Théâtre National de l'opéra-Comique en 1886 / Portraits du personnel administratif et artistique du théâtre national de l'Opéra-Comique. Méaulle, Fortuné Louis, Graveur. Chalot, Isidore Alphonse, Auteur du modèle. Nadar (Gaspard-Félix Tournachon, dit), Auteur du modèle. Benque, Wilhelm, Auteur du modèle. Bosch, Otto van, Auteur du modèle. Petit, Pierre (Pierre Lanith Petit, dit), Auteur du modèle. Marius, Auteur du modèle. Le Journal illustré, Éditeur. 1886. Musée Carnavalet, Histoire de Paris
(Théâtre et Music-hall) Au début de chaque représentation les acteurs étaient prévenus par les aboyeurs qui passaient dans les loges et dans les couloirs, cet emploi était réservé aux jeunes régisseurs, il est maintenant remplacé par une sonnerie ou un réseau d'ordre (haut-parleurs placés dans les loges). Les aboyeurs annonçaient aussi les consignes et le déroulement du spectacle. Appelé aussi : bonisseur et bonimenteur pour le cirque (homme qui fait l'annonce de parade ou quelque autre boniment de foire). L’aboyeur est aussi sur un spectacle de marionnettes la personne qui au fur et à mesure du déroulement de l'action, commente le jeu des poupées à l'attention des spectateurs. Au Music-hall, Il s'agit aussi d'un crieur placé à la porte d'un théâtre ou d'un music-hall incitant les promeneurs et les passants à entrer voir le spectacle. Bonisseur : Celui qui fait l’annonce, le boniment. Argot des saltimbanques. (Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau. 1883) Aboyeur Crieur public ou particulier qui se tient dans les marchés ou à la porte des théâtres forains. (Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau. 1883)
Dans les théâtres importants, on trouve toujours au moins un accompagnateur au piano, chargé de donner les leçons et d’apprendre aux chanteurs les rôles des opéras nouveaux, ainsi que d’accompagner au piano les répétitions jusqu’au moment où l’orchestre vient prendre part aux études. A Paris, où les accompagnateurs sont toujours des artistes fort distingués, souvent des compositeurs émérites, ils prennent le titre de Chefs du chant.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Théâtre national de l'opéra. Une répétition d'orchestre de la montagne noire, sous la direction de l'auteur, Mme Augusta Holmès : M. Mangin, chef du chant. M. Gaillard. Madame Holmès. M. Lapissida. M. Taffanel, chef d'orchestre. Dessin de M. Paul Destez ; Fleuret [signature]. 1895. Source gallica.bnf.fr / BnF
C'est un métier, c'est un art, c’est une vocation, c'est tout ce que l'on voudra.
Pour être auteur, il faut avoir ou du génie, ou de l'esprit, ou du savoir-faire : voilà ce que j’affirme ; et si l'on me donne un démenti, je citerai les ouvrages de MM. Casimir Delavigne, Scribe et Sewrin.
Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités sur … Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.
Tout ce qu'on voudra
Daumier, Honoré , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Celui qui circule dans les loges des artistes et les couloirs et qui annonce l'acte qui va commencer et prévient chaque acteur devant y jouer ! L’avertisseur !
Voir : Accompagnateur
De l'imagination et pas de jambes, du goût et pas de souplesse, de la grâce et point de force, voilà ce qu'il faut à un chorégraphe qui n'est pas danseur.
Dictionnaire théâtral, ou Douze cent trente-trois vérités sur les directeurs, régisseurs, acteurs, actrices et employés des divers théâtres ; confidences sur les procédés de l'illusion ; examen du vocabulaire dramatique. Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.
Mlle Reggia et Litini. (Gaîté. Le talisman). Atelier Nadar]. 1893. Source gallica.bnf.fr / BnF.
Il a sa loge au théâtre, il y siège en ceinture ; il doit être toujours prêt à haranguer le public, comme les gendarmes doivent être toujours disposés à soutenir ses arguments.
Dictionnaire théâtral, ou Douze cent trente-trois vérités sur les directeurs, régisseurs, acteurs, actrices et employés des divers théâtres ; confidences sur les procédés de l'illusion ; examen du vocabulaire dramatique. Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.
Gardel et Bonnaire. Châtelet. Coco- fêlé. Atelier Nadar. 1885. Source gallica.bnf.fr / BnF.
Homme expérimenté dans le dessin, la peinture, la sculpture, l’architecture et la perspective qui invente ou qui exécute, et dispose des ouvrages d'architecture peinte et toutes sortes de décorations nécessaires au théâtre.
Dictionnaire dramatique contenant l’histoire des théâtres, les règles du genre dramatique, les observations des maîtres les plus célèbres et des réflexions nouvelles sur les spectacles (1776) de Joseph de La Porte et Sébastien-Roch-Nicolas de Chamfort (1er volume)
Rubé. Décorateur. Atelier Nadar. 1875-1895. Source gallica.bnf.fr / BnF
Auguste Alfred Rubé né à Paris le 20 juin 1817 et mort dans la même ville le 13 avril 1899 est un peintre, décorateur de théâtre et scénographe français. Auguste Alfred Rubé a été un innovateur dans le métier du décor théâtral. Ce décorateur d’une rare ingéniosité, s’est attaché à une recherche de couleur locale correspondant au mouvement romantique. Il avait été à bonne école avec son maitre Ciceri, le décorateur de l’Opéra-Comique, dont il venait d’épouser la fille. Ciceri avait la confiance de Dumas père, qui s’en rapportait à lui ainsi qu’à ses élèves, Rubé, Charles Séchan, Jules-Pierre-Michel Dieterle, Édouard Desplechin, mais Rubé voulait encore faire mieux : non seulement il cherchait à reproduire les paysages avec exactitude, il les faisait pittoresques. À sa mort, en 1899, Rubé était devenu le doyen des peintres décorateurs (Wikipédia)
Le Directeur du théâtre Français apprenant à parer une tragédie en 5 actes. Cham (Amédée Charles de Noé, dit) , Dessinateur-lithographe Destouches, Pierre Louis Hippolyte , Imprimeur-lithographe Arnauld de Vresse , Editeur En 1868 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Un directeur de n'importe quel théâtre.
Gredin de thermomètre …. Il montera donc toujours ! …
Daumier, Honoré , Dessinateur-lithographe Destouches, Pierre Louis Hippolyte , Imprimeur-lithographe Martinet (imprimeur-libraire) , Editeur En 1856 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Chaque théâtre emploie un certain nombre d’habilleurs et d’habilleuses, qui font office de valet et de femme de chambre auprès des artistes auxquels les attache l’administration. Chacun des acteurs chargés d’un rôle important à son habilleur ou son habilleuse spéciale ; ceux qui remplissent des emplois secondaires, et qui sont deux, trois ou quatre pour occuper une seule loge, n’ont qu’un habilleur ou une habilleuse par loge. Les choristes, les danseuses du corps de ballet, qui sont parfois réunies huit, dix ou douze dans une loge, n’ont qu’une ou deux habilleuses par loge.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Mlle E. de Bréville (Breuil). Habilleuse au Français. Atelier Nadar. 1910. Source gallica.bnf.fr / BnF
Femme à part, être privilégié et devant qui s'ouvrent les loges les plus secrètes. C'est l'habilleuse qui tient la clé des arsenaux les plus secrets, c'est elle qui pose les rubans sur la tête de La fiancée fait une étude des émotions d'un premier début et analyse la crainte d'un rôle mal appris. L'habilleuse est une sorte d'acolyte, qui connaît, les déviations de la taille, les proéminences des omoplates, les misères de la poitrine, et qu'on paie pour ne pas divulguer les confessions du corset.
L’Indiscret, souvenirs des coulisses (1836). Paris – Au bureau des éditeurs. Rue Grange-Batelière, 22.
Celles que le spectacle n’empêche pas de dormir (cliché pris au Nouveau-Cirque)
L'art du machiniste, en France, sembla longtemps rester en arrière, tandis que tous les autres arts qui concourent à l'établissement d'une salle de spectacle commode et convenable atteignaient, par une série de progrès successifs, une perfection rapide. Au siècle dernier, les Italiens excellaient dans ce genre ; aujourd'hui ce sont les Français qui l'emportent sur les autres nations. On a vu jusqu'ici peu d'architectes s'occuper sérieusement de cette partie de l'édifice qui appartient au machiniste et au peintre-décorateur comme leur spécialité. Il faut, lorsqu'on détermine la forme d'un théâtre et que l'on esquisse le plan des fondations qui doivent le supporter, avoir déterminé d'avance le parti que l'on pourra prendre pour l'ajustement des combles et de ses divers planchers, sans perdre de vue que ces parties sont elles-mêmes régies par le développement des machines destinées à faire mouvoir les décorations; cependant il arrive souvent que, négligeant cette sage précaution, l'architecte, après avoir inconsidérément établi les plans des parties inférieures, sans tenir compte de ces données obligées, éprouve le plus grand embarras pour accorder le tout ensemble, et laisse, ce qui est le pire, le machiniste ainsi que le décorateur dans l'impossibilité de satisfaire aux conditions qui leur sont imposées, soit par le manque d'emplacement, soit à défaut des points d'appui et des intervalles qu'il eût été nécessaire de réserver entre les charpentes du bas et du haut, pour y loger commodément les machines et tous leurs accessoires.
Atelier Nadar. Photographe. Machiniste des Nouveautés : [photographie, tirage de démonstration] / [Atelier Nadar]. 1910.
Les machinistes sont les ouvriers chargés du service des décors et de tout ce qui concerne la mise en scène matérielle. Leur nombre varie, naturellement, selon l’importance et la nature du théâtre auquel ils appartiennent. Tandis qu’un théâtre de dimensions modestes pourra se contenter de huit ou dix machinistes, une scène de plus vastes proportions en exigera une vingtaine, et s’il s’agit d’un théâtre machiné, jouant des pièces à grand spectacle, le nombre pourra s’élever à quarante, cinquante et quelquefois davantage. L’Opéra n’emploie pas moins de soixante à quatre-vingts machinistes, qui parfois sont augmentés de quarante ou cinquante aides externes, comme, par exemple, pour le fameux vaisseau de ‘l'Africaine’. L’ensemble du personnel des machinistes d’un théâtre prend le nom d’équipe. Cette équipe se divise généralement en trois brigades : la brigade de la scène, la brigade du cintre et la brigade des dessous, commandées chacune par un brigadier, qui a pour aide un sous-brigadier. Le service est organisé avec une précision qui ne saurait être nulle part plus nécessaire, et chaque homme a sa tâche spéciale à un poste qui lui est assigné. Dans cet apparent et immense tohu-bohu qui signale un changement de décor sur un grand théâtre, il faut en effet qu’il ne règne aucune confusion réelle, et pour cela il faut que chacun soit à sa place, sache ce qu’il a à faire et ne s’écarte pas de sa tâche.
Les machinistes doivent faire preuve, dans leur travail, d’adresse et de vigueur, de force et de rapidité. Ceux-ci transportent les châssis et les mâts, ceux-là grimpent comme des chats au sommet de ces mêmes mâts pour y fixer les feuilles de décoration, l’un traverse le haut du théâtre sur un pont volant pour passer d’un corridor à l’autre du cintre, tandis qu’un autre part de l’escalier des dessous pour exécuter un ordre et arrive d’un trait sur le gril, après avoir franchi la hauteur de la scène et des dessus. Il est prodigieux de voir l’adresse de ces hommes robustes, qui maintiennent en équilibre, en les transportant, des châssis ayant parfois jusqu’à dix mètres de développement et dont le poids est souvent fort inégal en raison de leur forme particulière. La manœuvre du décor proprement dit n’est pas le seul travail des machinistes. Ce sont eux aussi qui font jouer les trappes, qui procèdent aux transformations instantanées des personnages de féerie, qui font descendre du ciel les gloires entourées de nuages, eux encore qui doivent faire la pluie, le vent, la neige, les éclairs, le tonnerre, qui doivent imiter le roulement des voitures, allumer les incendies, etc., etc. En résumé, le service des machinistes est très compliqué, très divers, parfois dangereux, et il exige de leur part beaucoup d’attention, d’activité et de bonne volonté.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Dans un grand théâtre, le machiniste en chef est un personnage fort important ; on s’en rend facilement compte en songeant au talent qu’il doit déployer et à la responsabilité énorme qui pèse sur lui. C'est lui qui doit procéder à la construction de tous les châssis de décors, de tous les praticables, de tous les bâtis, qui doit régler les plantations, exécuter les trucs et en régler le jeu, établir le mouvement des trappes et trappillons, équiper toutes les parties de la décoration, organiser les manœuvres, commander à un nombreux personnel en fixant à chacun la tâche qui lui incombe, envisager l'ensemble et surveiller les mille détails de la machinerie, parer aux accidents qui peuvent se produire, veiller sans cesse à la confection , à l'entretien et au renouvellement d'un matériel très coûteux, se faire obéir sans hésitation de tous ses subordonnés, avoir l'œil partout et sur tous pour éviter toute surprise, tout faux mouvement, toute erreur, dont les conséquences pourraient être incalculables, soit au point de vue de la marche des représentations, soit en ce qui concerne la sûreté des personnes et du théâtre même. Un machiniste habile, on le comprend, est un homme précieux, qui doit joindre les qualités du caractère, l’autorité du commandement, le sang-froid dans le danger, au talent de l’artiste et aux connaissances professionnelles. Le machiniste doit être tout à la fois menuisier, charpentier, ébéniste, serrurier, mécanicien ; l'étude du dessin, celle de la dynamique, lui sont indispensables; il ne doit être étranger ni à la physique, ni à la chimie, auxquelles il peut emprunter de précieux effets ; son imagination doit être sans cesse éveillée pour la construction des trucs, qui exige un véritable génie d'invention et une souplesse d'esprit infinie pour la découverte des moyens à employer ; enfin il lui faut avoir le coup d'œil net, rapide et sûr pour remédier aux défauts possibles d'une décoration, régler la marche et le mouvement de chacune d'elles et aider le peintre dans la recherche et le jeu des effets de lumière. En un mot, le chef machiniste est l’âme du théâtre au point de vue matériel, celui qui, à ce point de vue, est seul responsable devant la direction et devant le public de tout ce qui se produit sur la scène, et dont l’autorité doit être telle que pas un fil, pas un fétu, pas un lambeau de toile ne puisse être dérangé sur le théâtre, dans les dessous ou dans les dessus, sans son ordre ou son assentiment.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Le marchand de contremarques en 1850 - Daumier
Arrivée au théâtre, place du Châtelet, marchand de contremarques Lepère, Auguste , Graveur Lepère, Auguste , Dessinateur En 1888 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Il existe une industrie modeste, mais heureuse, qui craint l'humidité des brouillards, et ne s'aventure jamais sur les trottoirs ; stationnaire le jour dans les galeries du Palais-Royal ou sur le quai des Lunettes, elle se fait coureuse la nuit, et de grande et superbe Dame qu'elle était le matin, elle vient se louer à un prix modique ou se vendre en détail. Mais, son règne de la soirée exigé une voix qui le publie et une existence qui se dévoue à protéger sa durée. Cette existence, c'est celle d'un homme, et cet homme, le marchand de lorgnettes.
L'ubiquité du marchand de lorgnettes est une nécessité de son état ; il lui faut en outre du grave dans l'organe, un adroit babil, un tempérament lymphatique, des mains propres et des chaussons. Il y a un théâtre surtout où la location et la vente des lorgnettes sont nombreuses, c'est l'Opéra. Le marchand de lorgnettes, devrait y être tenu à une redevance quotidienne au profit des figurantes danseuses.
L'œil du spectateur est si avide. L'indiscret. Souvenir des coulisses.
Paris. Au bureau des éditeurs.1836.
Woman with Opera Glasses - vers 1898 (Document Internet)
Chaque administration théâtrale a son médecin à elle, chargé de guérir les entorses subites et de dresser procès -verbal des esquinancies supposées. L'antipathie qu'éprouvait Molière pour les médecins de son temps est assez énigmatique, puisque la cérémonie burlesque de la réception en latin macaronique du Malade imaginaire, le grand comique la devait à un médecin de ses amis nommé Mauvillain. Quoiqu'il en soit, les médecins aux dépens desquels on s'amusait si bien alors, ont été tout à réhabilités de nos jours. Le docteur d'Elle est folle’ n’a pas peu contribué à prouver que les deux plus grands médecins n'étaient pas seulement le sommeil et la mort.
L'indiscret. Souvenir des coulisses. Paris. Au bureau des éditeurs.1836.
Le médecin de théâtre Puisque vous le voulez absolument, ma toute belle, je trouve que vous avez de la fièvre, … une fièvre abominable… et je vais signer le certificat qui vous dispensera de jouer demain … mais je vous engage à vous soigner et à ne manger ce soir à votre souper qu’un simple macaroni, un poulet truffé et une légère salade de homard. Jacque, Charles Emile , Dessinateur-lithographe Aubert (Imprimeur, lithographe, éditeur) , Imprimeur-lithographe Aubert (Imprimeur, lithographe, éditeur) , Editeur Pannier & Cie , Editeur En 1843 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Cerbère préposée à la garde des loges. De l’espèce courante, toujours jappant et prête à lâcher prise pour une meilleure curée. Une ouvreuse qui a vingt ans de service est le répertoire le plus complet des anecdotes de coulisses. C’est l’archiviste des renseignements biographiques et l’almanach infaillible des adresses.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Scènes de mœurs. / 11./ Une ouvreuse de loge. En 1841 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Ouvreuse Mammifère du sexe féminin, préposé à la garde des loges dans nos théâtres, et tout exprès créé pour le désespoir de ses semblables des deux sexes. Il est vrai de dire que, tandis que les ouvreuses devraient être rétribuées par les administrations théâtrales pour se tenir à la disposition des spectateurs, celles-ci au contraire, exigent d'elles cette rétribution, plus un cautionnement, sous le prétexte que c'est public à payer leurs services. Il suit de là que ces employées deviennent de véritables mendiantes, ne cherchent qu'à rançonner les spectateurs, et, dans leur rage de faire confier quelque objet à leur garde pour légitimer leurs obsessions ultérieures, exigeraient volontiers des hommes leur gilet et des femmes leur corset. C'est une indignité que de voir les théâtres, pour un profit après tout très mince, obliger ceux qui les fréquentent a un contact devenu répugnant, et les faire mettre en coupe réglée par de pauvres femmes qui, en somme, ne cherchent qu'à gagner leur vie, mais dont les procédés sont pour les spectateurs une source intarissable de désagréments de toutes sortes.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
L'ouvreuse
Emploi féminin qui consiste à conduire les spectateurs à leurs places, avant et pendant une représentation, et à l'entracte proposer les fameuses gâteries (et dans certains cas assurer le contrôle des billets). Les ouvreuses sont presque uniquement rémunérées par les pourboires des spectateurs. Le prix du travail varie donc en fonction du nombre de spectateurs et de leur générosité. Autrefois les ouvreuses devaient verser à leur direction une caution qui leur était remboursée lorsqu'elles quittaient le théâtre. Cette caution était généralement prêtée par une agence à laquelle elles étaient tenues de verser des intérêts. Pratique presque totalement disparue. ‘L’ouvreuse qui a du métier flaire le client à la mise et à la démarche : elle peut tarifier d’avance son degré de générosité. Elle voit d’un mauvais œil les billets d’auteur et ceux d’administration, surtout quand il n’y a que des dames. À l’entendre, tout est loué ! quand il n’y a quelquefois personne. Ne la croyez pas sur paroles, mais ne discutez pas : Elle est plus forte que vous. Méfiez-vous encore des places gardées par une paire de gants. Ces gants appartiennent à l’ouvreuse et la place au plus offrant.’
La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878
Dans les couloirs de la Comédie-Française. La doyenne des ouvreuses.
Cerbère préposée à la garde des loges. De l’espèce courante, toujours jappant et prête à lâcher prise pour une meilleure curée. Une ouvreuse qui a vingt ans de service est le répertoire le plus complet des anecdotes de coulisses. C’est l’archiviste des renseignements biographiques et l’almanach infaillible des adresses.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Madame l’ouvreuse Albert Robida, in GIFFARD Pierre, La vie au théâtre, op. cit., p.16. Les deux ouvreuses sont représentées pendant le spectacle. Les manteaux sont numérotés et suspendus en attendant leur propriétaire. Ces deux femmes à la physionomie peu valorisante discutent. C’est le travers qui est le plus dénoncé par les spectateurs.
Maurice (1860-1934). Dessinateur. Scène de théâtre : ouvreuse.1900-1913. Source gallica.bnf.fr / BnF
Au Théâtre en été. Ouvreuse, je quitte ça. Il fait si chaud ! Le Charivari, mercredi 24 juillet 1872
Gatine, Georges-Jacques (1773-1841?). Graveur. Costumes d'ouvrières parisiennes par Gatine. 1824. Source gallica.bnf.fr / BnF
Le régisseur est le moteur de la machine théâtrale, la doublure du directeur. Tandis que son chef de file, suffisamment orné de sa majesté morale, est au théâtre comme chez lui, c’est-à-dire en robe de chambre et en pantoufles, le régisseur porte une perruque, un habit noir et une cravate blanche… Cette tenue soignée est indispensable au maintien de son autorité… Il faut enfin que le régisseur soit prêt à tout instant à paraitre devant le public et à solliciter son indulgence pour les rhumes, indispositions et changement de spectacles. C’est le régisseur qui crie : Place au théâtre ! qui frappe les trois coups pour avertir l’orchestre, et qui commande ‘au rideau !’ si terrible à l’oreille du débutant. Le régisseur règne dans les coulisses. Il impose le silence, il gourmande, il gronde comme le tonnerre. D’un œil rapide il parcourt son empire et cherche s’il ne voit pas quelque figure étrangère, quelque intrus qui ne jouisse pas légalement de ses entrées… Le régisseur à la clef du trésor des traditions. Aussi sa parole est-elle un oracle pour toute la troupe. On l’entoure, on l’écoute, on le consulte.
Extrait de ‘Physiologie du théâtre, par un journaliste. J.Laisné éditeur 1841
Le régisseur est un technicien du spectacle. Il supervise l'équipe technique pendant les répétitions, veille au bon déroulement de multiples aspects, dont les entrées et les sorties de scène, les signaux d'éclairage et de son, les changements de décor, ainsi que l'organisation, la mise en place et l'utilisation des accessoires.
Le régisseur est la bête noire des comédiens. C'est toujours de sa faute si les pièces tombent, si les acteurs sont malades, si l'affiche est mal faite, si le spectacle est mal choisi, si M. Frédérick manque son entrée, si mademoiselle Gico est enrhumé, c'est sa faute, sa très grande faute ; il doit tout voir, tout entendre, tout surveiller ; il est la clef de voûte de l'édifice. C'est l'adjudant d'une troupe indisciplinée. Il ne peut que punir et n'a pas le pouvoir de récompenser. C'est aussi lui qui frappe les trois coups et qui crie : au rideau ! Il impose les amendes aux acteurs, gourmande les figurants, se dispute avec les machinistes et, s'il a une maîtresse, c'est la dernière arrivée des figurantes à qui il fait peur. C'est enfin comme le disait Odry, la "chenille" ouvrière de la maison.’
Secrets des coulisses des théâtres de paris' – 1865
’Régisseur - Alter ego, bras droit, chef d'état-major, du Directeur ; toujours vu d'un mauvais œil par les camarades sur lesquels il a une certaine autorité et un devoir de contrôle. C'est lui qui fait le TABLEAU, surveille les répétitions, constate les retards et les absences ; vérifie la mise en scène, les accessoires, appelle au théâtre, frappe les trois coups. La brochure à la main, il regarde si chacun est à son poste pour son entrée. C'est le mouvement perpétuel. Un bon régisseur est la cheville ouvrière d'une troupe. Dans les grandes occasions, quand il faut parler au public, c'est lui qui endosse l'habit noir et les gants blancs, fait les trois saluts d'usage et dit : Messieurs...’
La langue théâtrale – 1878
Atelier Nadar. Photographe. Régisseur du théâtre des Nouveautés.1910. Source gallica.bnf.fr / BnF
Personne chargée de prévenir les oublis des comédiens en leur soufflant leur texte. Installé dans le fameux trou du souffleur, qui tend à disparaître (voir qui a disparu) le souffleur se tient plus souvent en coulisse. Jacques Copeau fut le premier à estimer que les acteurs devaient savoir suffisamment leur rôle et se passer de toute aide.
Si le comédien se croit sans souffleur il perd la mémoire à l’instant et balbutie ; mettez dans le trou un mannequin qui représente un auxiliaire pour la mémoire , l’acteur arrivera au bout de son rôle sans avoir omis une syllabe ; c’est ce que savent tous les vieux loups de coulisses , c’est ce qui fit qu’un jour, à propos du Chien de Montargis, le souffleur de la Gaîté n’ayant pas la brochure, prit la pièce de Vincent de Paule, et fit semblant de suivre chaque acteur sur un livre, dont la vue seule fut un talisman , personne ne se trompa.
Un acteur perdit un jour la mémoire à cet hémistiche :
J’étais alors à Rome ……… Il répéta plusieurs fois.... Et, voyant que le souffleur n’envoyait pas le mot, il lui dit d’une voix forte :
Eh bien, Monsieur, que faisais-je donc à Rome ?
Le souffleur fut tiré de sa distraction par l’apostrophe, et le public applaudit.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Le public croit généralement que le souffleur ne souffle que lorsque la mémoire fait défaut au comédien ; c’est une erreur : le souffleur souffle toujours et doit être en avance d’un mot ou deux sur l’acteur. Il envoie le mot et un signe à celui qui attend la réplique. Celui qui ne sait pas ou auquel la mémoire fait faillite prend du souffleur, auquel il fait souvent appel du pied, ou en jouant près de la rampe quand il devrait être au fond.’
La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878
Lourdey, Maurice (1860-1934). Dessinateur.Scène de théâtre : souffleur : dessin.1900-1913. Source gallica.bnf.fr / BnF
‘ Généralement un vieil artiste, qui souffle la pièce et ne la joue jamais ; d’où l’expression “souffler n’est pas jouer”.’ Petit dictionnaire humoristique d’argot théâtral. Eugène Joullot.1933
Le ‘trou’ du souffleur à l’Odéon. Attentif au moindre signal, le souffleur seconde la mémoire défaillante des acteurs en scène.
Souffle-douleur : Surnom donné au souffleur, quand les comédiens les sollicitaient exagérément.
Prendre du souffleur : Quand un comédien s'approche de la rampe afin que le souffleur lui dise son texte (vielle pratique).
Capot : Nom donné à la boîte du souffleur.
‘Le théâtre, c'est le souffleur. D’abord, il n'y a que lui qui sait toute la pièce !’ Citations de Jean Anouilh
A écouter : Le Trou Du Souffleur de Raymond Devos
A voir : Le Souffleur. Film Guillaume Pixie. 2003
16 octobre 1948 : un souffleur au travail, lors d'une représentation de "La Sorcière", une pièce traditionnelle du "père du théâtre yiddish" Abraham Goldfaden, à l'Alexandra Theatre de Londres.
On raconte que l’emplacement du trou du souffleur du Théâtre de la Ville correspond à l’endroit où Gérard de Nerval a jadis mis fin à ses jours. Dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 janvier 1855, Paris est sous la neige et Gérard s’est pendu dans une petite rue de la rive droite, à quelques pas de la Seine et de la place du Châtelet, la rue de la Vieille-Lanterne, que les travaux d’Haussmann recouvriront bientôt : en superposant les anciens et les nouveaux plans de la ville, on découvre que le gibet de fortune du poète tombe dans le trou du souffleur du Théâtre de la ville. Celui que les puissances symboliques poursuivent ainsi au-delà de la vie terrestre avait aimé le théâtre, avait fondé une revue de théâtre, écrit pour le théâtre, et sa légende s’est construite à partir de la passion qu’on lui a attribuée pour une actrice, Jenny Colon, morte en 1842.