C’était le cri d’Auguste Veyron, le régisseur des Variétés, pour faire entrer les choristes sur la scène. Il le tenait de son prédécesseur, le père Guibert. Voici comment ce cri de ralliement lui fut transmis : M. Guibert, à son lit de mort, fit appeler Auguste et lui dit ceci : ” C’est vous, monsieur, qui allez me remplacer dans l’emploi de régisseur ; permettez à un mourant de vous donner quelques conseils : soyez indulgent pour les femmes, pour les choristes surtout. Les seuls moments heureux de ma vie, je les ai passés avec elles. “J’ai encore une recommandation expresse à vous faire : “ Ne ralliez jamais vos choristes femmes qu’avec ces mots : à nous les bergères ! elles y sont faites depuis trente ans. Je vous lègue cette tradition, c’est tout ce que je puis vous léguer.” Auguste tint parole, et pendant trente années d’exercice il n’eut jamais d’autre cri que celui de : à nous les bergères !
Les secrets des coulisses. Joachim Duflot. 1865.
CPA. Coulisses des Variétés
Terme de machiniste
Appuyer : faire monter un élément de décor, une perche, un châssis, un rideau, etc.) souple ou rigide, dans les cintres (on dit donc adosser un châssis contre un mur pour éviter de dire "appuyer") Charger : c’est le contraire d’appuyer On peut charger à l’amoureuse, ce qui veut dire de descendre précautionneusement afin que les franges du rideau ne rebondissent pas sur le plancher de scène, ou bien à la parisienne autrement dit en vitesse
Charger :
Dans la manœuvre des décors, le mot charger exprime qu’il faut abaisser, faire descendre un objet. Si l’on veut faire descendre du cintre une toile de fond, un rideau de gaze, on dira : Chargez la toile, chargez le rideau. C’est le contraire du mot Appuyer.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Dans les théâtres qui possèdent un orchestre, le rideau d’avant-scène se lève ou s’abaisse, au commencement ou à la fin de chaque acte, sur un signal du chef d’orchestre, qui n’a pour cela qu’à tirer le cordon d’une sonnette placé auprès de lui à cet effet. Dans les rares théâtres qui sont dépourvus d’orchestre, tels que la Comédie-Française, le machiniste chargé du service du rideau attend l’ordre du régisseur, qui, le moment venu, lui adresse les mots sacramentels : Au rideau ! Dans tous les théâtres, d'ailleurs, on se trouve à chaque instant obligé de recourir à cette phrase célèbre, soit lorsque, un accident se présentant, on est forcé de lever le rideau pour livrer passage au régisseur chargé de faire une annonce au public, soit, les soirs de première représentation, lorsqu'il s'agit, la pièce terminée, de venir faire connaître les noms des auteurs, soit enfin lorsque les cris énergiques des spectateurs ou de la claque ramènent sur la scène, à la fin d'un acte, l'acteur à succès.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Atelier Nadar. Baudu. Régisseur de la Gaîté. 1875- 1895. Source gallica.bnf.fr / BnF
Bâton enveloppé de velours rouge maintenu par des clous dorés, appelé aussi « bâton de régisseur » utilisé par le régisseur pour frapper les trois coups annonçant le début du spectacle, les trois coups sont précédés de douze coups sur un rythme accéléré. Les chiffres choisis entrent-ils dans le jeu de la symbolique biblique, douze renvoyant aux apôtres et trois à la trinité ? En ce qui concerne la Comédie Française, la réponse est donnée : comme elle est issue de la réunion de deux troupes, celle de l’Hôtel de Bourgogne et celle de l’Hôtel Guénégaud, on frappe six coups de brigadier, trois pour l’une et trois pour l’autre. Trois coups pour chasser le mauvais esprit ? Ils indiquent, en tout cas, que public et comédiens passent dans un autre espace et dans un autre temps. Aujourd’hui, les trois coups ne sont plus systématiques.
Régisseur d’un théâtre muni de son brigadier
La civilisation court au galop. Les vieux usages tombent les uns sur les autres. Maintenant sur la plupart de nos scènes, le rideau se lève au bruit de la sonnette ; mais au bon temps du mélodrame à bottines rouges, de l’Opéra sans trompettes ni tamtam, c’étaient les trois coups d’un énorme gourdin, qui frappait solennellement le sol théâtral avant l’ouverture.
Comme le cœur était plein de ce son, comme l’oreille était attentive. Les profanes qui se trouvaient sur la scène fuyaient dans les coulisses, emportés par les flots de duègnes, de figurantes et de tyrans qui se mettaient à l’écart. Le gendarme lui-même était ému et perdait son équilibre, quand il arrivait que le régisseur donnait trop vigoureusement le signal d’usage. A la Gaîté on frappe encore les trois coups. Le Marais n'est pas inconstant comme la Chaussé-d ’Antin. Honneur à l’administration conservatrice des mœurs publiques d’un arrondissement.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
‘L’empêcheur de danser en rond est ordinairement le régisseur du théâtre qui inflige les amendes. Hors du théâtre, cela se dit d’un gêneur, d’un importun qui vient se mêler à une conversation intime ou qui s’assied à votre table ou à votre cercle sans y être convié. C’est M. Lefèvre, l’ancien acteur des Variétés, qui a fait éclore un jour cette phrase dans la bouche de Mademoiselle Juliette, une figurante laide et rousse qu’Odry, par antiphrase, appelait Joliette. On dansait des rondes campagnardes dans le vaudeville la Mariée à l’encan, et M. Lefèvre voulait toujours faire sa partie dans ces danses joyeuses et animées qui amusaient plus les danseuses que le public. Par malheur, M. Lefèvre était pied-bot, et sa présence dans la ronde retardait l’élan des jeunes filles, glaçait leur joie, et le plus souvent dérangeait la ronde. Juliette, un beau soir, prit le parti de lui dire : “Eh! restez donc sur l’avant-scène, vous êtes un empêcheur de danser en rond.” Le mot fit son chemin. Il doit bourdonner encore aux oreilles de M. Perrin, l’heureux directeur de l’Académie Impériale de musique. (Les secrets des coulisses. Joachim Duflot. 1865.) Empêcher de danser en rond : Gêneur, dans l’argot des coulisses. À quel propos cette expression, qui appartient à Gil Pérez ? Je l’ignore. Des acteurs sont réunis au foyer de leur théâtre où dans un coin de leur café de prédilection, causant entre eux de leurs petites affaires ; un importun survient qui trouble l’intimité, qui arrête l’expansion, qui glace le plaisir, probablement comme un étranger tombant au milieu d’enfants en train de danser une ronde : c’est l’empêcheur de danser en rond.
Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau. 1883
La cloche, disait un écrivain irrévérencieux, appelait les moines à matines. Par un bizarre effet de sa destinée, elle appelle les comédiens à leurs travaux profanes. Comme on a dit que la cloche était la voix du pasteur, on peut dire qu’elle est la voix du régisseur : elle ne parle pas en vain ; l’amende répond des infractions à ses ordres’ C’est la cloche, en effet, qui règle le service au théâtre, et qui donne le signal des travaux. On sonne, on a sonné, telle est l’exclamation qui se fait entendre aux répétitions, où, lorsque l’heure est arrivée, la cloche, mise en branle dans les couloirs par un garçon de théâtre, fait savoir à chacun que le moment est venu de se rendre à son poste. Il en est de même le soir, où trois volets de coups de cloche retentissent, l’une trois quarts d’heure, l’autre une demi-heure, la troisième un quart d’heure avant le commencement du spectacle, afin que chacun ait la notion exacte du temps. Enfin, dans chaque entr’acte, quelques instants avant le commencement de l’acte nouveau, la cloche se fait entendre encore, surtout pour prévenir les artistes de l’orchestre qu’ils aient à aller reprendre leur place. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie Cloche
Elle appelait les moines à matines. Par un bizarre effet de sa destinée, elle appelle les comédiens à leurs travaux profanes. Une demi-heure avant le spectacle, trois sons prolongés de cet instrument à timbre éclatant avertissent chacun d 'être à son poste. Comme on a dit que la cloche était la voix du pasteur, on peut dire qu'elle est la voix du régisseur : elle ne parle pas en vain ; l'amende répond des infractions à ses ordres. Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.
C’est le cri que fait entendre le régisseur an moment de commencer la répétition, afin d’amener sur la scène les artistes qui doivent y prendre part. Lorsqu’il s’agit d’une pièce à grand spectacle, à personnel nombreux, et qu’on procède à I ’étude d’une scène dans laquelle tout ce personnel doit être réuni : acteurs, choristes, danseurs, comparses, etc., le régisseur pousse le cri sacramentel : ‘En scène, tout le monde.' et le théâtre est envahi aussitôt par cette foule bigarrée, dont le maniement difficile est confié aux soins du metteur en scène.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
En scène pour le ‘Trois’ ! Le Panorama Paris la nuit N° 1. Les coulisses des variétés. Vers 1900 Publié chez Ludovic Baschet
L’action d’ouvrir et de baisser une trappe se dit : faire fondre. On place ordinairement sous la trappe anglaise, dans le premier dessous, un matelas destiné à recevoir le corps de la victime qu’on précipite. Quand c’est une déesse qui s’en retourne au séjour infernal, elle descend debout et lentement.
C’est le cri que fait entendre le second régisseur, dans l’escalier des loges des artistes, lorsque le rideau se lève sur un acte qui commence. Tous les artistes qui ne sont pas de la première scène de cet acte et qui, par conséquent, ne sont pas encore descendus sur le théâtre, sont ainsi prévenus du temps qui leur reste pour se préparer à leur entrée.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Jules De Bruycker,(1870 – 1945). Peintre, dessinateur et graveur belge.
Au moment où l’on va frapper les trois coups pour commencer un acte, un des régisseurs fait entendre ce cri dans l’escalier des loges, pour prévenir tout le monde : On va commencer, on commence ! Puis, quand les trois coups sont frappés, et que l’orchestre a attaqué l’ouverture ou l’entr’acte, le même régisseur crie : On commence ! Enfin, quand l’orchestre a fini, et que le rideau se lève, il fait entendre un troisième cri : Le rideau est levé ! Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
C'est l’exclamation que le régisseur fait entendre d’une voix sonore, au moment où il va frapper les trois coups qui indiquent le commencement d’un acte, ou lorsqu’il doit commander la manœuvre du rideau pour faire une annonce. Lorsqu’il prononce ces trois mots sacramentels, la scène doit être déblayée sur-le-champ, et tous ceux qui s’y trouvent, artistes, employés, machinistes, doivent rentrer immédiatement dans la coulisse, afin que, le rideau se levant, elle n’offre aux regards des spectateurs que les seuls personnages qui doivent prendre part au commencement de l’action.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Marius. Régisseur des Folies-Bergère. Atelier Nadar. 1875- 1895. Source gallica.bnf.fr / BnF.
A Paris, une sonnette électrique prévient de la fin de l’entr’acte les spectateurs retirés au foyer et ceux qui se sont réfugiés au café du théâtre, et leur annonce que le moment est venu de rejoindre leurs places. En province, un garçon de théâtre fait dans le même but, à la fin de chaque entr’acte, le tour du théâtre en agitant une grosse cloche destinée à avertir les spectateurs que la représentation va reprendre son cours.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Voir : Métiers du théâtre. L’avertisseur.