne eut la satisfaction de vexer ceux qui cherchaient à l’abaisser.


Faire la salle

1 / Choisir les personnes qui assisteront à la répétition générale. Dans le passé c'était le régisseur qui organisait la générale, en choisissant et en plaçant les invités dans la salle, ce rôle est maintenant plus sous la responsabilité du directeur du théâtre ou d'une attachée de presse. Une première est une grande bataille qui doit être décisive ; aussi, acteurs et directeurs veulent la gagner, et sachant, par expérience, que le public est de la race des moutons de Panurge, trouvent plus prudent de faire la salle, c’est à dire de choisir leur public ce jour-là. C’est une pluie de billets de faveur ; amis du directeur ; amis du ou des auteurs ; amis des acteurs, actrices, du concierge, des ouvreuses, des contrôleurs, du coiffeur, du costumier, etc., etc., en sont inondés. Les bureaux n’ouvrent que pour la forme. Il va sans dire que la claque occupe les deux tiers de la salle. 

2 / Attribuer des places au public de façon à garnir la salle même avec peu de monde ; remplir une salle de théâtre


Faire payer la goutte

‘Faire payer la goutte est originaire de Toulouse. Les abonnés, qui d’ordinaire font la loi, avaient pris en haine, je ne sais pour quelle raison, la direction qui régnait en 1845. Ne pouvant siffler le directeur, on s’en prenait à ses malheureux artistes, et chaque soir voyait tomber une victime. Les abonnés avaient pris à gages quarante siffleurs auxquels on payait un franc, plus un billet de parterre et la goutte dans les entr’actes. Un soir, il y avait deux débutants qui s’offraient en holocauste à la colère du public : Douvry et son camarade Vial ; le premier, assez philosophe et qui s’attendait à une réception peu courtoise, prenait d’avance la chose gaîment. Il fut outrageusement sifflé dès sa première entrée. C’est à peine s’il put chanter une mesure. Douvry fit un salut poli au public et se retira ; puis, s’adressant à son camarade Vial qui entrait en scène, il lui dit très haut : “ Ces messieurs viennent de me faire payer la goutte, c’est à ton tour.” Vial subit le sort de Douvry ; le public ne fit pas de jaloux ce soir-là ; tout le monde fut régalé de la même manière.’ 

Les secrets des coulisses. Joachim Duflot. 1865.

Portrait de Jean François Dailly (1839-1897), (acteur). Disderi & Cie, Photographe. Avant 1897. Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Faire un tabac

Avoir du succès : Dans le langage maritime du XIXe siècle, on appelait "un coup de tabac" une tempête soudaine qui endommageait la coque des bateaux.
Cette expression s'est étendue au bruit provoqué par le tonnerre lors d'un orage, et par extension, au "tonnerre d'applaudissements" qui se faisait entendre lors d'une représentation théâtrale réussie. "Faire un tabac" signifie aujourd'hui encore avoir du succès. (Il faut remarquer que c’est l’artiste qui n’a pas de tabac qui fume le plus.)

Une illustration de claqueurs tirée d'un numéro de 1853 du Harper's Magazine


Habitués

Autrefois, à Paris, chaque théâtre un peu important avait un certain nombre d’habitués, qui n’auraient pas laissé écouler une semaine sans y passer une ou deux soirées, qui s’attachaient aux acteurs, suivaient avec attention leurs progrès et les encourageaient selon leurs mérites. Aujourd’hui, la race des habitués est perdue, comme celle des carlins ; le public cosmopolite amené chaque jour par les chemins de fer les a tués.  Et puis, il faudrait aux habitués des estomacs solides pour digérer la même pièce unique pendant huit ou dix mois, et parfois davantage ! 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

Un public de théâtre, 19e siècle. Honoré Daumier

Il ne lit jamais l'affiche du jour. A sept heures précises, il se place à l'orchestre ou au balcon, et avant huit heures il dort. Il se réveille pour applaudir. Les bravos surpris à son sommeil sont la monnaie dont il paie l'entrée gratuite que lui accorde le théâtre. L'habitué fait nombre, mais il ne compte pas, il sait approximativement la recette de chaque représentation, il se rappelle tous les faits importants ; il garde la mémoire de tous les débuts ; il connaît le répertoire de la semaine, et ne manque jamais de dire : Nous aurons du monde lundi, où : Nous n'aurons personne demain : c'est, en un mot, le parasite théâtral. 

Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.


Jeter des pommes cuites

Les mœurs du théâtre, en ce qui concerne les relations du public avec les acteurs, ont singulièrement changé depuis deux ou trois siècles et se sont heureusement modifiées. Il fut un temps où les spectateurs, très exigeants et peu endurants, ne laissaient passer à un comédien aucune négligence, aucune faiblesse même passagère ou involontaire. Les sifflets, les apostrophes blessantes ne tardaient pas à fondre sur le malheureux, et il arrivait qu’on lui lançait même sur le théâtre, pour lui marquer le mépris qu’on faisait de lui, des projectiles d’un genre particulier, tels que pommes cuites ou œufs pourris. De là cette locution, encore employée aujourd’hui lorsqu’on veut parler d’un comédien dont le talent est au moins médiocre : « Il est mauvais à lui jeter des pommes cuites ! ». 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Trognon de pomme 

Dans les bicoques dramatiques du boulevard du Temple, la turbulence du public a exigé la création des employés aux trognons de pommes, aux hannetons, aux coquilles de noix et aux pelures d'orange. Ce sont déjeunes garçons aux gages de l’administration, et dont les fonctions consistent à empêcher les spectateurs consommateurs de jeter sur la scène les débris de leurs festins ou de lâcher dans la salle de bruyants hannetons.
La place des pelures d'orange est là moins courue, vu la facilité de la tâche qui tient à la ‘chèreté’ des matières premières. Elle rapporte le mince produit de cinq sous par soir. Celles des coquilles de noix, des trognons de pommes et des hannetons surtout, donnent
dix, quinze et jusqu'à vingt sous. Les mêmes mesures préventives n'étaient pas en usage en Angleterre, puisque la scène du Globe était perpétuellement couverte de bouchons, de croûtes de pain et de fragments de saucisson.

 L'indiscret. Souvenir des coulisses. Paris. Au bureau des éditeurs.1836

Les ouvriers de Paris ‘Ne jette donc pas comme çà des pommes au père noble ! tu l’embêtes ! ! Tiens, moi ! quand j'vas au spectacle ! faut que j’m’amuse ! Pruche, Clément, Dessinateur-lithographe. Aubert (Imprimeur, lithographe, éditeur), Imprimeur-lithographe. Bauger, Éditeur. Entre 1840 et 1842. Musée Carnavalet.


Location de lorgnettes !

C’est le cri que fait entendre dans chaque théâtre, au moment de commencer le spectacle ou dans les entr’actes, un industriel dont la spécialité est en effet de louer des lorgnettes aux spectateurs qui ont oublié de se munir de cet instrument utile. A cet effet, ledit industriel colporte, dans une petite boîte ad hoc tout un chargement de ces instruments, parmi lesquels l’amateur n’a qu’à faire son choix. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie. (Voir : Lorgnettes)

Albert Guillaume (1873-1942) La Loge au théâtre


Ouvrez les loges !

En dépit des efforts de la police pour limiter la vente de billets au parterre, les troupes de théâtre motivées par l’argent y entassaient le plus de personnes possibles. Un agent de police en 1736 décrivait un parterre tellement plein qu’il ne pouvait même pas entrer pour arrêter les fauteurs de trouble, faisant ainsi confiance aux espions postés à l’intérieur pour identifier les victimes à la fin de la représentation. Dans ces circonstances difficiles, les spectateurs avaient coutume de se frayer un chemin vers les endroits d’où on pouvait les voir ; les habitués du théâtre moins agressifs étaient contraints aux extrémités du hall. Le manque d’aération et la surchauffe contribuaient à l’énervement général de la foule. Le cri familier de « Ouvrez les loges !», invitait à l’ouverture des portes des loges afin de permettre la circulation de l’air dans la salle. Il pouvait être entendu les jours où le parterre était plein. Parfois, des employés du théâtre respectaient ces demandes, mais ils le faisaient souvent contre l’avis des personnes occupant les loges, particulièrement en hiver ; un officier de police exaspéré en janvier 1749 répondit à ces cris : « Messieurs… il ne faut pas s’imaginer que les loges doivent être toujours ouvertes et même point du tout lorsqu’il y a des dames qui ne veulent pas le permettre, n’étant point obligées de s’enrhumer pour votre satisfaction !»  Les poêles qui chauffaient les salles du théâtre et les foyers en hiver faisaient que les bâtiments, faiblement ventilés, devenaient étouffants durant l’été. Les architectes des théâtres y remédièrent seulement à la fin du siècle dans les nouveaux théâtres, en incluant des ouvertures additionnelles derrière les troisièmes balcons et en multipliant les ventilations à l’intérieur des bâtiments pour faciliter la circulation de l’air. 

Le théâtre et ses publics : pratiques et représentations du parterre à Paris au XVIIIe siècle Jeffrey S. Ravel

Ignacio Diaz Olano (1860-1937) Dans la loge du théâtre (1895-98)


Public

Se dit de l’ensemble des personnes réunies dans un théâtre, dans un lieu quelconque, pour y assister à un spectacle, quel qu’il soit.  Nous n’avons pas à faire ici la physiologie du public de nos théâtres : cela nous mènerait trop loin. Nous dirons seulement que le public français est généralement fort expert en matière théâtrale, et que c'est à son intelligence, à son goût sous ce rapport, au sens particulier qu'il possède en cette matière que nous devons en partie la splendeur de notre théâtre, son éclat constant sa supériorité sur celui de toutes les autres nations, supériorité qui ne s'est jamais démentie depuis plus de deux siècles et qui ne paraît pas près de s'éteindre.

 Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie 

Salle de théâtre pendant une représentation, vue depuis la scène. Anonyme , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris


« Les théâtres des nations aristocratiques ont toujours été remplis de spectateurs qui n’appartenaient point à l’aristocratie, écrit Tocqueville. C’est au théâtre seulement que les classes supérieures se sont mêlées avec les moyennes et les inférieures, et qu’elles ont consenti sinon à recevoir l’avis de ces dernières, du moins à souffrir que celle-ci le donnassent. C’est au théâtre que les érudits et les lettrés ont toujours eu le plus de peine à faire prévaloir leur goût sur celui du peuple, et à se défendre d’être entraînés eux-mêmes par le sien.
Le parterre y a souvent fait des lois aux loges »  

Alexis de TOCQUEVILLE, De la Démocratie en Amérique (1835), Paris, J. Vrin, 1990,


Public 'Romains'

Croquis pris au théâtre par Daumier ‘On dit que les Parisiens sont difficiles à satisfaire, sur ces quatre banquettes pas un mécontent, il est vrai que tous ces français sont des Romains.’


Public du Théâtre-Français

Le public du Théâtre-Français. Anonyme , Photographe. Dantan, Édouard Joseph , Auteur du modèle. Editions Braun et Cie , Editeur. Musée Carnavalet, Histoire de Paris. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris.


Publics de Paris

Gustave Doré – Les différents publics de Paris Folies nouvelles – 1914 (original Théâtre Folies Spectacles)


Rendre l’argent

Lorsque, sur la foi de l’affiche, le public a pris place dans une salle de spectacle, et qu’un événement subit et imprévu, tel qu’une indisposition d’un acteur qui le met dans l’impossibilité de jouer, vient empêcher la représentation et obliger le théâtre à faire relâche, l’administration fait rendre aux spectateurs l’argent de la place qu’ils ont payée. L’un des premiers exemples d’un fait de ce genre est sans doute celui-ci, qui se produisit en 1688, à la Comédie-Française. On avait repris depuis quelques jours l’une des plus fameuses pièces à machines de Pierre Corneille, la Toison d’or, et on en donnait la dixième représentation ; le prologue était à peine terminé, que la nouvelle arriva au théâtre de la mort de la reine ; ou interrompit aussitôt le spectacle, et l’on fit rendre l’argent aux spectateurs. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Pierre Corneille est un auteur et un dramaturge prolifique. Derrière cet air sérieux, Pierre Corneille cache l'une des plumes les plus aiguisées du 17ème siècle. Roi du genre tragique, petit prince du genre comique, il s'essaye à tout et prend plaisir à casser les codes dramatiques classiques.


Retardataires

Albert Guillaume (1873-1942) Caricaturiste de renom, Guillaume se plaisait dans ses compositions peintes pleines de verve, à montrer les moments embarrassants de la vie quotidienne aussi bien que les ridicules de la mode. Musée Carnavalet - Don des Amis de Carnavalet , 2005


Soigner

C’est donner le coup d’encensoir ou appuyer de bravos. Tel acteur est soigné par les journaux, telle pièce est soignée par la cabale. Le claqueur est un médecin qui se fait payer ses soins en assignats sur lesquels on lit Première galerie, et sur la menue monnaie-papier on voit Parterre. Bon pour un homme. Le directeur qui rencontre le journaliste dans le couloir le jour d’une première représentation, lui serre la main en lui disant : Mon cher, soignez-nous cela. On dit que le second acte est faible. C’est vrai, dit l’administrateur, mais je l’ai fait chauffer. 

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

Depoix et Larcher. Menus Plaisirs. "Ma femme manque de chic". Atelier Nadar. 1884. Source gallica.bnf.fr / BnF


Spectateurs dans une loge à l'Opéra

Spectateurs dans une loge à l'Opéra. 1900. Scott, Georges (1873-1943). Dessinateur. Source gallica.bnf.fr / BnF.


Spectateurs pendant l'entracte

‘On entre, on sort, on vous pousse et on vous crotte ; on entend de tous les côtés, Haé, monsieur ! dites donc, face au parterre !! Demandez de l’orgeat, de la limonade, de la bière ? Demandez Vert-Vert ! Demandez l’entracte ! le nom des acteurs dans la pièce que l’on va jouer ! Qu’est-ce qui demande à boire ? …. Aide-moi Lolo, j’vas monter aux premières ! Attends crapaud ……… Gare là-dessous j’lache !!! Le gamin tombe et le municipal en conduit un autre à la porte.’

Physionomies théâtrales (boulevard du Temple) Les spectateurs pendant l'entracte. Lithogr. par Pruche. 1837. 1838. Source gallica.bnf.fr / BnF.



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