On appelait ainsi, au dix-huitième siècle, certaines pièces d’un genre indéterminé, difficiles à qualifier autrement, et dans lesquelles, comme dans certains repas nommés ambigus, entraient à la fois les éléments les plus divers. Les pièces de ce genre comprenaient toutes sortes de choses : parodie, drame, comédie, chant, danse, etc. Le Ballet des 24 Heures, de Legrand, était un ambigu-comique, de même que Le Chaos, de Legrand et Dominique, et les Réjouissances publiques, de Favart. C’est de là que vient le nom d'Ambigu-Comique donné plus tard par Audinot à son théâtre, pour indiquer que les spectacles en étaient variés et de tous les genres.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Jean-Gabriel Domergue (1889-1962). Ballet à Monte Carlo
Distraire le public pendant un entr'acte, ce qui n'a lieu qu'aux théâtres du boulevard. Les démons du paradis sont ordinairement chargés de ce soin. ‘Petite comédie qui se joue dans la salle, quelquefois par la volonté et avec la participation du directeur, qui trouve ainsi moyen de dissimuler la longueur des entr’actes. Exemples : si un monsieur s’approche trop près d’une dame pour causer avec elle, aussitôt un loustic de crier : il l’embrassera ! et un autre de répondre : il ne l’embrassera pas ! cela amuse l’entr’acte(s). Un spectateur des loges ou des galeries se tourne-t-il pour parler derrière lui : face au parterre ! face au parterre ! crie une voix d’en bas, bientôt accompagné d’un formidable chorus. On amuse l’entr’acte(s). Un enfant, qu’une mère a eu malheureusement idée d’amener avec elle, vient-il à crier, aussitôt on entend de tous les coins de la salle : donnez-lui à téter ! asseyez-vous dessus ! au vestiaire ! on amuse l’entr’acte(s), et le public ne s’est pas aperçu de sa longueur quand le rideau se relève. Cette pratique théâtrale s’est introduite dans la politique : à la Chambre, on amuse la séance.’
La langue théâtrale. Alfred Bouchard.1878
La scène pendant l'entr'acte
C’est ainsi qu’on appelle, dans les féeries, le tableau final, celui où se produit le plus riche et le plus fastueux déploiement de mise en scène, où l’art du décorateur, du costumier, du metteur en scène se donnent carrière de la façon la plus complète. Les couleurs harmonieuses et la riche architecture d'une somptueuse décoration, l'heureux groupement d'un personnel nombreux, couvert de costumes étincelants, les attitudes et les poses gracieuses des danseuses, la lumière électrique prodiguant ses feux sur cet ensemble auquel la musique ajoute sa verve et son éclat, tout cela constitue un spectacle superbe , qui , en éblouissant le spectateur, agit en même temps sur ses nerfs et appelle forcément le succès. C’est ce qu’on nomme au théâtre une Apothéose.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Apotheosis. Carlo Lasinio(1759-1838). Graveur. Engraved by C. Lasinio. 1799. Source gallica.bnf.fr / BnF
A l’époque où l’on avait l’habitude de donner des spectacles coupés, on appliquait la qualification de baisser le rideau à la petite pièce qui terminait la soirée et sur laquelle le rideau se baissait pour la dernière fois. On faisait en sorte que cette pièce fût vive, alerte, gaie, afin de laisser le spectateur sur une impression riante et joyeuse.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Baissez le rideau, la farce est jouée. Daumier, Honoré , Dessinateur Delaunois, Nicolas Louis , Imprimeur Aubert , Editeur En 1834 Maison de Balzac
C’était, selon certains commentateurs, l’une et l’avant-dernière des quatre parties qui formaient le poème dramatique des anciens, celle qui amenait et préparait la catastrophe, c’est-à-dire le dénouement. Selon quelques autres, la catastase était comprise dans la catastrophe, et ceux-ci ne comptent alors que trois parties dans le poème dramatique : la protase, l’épithase et la catastrophe. En réalité, la catastase est la partie dans laquelle l’action scénique, indiquée dans la protase, nouée dans l’épithase, se continue, se soutient, se resserre, jusqu’au moment où la catastrophe vient la conclure et terminer l’œuvre du poète.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Groupe de petits clercs. Gaîté́. La fée aux chèvres. Atelier Nadar.1890. Source gallica.bnf.fr / BnF.
Chartron Terme de mise en scène. Lorsque, en de certaines circonstances, un personnel nombreux réuni sur le théâtre forme un large demi-cercle au fond de la scène, tandis que le devant de celle-ci est occupé par les personnages qui parlent ou agissent, on dit qu’il fait le chartron.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Position des acteurs vers la fin d’une pièce. Faire ou former le chartron : ranger les acteurs en ligne courbe devant la rampe, au moment du couplet final.
Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau. 1883.
Illustration de journal de la scène de la grotte de The Forty Thieves, de l'Illustrated London News, 1887, Angleterre. © Victoria and Albert Museum, Londres
Mot passé depuis un petit nombre d’années dans l’argot du théâtre, et qui indique un endroit d’une pièce sur lequel on compte particulièrement, soit au point de vue artistique ou littéraire, soit surtout au point de vue de la mise en scène, pour obtenir un grand effet et exciter l’étonnement et l’enthousiasme des spectateurs. La meute véritable qui prit ses ébats sur la scène de l’Odéon, il y a quelques années, dans les Danicheff, était un clou ; clou aussi l’éléphant qui parut au Châtelet dans les Mille et une Nuits. L’un des clous les plus solides du théâtre moderne est assurément le vaisseau fameux de l’Africaine.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
L'Africaine est un opéra en cinq actes de Giacomo Meyerbeer, sur un livret d'Eugène Scribe, dont la première représentation eut lieu le 28 avril 1865 à l'Opéra.
L’Africaine. Décor du 3e acte. Le vaisseau. Épisode de l'Angélus (D'après le croquis fait à la répétition générale). Godefroy, dessinateur. 1865. Source gallica.bnf.fr / BnF
Au théâtre, corser un rôle, une scène, un acte, c’est, lorsqu’on en a reconnu la nécessité, donner à ce rôle, à cette scène, à cet acte, plus d’importance, plus de corps qu’ils n’en avaient primitivement. D'une pièce dont l’intrigue est un peu faible, un peu lâche, un peu dénuée d’intérêt, on dit que cette intrigue n’est pas assez corsée. Enfin, lorsqu’un spectacle composé d’une certaine façon commence à moins attirer le public et à faiblir au point de vue de la recette, on corse ce spectacle en y ajoutant une pièce, destinée à corser aussi la recette.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Everett Shinn (1876-1953 ), peintre, illustrateur, dessinateur et dramaturge
Intervalle entre les actes d'une pièce de théâtre, entre les différentes parties d'un spectacle. C’est à tort que l’Académie et les grammairiens écrivent le mot entr’acte au singulier. Qu’est-ce qu’un entr’actes ? le temps qui s’écoule entre deux actes. Peut-il y avoir entr’actes sans cette condition absolue de deux actes ? Non. On devrait l’écrire au pluriel comme entremets. ‘Repos des artistes et travail des spectateurs, qui cassent du sucre sur la pièce et sur les interprètes. - C’est charmant !... C’est délicieux ! Dans l’espoir qu’on leur dira le contraire.’
Petit dictionnaire humoristique d’argot théâtral. Eugène Joullot.1933
Entracte d'une première à la Comédie-Française. Dantan, Édouard Joseph , Peintre 1885 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
C’est le moment de reprendre haleine, c’est le relai des acteurs et du public; pendant ce temps-là le chameau de la caravane se mouche, le tyran de mélodrame offre une prise de tabac à sa victime , les nayades , les dryades et les nappées font le change avec les banquiers ; le chanteur file des sons; l’acrobate met du blanc à son soulier, l’amoureuse met du rouge à ses joues, l’amoureux rassure le contrefort de son mollet, le père noble ôte le tabac de sou jabot, et l’ingénue joue avec ses enfants.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Croquis dramatiques 1 par Daumier. L'entracte au café. L'entracte au foyer. Daumier, Honoré , Dessinateur-lithographe Martinet (imprimeur-libraire) , Editeur Trinocq, Charles , Imprimeur-lithographe 31-12-1852 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Action d’un personnage qui entre en scène, pour prendre part à l’action dramatique. La façon d’amener les entrées et les sorties des personnages dans une œuvre théâtrale, de les motiver, de les faire se produire sans confusion, sans froideur, sans maladresse, n’est pas une des moindres difficultés que rencontre l’écrivain qui se voue à la scène : parfois les entrées font essentiellement partie de la trame dramatique, forment coup de théâtre et amènent, par la surprise, des effets tout à fait saisissants. On donne aussi le nom d’entrée à la salve d’applaudissements qui accueille un artiste aimé du public lorsqu’il fait en scène sa première entrée de la soirée. C’était là autrefois un témoignage très flatteur de l’affection que le public portait à l’acteur, et du plaisir qu’il éprouvait à le voir ; par malheur, l’indigne usage de la claque a gâté tout cela, et celle-ci seule aujourd’hui fait les entrées, comme elle provoque les rappels, ce qui enlève aux unes comme aux autres à peu près toute leur valeur. Il est juste de dire, toutefois, que lorsqu’un comédien véritablement aimé du public se présente en scène pour la première fois dans une soirée, celui-ci, sans vouloir mêler ses applaudissements aux bravos salariés de la claque, sait lui manifester son plaisir par un murmure et un susurrement général dont le caractère est particulièrement flatteur.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Les petits mystères de l'Opéra par Albéric Second. Illustrations par Gavarni. 1844. Source gallica.bnf.fr / BnF
Four / Faire un four / Faire four
Four : Insuccès, chute complète, dans l’argot des coulisses et des petits journaux. M. Littré dit à ce propos : « Rochefort, dans ses Souvenirs d’un Vaudevilliste, à l’article Théaulon, attribue l’origine de cette expression à ce que cet auteur comique avait voulu faire éclore des poulets dans des fours, à la manière des anciens Égyptiens, et que son père, s’étant chargé de surveiller l’opération, n’avait réussi qu’à avoir des œufs durs. Cette origine n’est pas exacte, puisque l’expression, dans le sens ancien, est antérieure à Théaulon. Il est possible qu’elle ait été remise à la mode depuis quelques années et avec un sens nouveau, qui peut avoir été déterminé par le four de Théaulon ; mais c’est ailleurs qu’il faut en chercher l’explication : les comédiens refusant de jouer et renvoyant les spectateurs (quand la recette ne couvrait pas les frais), c’est là le sens primitif, faisaient four, c’est-à-dire rendaient la salle aussi noire qu’un four »
Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau. 1883 (Le four était autrefois souvent utilisé pour parler d'un lieu sombre)
Albert Guillaume (1873-1942) 15 minutes d'entr'acte
‘Il y a le demi-fourre, le quart de fourre, comme il y a des pièces médiocres ou détestables. C’est au théâtre de Rouen, il y a une douzaine d’année, qu’on a créé pour la première fois le banc des fours. Dans un angle du foyer des artistes, il y avait une petite banquette adossée à la muraille, où l’on forçait à s’asseoir chaque personne qui avait fait un mot, un à-peu-près, un calembour, ou raconté une histoire prétentieuse, sans faire sourciller l’auditoire. Elle restait clouée sur ce banc jusqu’à ce qu’un autre la remplaçât. Tout le monde était forcé d’être spirituel.
Les secrets des coulisses. Joachim Duflot. 1865.
Four (faire) Locution d’argot théâtral qui signifie : éprouver un échec complet. On dit d’une pièce tombée qu’elle a ‘fait four’ de même qu’un acteur ‘fait four’ lorsqu’il joue un rôle sans y produire aucun effet. Naguère, en province, cette expression avait un sens matériel plus précis : dans les petites villes de département où le théâtre était peu recherché et attirait peu de spectateurs, on disait que les comédiens avaient ‘fait four’, lorsque le nombre de ces spectateurs était tellement restreint que le directeur aimait mieux leur rendre leur argent et faire relâche que de jouer devant les banquettes.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Fourre (faire) Employer tous ses moyens pour produire de l'effet, et ne pas réussir. On distingue le fourre, en demi-fourre et fourre complet. Talma a fait un demi-fourre dans la comédie, et mademoiselle Mars a fait un fourre complet dans a tragédie. Les fourres les plus désagréables sont ceux produits par une longue tirade patriotique dans une tragédie, par un couplet de détail dans un vaudeville, par un monologue de remords dans le mélodrame, et par une pirouette dans un ballet. Faire fourre se dit aussi d'une pièce sur laquelle on comptait pour attirer le public, et qui n'attire que des sifflets ; les Enfants du Colon, le Père Finot, Landane, les Ruines de la Grenca) etc., etc., etc., ont fait fourre.
Manuel des coulisses ou Guide de l’Amateur Paris. Chez Bezou, Libraire. 1826.
Espèce de comique grossier ou toutes les règles de la bienséance et de la vraisemblance sont également violées. Le Comique, dont on fait le plus grand usage dans ces sortes de pièces, est celui qui naît des équivoques des méprises de mots ou du choc de pensées contradictoires et les Scènes n'offrent, pour l'ordinaire que des grimaces bizarres, des portraits indécents et des événements ridicules.
Dictionnaire dramatique contenant l’histoire des théâtres, les règles du genre dramatique, les observations des maîtres les plus célèbres et des réflexions nouvelles sur les spectacles (1776) de Joseph de La Porte et Sébastien-Roch-Nicolas de Chamfort (1er volume)
Farce jouée vers 1610 au théâtre du Marais ou au théâtre de l'hôtel de Bourgogne. Mariette, Graveur 17e siècle Musée Carnavalet, Histoire de Paris
La féerie est une pièce à grand spectacle, dont l’action repose toujours sur un sujet fantastique ou surnaturel, et dont l’élément merveilleux fait surtout les frais. Grâce à cet élément, qui lui permet de ne compter ni avec la logique des faits ni avec celle des idées, elle se meut tout à son aise et à sa fantaisie, dans un monde et dans un milieu conventionnels, sans prendre souci de la vraisemblance, et n'ayant d'autre objectif que de s'entourer de tout le prestige, de toute l'illusion, de toute la puissance que peuvent lui prêter le luxe de la mise en scène, la splendeur du décor, la richesse du costume, les grâces de la danse, le charme de la musique, en un mot tout ce que le déploiement scénique le plus fastueux, le plus étrange, le plus varié peut réunir pour surprendre, éblouir et enchanter le spectateur.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Les coulisses d'une Féerie. Au Châtelet, pendant le ballet des insectes. 1885. Albert Robida (1848-1926). Illustrateur. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dans une œuvre dramatique, on dit d’une scène qu’elle est bien filée lorsque, cette scène étant importante par la situation qu’elle présente et qu’elle développe, l’auteur a su la conduire d’un bout à l’autre avec talent, avec adresse, avec habileté, de façon à exciter l’attention du public, à le charmer, à l’émouvoir, et à faire produire à la situation ainsi traitée tout l’effet qu’elle comporte.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Leigh, Dorien (18..-19.. ; photographe). Les astuces féminines : Jeanne Montfort ? et chanteur non identifié.Londres. 1920. Source gallica.bnf.fr / BnF
Ce mot, qui nous vient de l’italien et qui a passé sans altération dans notre langue, signifie embrouillement, confusion, embarras, enchevêtrement. Il s’applique particulièrement au théâtre, et sert à caractériser une intrigue très compliquée, très embrouillée, dans laquelle des incidents sans cesse renaissants, s’entrecroisant et s’emmêlant à qui mieux mieux, font croire à l’impossibilité de dénouer le fil entortillé de cette intrigue, qui finit cependant par s’éclaircir aux yeux du spectateur de la façon la plus naturelle.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
M. Boisselot et M. Torin. (Vaudeville). M. le Directeur. Atelier Nadar. 1894-1895 Source gallica.bnf.fr / BnF.
Une actrice a souvent recours à ce moyen lorsqu'elle possède une jolie chute de reins. Elle ne présente donc au public que le côté séducteur et lui dérobe presque continuellement sa figure. Les vieux libertins aiment beaucoup les actrices qui se présentent ainsi, et jouent chaque soir leurs rôles, les yeux fixés sur la toile du fond.
Atelier Nadar. Photographe. Mlle Léa Piron. Opéra. Thaïs. 1898. Source gallica.bnf.fr / BnF
Expression usitée au théâtre pour indiquer que les spectateurs sont rares dans la salle, et que l’on joue devant des banquettes qui en sont privées.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Le mimodrame est une sorte de mélodrame qui tire sou nom de ce fait que l’action parlée se trouvait parfois interrompue et remplacée sinon par une action mimée proprement dite, du moins par des scènes muettes qui se composaient de combats, d’évolutions, de marches guerrières et équestres, etc. qui en faisaient un spectacle à part et d’un genre particulier. Je crois bien que le mimodrame a pris naissance vers 1795, an théâtre de la Cité, à l’époque où ce théâtre eut recours, pour rappeler sa prospérité chancelante, aux chevaux de Ftanconi. On peut bien dire, il est vrai, que, pour trouver là les délices d’une illusion quelconque, il fallait y apporter une bonne volonté bien grande ou une imagination bien vive.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Madeleine Renaud, (1900-1994). Jean-Louis Barrault directeur de la Compagnie Madeleine Renaud Théâtre Marigny. Spectacles. La fontaine de jouvence (1947 ; Barrault) Source gallica.bnf.fr / BnF
Voici l’un des côtés les plus intéressants, les plus curieux et les plus compliqués de l’action scénique et de la représentation théâtrale. On peut dire qu’en dehors de la récitation pure, c’est-à-dire de la diction ou de la déclamation, comme on voudra l’appeler, la mise en scène englobe tout, comprend tout, embrasse tout, aussi bien au point de vue du matériel que du personnel : l’un et l’autre se trouvent même souvent en elle si bien confondus, qu’on ne saurait les dégager et les traiter séparément. En effet, la mise en scène est l'art de régler l'action scénique considérée sous toutes ses faces et sous tous ses aspects, non seulement en ce qui concerne les mouvements isolés ou combinés de chacun des personnages qui concourent à l'exécution de l'œuvre représentée, non seulement en ce qui concerne les évolutions des masses : groupements, marches, cortèges, combats, etc., mais encore en ce qui est d'harmoniser ces mouvements, ces évolutions avec l’ensemble et les détails de la décoration, de l’ameublement, du costume, des accessoires. D’autre part, il est certain que les mouvements d’un grand personnage en costume de cérémonie, comme un souverain dans son palais, ne sauraient être les mêmes que ceux d’un bon bourgeois agissant dans son salon. Il faut que le régisseur (1), chargé de ce service extrêmement difficile et qui comporte des détails de toutes sortes, se rende un compte exact de l'action qu'il doit faire représenter, de l’époque et du lieu où elle se passe, des costumes et de la condition de chacun des personnages, afin de régler la disposition des décors et des praticables, celle de tous les accessoires nécessaires au jeu scénique, la manœuvre des changements à vue, celle des trucs s'il y a lieu: il faut qu'il se rende compte aussi de l'espace dont il dispose pour les évolutions des masses et de la façon dont il pourra faire mouvoir celles-ci selon le plus ou moins d'encombrement de la scène et la nature des événements qu'il lui faut mettre en action
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
(1) : Rôle revenant au metteur en scène actuellement, le métier de metteur en scène naît au XIXème siècle, André Antoine (1858-1943) est ‘conventionnellement’ considéré comme le ‘premier’ metteur en scène du théâtre français.
Le Sourire. 1900. Portrait d'André Antoine. Dessin de Cappiello.
Genre de divertissement dansé, fort en vogue au seizième siècle, qui tenait de la boutade et de la mascarade. Compan définit ainsi la momerie : Mascarade, bouffonnerie, déguisement de gens masqués pour aller danser, jouer, se réjouir. Ce mot vient de Momus, le bouffon des dieux du paganisme. (Le terme générique paganisme est employé depuis le VI siècle par des chrétiens pour désigner la religion de ceux qui ne sont ni chrétiens ni juifs.)
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
TAUNAY Nicolas, Comédiens ambulants, Reims, Musée des Beaux-Arts (inv. 983.29.1) Photo : © Christian Devleeschauwer
Expression dont on se sert pour caractériser certains talents, certains jeux de scène, certaines recherches d’effets qui n’ont point de prise sur le public, qui ne produisent sur lui aucune impression et dont l’action, par conséquent, restes-en deçà de la rampe. Cette expression n’a point de caractère dédaigneux ; elle se borne à constater un fait. On connaît en effet des comédiens dont le talent fin et délicat, mais discret, ne dépasse presque jamais la rampe ; on a vu des jeux de scène très intelligente mais trop peu accusés, être dans le même cas et certains effets sur lesquels un artiste se croyait le droit de compter rester absolument nuls. Ne pas dépasser la rampe n’est un signe de faiblesse ou de médiocrité dans la conception, mais seulement dans le rendu.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Portrait de Dauty (acteur à l'Opéra comique) Disdéri, André-Adolphe-Eugène , Photographe En 1862 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Il n’est pas rare aujourd’hui de voir une pièce atteindre sa centième représentation ; il en est même qui vont d’un bond jusqu’à deux, trois et quatre cents représentations, s’éternisant pendant plus d’une année sur l’affiche d’un théâtre. Ceci nous semble très fâcheux au double point de vue de l’art et de la production dramatique ; mais il n’y a pas à discuter avec des faits de ce genre. Ce que nous avons seulement à constater ici, c’est l’habitude prise, depuis une quinzaine d’années, de célébrer dans les théâtres, par une fête intime et familière, la centième représentation d’une pièce nouvelle et de constater ainsi son succès. C’est sous la forme d’un brillant souper offert par les auteurs aux interprètes de leur œuvre et aux principaux employés du théâtre, que se produit généralement cette petite fête. Ce souper, qui a lieu d’ordinaire au théâtre, à l’issue même de la centième représentation, est suivi d’une sauterie à laquelle chacun et chacune prennent part avec ardeur.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Nouveau Théâtre. 100e Bouton d'Or. 10 avril 1893. MM. les Directeurs du Nouveau-Théâtre et les auteurs de "Bouton d'Or" ont l'honneur de vous inviter au souper de Centième qui sera servi dans le hall du Casino de Paris. Gray, Henri , Illustrateur. Appel, F. , Imprimeur. Musée Carnavalet.
Durer (spectacle, pièce). Dans le domaine du spectacle, l'expression "tenir l'affiche" s'utilise pour signifier qu'un spectacle se joue actuellement à telle salle de spectacle, est à l'affiche de tel théâtre. Le terme "affiche" fait référence au panneau publiant les principales caractéristiques du spectacle. Notons le sens extensif du verbe "tenir" signifiant ici "se maintenir à".
L'afficheur. Grandville, Dessinateur. Forest, Eugène, Dessinateur-lithographe. Imprimerie Becquet, Imprimeur. Aubert (Imprimeur, lithographe, éditeur), Éditeur. En 1833. Maison de Balzac.