Une première, c'est le plus souvent la dernière répétition générale. Les craintes, les incertitudes, les embarras du costume, le retard des décors, la longueur des entractes, sont les moindres épisodes de ces solennités si courues et si étouffantes.
L'indiscret. Souvenir des coulisses.
Paris. Au bureau des éditeurs.1836
DEVAMBEZ André, Une première au théâtre Montmartre, Reims, Musée des Beaux-Arts (inv. 907.19.294) Photo : © Christian Devleeschauwer
On appelle ainsi la longue série de travaux et d’études préparatoires auxquels se livre le personnel d’un théâtre pour apprendre une pièce nouvelle et la mettre en état d’être offerte au public. Un écrivain peu au courant du sujet qu’il traitait a écrit ingénument ceci : « Les premières répétitions se font, le manuscrit à la main, devant l’auteur et le metteur en scène. Tandis que l’un et l’autre s’évertuent à faire comprendre l’esprit de la pièce, à en régler les positions et le mouvement, les acteurs causent de leurs petites affaires, maudissent la critique, cassent du sucre, devinent des mots carrés ; les dames brodent, tricotent, ourlent des mouchoirs, sans autrement s’occuper de la question théâtrale. Enfin, les rôles sont sus, ça se fond, l’auteur, après ce purgatoire, voit arriver le jour de la première. » Il faut n’avoir jamais mis le pied dans un théâtre pour se livrer à de tels enfantillages de plume; il faut ignorer complètement la nature du travail scénique pour croire que les choses se font ainsi toutes seules et sans que personne y mette du sien; il faut surtout n'avoir jamais assisté à une de ces grandes répétitions générales qui durent parfois de sept heures du soir à trois et quatre heures du matin, où l'on passe trois ou quatre heures entières sur un seul acte, sur un seul tableau, d'où chacun sort rompu, harassé, énervé, n'en pouvant plus, il faut n'a- voir rien vu de tout cela pour écrire sans rire de telles balivernes et traiter ainsi par-dessous la jambe u travail aussi sérieux, aussi rude, parfois aussi cruel que celui du théâtre.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Théâtre du Gymnase – Une répétition de l’Abbé Constantin, pièce en quatre actes, tirée du roman de M. Ludovic Halèvy, par MM. Hector Crèmieux et Pierre Decourcelle Dessin de M. Paul Destez. 1887
Les Mystères du théâtre. Lecture pour tous. 19..
Dans le guignol. L'auteur et le directeur assistent aux dernières répétitions, installés dans le guignol, sortie de petit théâtre en forme de guignol qu’on établit sur la scène en vue de parer aux courants d’air. Ils peuvent enfin se rendre compte du jeu des acteurs qui désormais répètent, non plus en tenue de civile, mais dans le costume de leur rôle.
Comment on monte un opéra. C'est d'illusion que vit l'art du théâtre. Mais, si nous aimons à nous prêter aux séductions d'une illusion artistique, c'est une tendance non moins impérieuse de notre esprit de chercher le comment des choses et de vouloir pénétrer les secrets qu’on s'efforce de nous dérober. De là vient l'intense curiosité qu'excite dans le public tout ce qui lui révèle un peu de l'envers du théâtre. En parcourant les mystérieux dessous de notre grand Opéra, en assistant au travail des répétitions, notre lecteur s'initiera aux multiples efforts dont chaque représentation est le résultat et le brillant épanouissement. qui paraissent souvent sur la scène.
Lorsqu’une pièce est mise à l’étude dans un théâtre et qu’on s’occupe des premiers travaux qui lui sont relatifs, on dit ; ’qu’elle entre en répétitions’.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Groupe souris. Gaîté. Petit Poucet. Atelier Nadar. 1885. Source gallica.bnf.fr / BnF
Répétition d'une scène ou d'une pièce sans interruption.
MM. Gauthier et Vincent. Vaudeville. La retraite. Atelier Nadar. 1905. Source gallica.bnf.fr / BnF.
Locution du langage théâtral, qui signifie mettre un acte en scène, régler tous les mouvements, toutes les évolutions du personnel, arrêter la façon dont se feront les entrées, les sorties, de manière qu’aucune erreur, aucune hésitation ne puisse se produire de la part de ceux qui coopèrent à l’action scénique. Lorsqu’un acte est planté, on passe à un autre.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Me Réjane et les soldats. Vaudeville. Madame Sans Gêne. Atelier Nadar. 1893. Source gallica.bnf.fr / BnF
C’est la répétition qui précède la générale. Dans la hiérarchie des grades militaires, le colonel est juste en dessous du général.
Alexandre Ferdinandus (1850-1888). Dessinateur du modèle. Théâtres. Une répétition d'Hamlet à l’Opéra. 1868. Source gallica.bnf.fr / BnF
C’est souvent aussi l’avant-dernière répétition avant la première représentation. Elle a pour objectif de tester la pièce avec tous les costumes, de fixer les dernières retouches, d'optimiser les changements et l'habillage. Le nom vient du fait qu'elle permettait aux couturières de faire les dernières retouches aux costumes. De la création à la dernière représentation
Appelé aussi Répétition des couturières
Répétition du Ballet de l’Opéra Paul Renouard (1845-1924). Dessinateur. Une répétition du ballet, Opéra Henri VIII. 1883. Source gallica.bnf.fr / BnF
Répétition intégrale ou partielle des déplacements en mode rapide. Les dialogues peuvent être tronqués. C’est un exercice de mémorisation des déplacements et d’appropriation de l’espace scénique. Cette répétition est particulièrement nécessaire quand la troupe se déplace dans un nouveau théâtre. L’Allemande est une italienne en place, c’est-à-dire une répétition où les comédiens disent le textes sans vraiment le jouer et en se déplaçant en respectant la mise en scène. Donc en effectuant tous les déplacements prévus par le metteur en scène.
Répétition intégrale ou partielle du texte en mode rapide. Les dialogues sont dits en accélérés, sans nécessité de tons, d’expressions et de déplacements. C’est un exercice de mémorisation du texte et plus particulièrement des enchaînements des dialogues des personnages.
Répétition de la Sérénade de Jean Jullien, au Théâtre Libre. Dillon, Henri-Patrice , Peintre En 1889 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Le monde illustré (1879) Le théâtre Illustré – Une promenade dans les coulisses du Châtelet pendant la représentation de la ‘Vénus noire’ (Dessin de M. Vierge)
1 : Le maître de ballet / 2 : Les Miams-Niams et l’avertisseur
3 : Les caresses de la girafe
4 : L’arrivée des chevaux
5 : Le régisseur et les présents du roi Mounza
6 : Le tonnerre
7 : Un refus d’entrée en scène / 8 : Un passage difficile
9 : Les danseuses et le dromadaire
10 : La manœuvre du bateau à vapeur
La répétition générale est la dernière répétition avant la première représentation. Elle couvre la totalité de la pièce dans les conditions de mise en scène de la représentation publique (durée, costumes, décors, son, éclairage…). Elle peut accueillir des amis, des invités, parfois la presse.
Répétition générale sur le théâtre de Marseille [...]. / 516 Cham (Amédée Charles de Noé, dit) , Dessinateur-lithographe Destouches, Pierre Louis Hippolyte , Imprimeur-lithographe Martinet (imprimeur-libraire) , Editeur Musée Carnavalet, Histoire de Paris
La Vie parisienne, 24 novembre 1877 Anonyme , Graveur Anonyme , Dessinateur La Vie parisienne , Editeur En 1877 Maison de Victor Hugo - Hauteville House
Une répétition générale
Le Panorama La Danse – l’Opéra Paris s’amuse n° 6 - 1897
Aux répétitions on fait ce qu’on nomme en style de coulisses la chasse aux mots, on pèse les expressions qui seraient de nature à choquer l’oreille chaste du public. On sacrifie les détails oiseux et l’on fait des coupures ou des rognures. Voltaire écrivait aux comédiens français,
après la représentation de l’Orphelin de la Chine : « Si vous trouvez quelques longueurs
dans le cours de l’ouvrage, je vous permets de faire des coupures, ce sont des citoyens qu’il faut quelquefois sacrifier au salut de la République, mais faites-en sorte qu’on en use modérément, car les faux connaisseurs sont souvent plus à craindre que ceux qui sont bonnement ignorants. »
Lemière écrivait à propos d’une tragédie qu’il fallait corriger aux répétitions : « Je ne suis point de ces gens qui sont indulgents pour leurs enfants, je les traite, au contraire, comme on les traitait à Sparte, où l’on faisait mourir tous ceux qui venaient au monde borgne, boiteux et tortus. »
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Guyon, Gobain. Folies- Dramatiques. Surcouf. 1887. Atelier Nadar. Source gallica.bnf.fr / BnF
Les Mystères du théâtre. Lecture pour tous. 19..
La scène de l'opéra la veille d'une première. Un trou béant et noir, ou l'on a peine à distinguer des ombres en mouvement, c'est la scène, faiblement éclairée par quelques lampes électriques. Les machinistes s'occupent à mettre la dernière main à un décor, des ouvrières cousent quelques points à une toile de fond. A lui seul, le service des décors exige un personnel très nombreux : 2 chefs machinistes, 4 chefs de brigade, 8o machinistes titulaires et de 20 à 6o auxiliaires bris à la soirée.
Comment on monte un opéra. C'est d'illusion que vit l'art du théâtre. Mais, si nous aimons à nous prêter aux séductions d'une illusion artistique, c'est une tendance non moins impérieuse de notre esprit de chercher le comment des choses et de vouloir pénétrer les secrets qu’on s'efforce de nous dérober. De là vient l'intense curiosité qu'excite dans le public tout ce qui lui révèle un peu de l'envers du théâtre. En parcourant les mystérieux dessous de notre grand Opéra, en assistant au travail des répétitions, notre lecteur s'initiera aux multiples efforts dont chaque représentation est le résultat et le brillant épanouissement.