Tout objet dont un acteur doit se servir dans son rôle ou dont on parle et que le public doit voir ; objets portatifs nécessaires à la représentation
Accessoires : [estampe]. 1854. Source gallica.bnf.fr / BnF
Photo des coulisses du New York City Ballet de Prop Swans utilisé dans "Swan Lake" (New York) 1963. Bibliothèque Publique de New York. Collections numériques.
Enlevez au mélodrame la ressource des sabres, carabines, pistolets, etc., et vous me direz ce qui reste au talent de MM. Guilbert-Pixerécourt, Hapdé, Léopold, etc., etc.
Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.
Groupe du duel. Porte Saint-Martin. La dame de Monsoreau. Atelier Nadar. 1899. Source gallica.bnf.fr / BnF.
L'électricité au théâtre. Julien Lefèvre. Paris.1894.
A. Grelot, éditeur de l'encyclopédie électrique.
La première application des lampes à incandescence qui se soit produite à la scène est leur emploi pour l'éclairage des bijoux lumineux. Cette application est facile à réaliser, car elle n'exige qu'une pile extrêmement réduite, qui peut se loger aisément dans la poche ou dans toute autre partie du vêtement. Ces bijoux se composent d'une petite lampe à incandescence, dont les dimensions peuvent être très réduites, entourée de prismes de diverses couleurs, taillés à facettes, de manière à produire sur les rayons lumineux qui les traversent des jeux de lumière du plus bel effet.
La figure 90 représente, en grandeur d'exécution, une épingle à cheveux lumineuse. De la petite lampe partent deux fils, qui se dissimulent dans les cheveux et les vêtements, et vont rejoindre la pile destinée à alimenter le petit appareil.
Fig. 90. — Épingle à cheveux lumineuse.
Cette pile (fig. 91) est assez petite pour qu'on puisse la cacher facilement dans la poche. Elle est formée de très petits éléments au bichromate de potasse, contenus dans une auge d'ébonite à trois compartiments, qui est remplie aux deux tiers de la solution. Les plaques de zinc et de charbon sont fixées au couvercle, qui est également en ébonite, et constitue, avec une feuille de caoutchouc, une fermeture parfaitement étanche. Le tout est disposé dans une enveloppe double en caoutchouc durci, dont les deux parties rentrent l'une dans l'autre à la manière d'un porte-cigares. Deux boutons reçoivent les conducteurs. Un petit interrupteur placé dans le circuit permet d'illuminer à volonté les bijoux. Il est formé d'un bâtonnet en métal terminé par deux arrêts et coupé en deux parties inégales par une section en ivoire. Les deux extrémités communiquent avec les deux pôles. Un petit manchon métallique glisse sur le bâtonnet ; lorsqu'il est à une extrémité et qu'il laisse à découvert la rondelle d'ivoire, le circuit est ouvert. Si on le pousse vers l'autre bout, il cache la rondelle, réunit les deux parties métalliques et établit le courant. Ce commutateur, long de quelques centimètres, n'est pas plus gros que l'une des branches d'une fourchette.
La durée de l'éclairage varie avec les dimensions de la pile. Le modèle représenté peut fonctionner 20 ou 25 minutes consécutives ; un autre modèle plus volumineux peut donner de la lumière pendant une heure environ. Nous n'avons pas besoin d'ajouter qu'on pourrait remplacer la pile par un petit accumulateur chargé d'avance. Les bijoux lumineux peuvent recevoir les formes les plus variées : épingles à cheveux, épingles de cravates, broches, fleurs, diadèmes, colliers, etc.
Fig. 91. — Pile portative Trouvé pour bijoux lumineux
Ces bijoux ont reçu au théâtre de nombreuses applications : d'abord aux Folies-Bergères, en 1884, dans le ballet des Fleurs, où figuraient une vingtaine de danseuses portant, au corsage, et dans les cheveux, deux magnifiques bouquets de fleurs lumineuses (fig. 92) ; puis, la même année , à l'Empire-Theatre de Londres, où le ballet de Chilpéric montra cinquante amazones, ayant sur leur casque, sur leur bouclier et au bout de leur lance, des pierreries étincelantes de diverses couleurs. On les retrouve ensuite dans un grand nombre de théâtres, à Paris : au Châtelet, dans la Poule aux œufs d’or ; au Grand Concert Parisien, à la Scala, au musée Grévin ; à Boston, au Niblos Garden Theatre ; à Berlin, aux Victoria-Theaters, où l'on vit un lustre du plus brillant effet formé de 60 foyers électriques, disséminés au milieu de sujets vivants (fig. 93).
Fig. 92. — Danseuse parée de fleurs lumineuses (Ballet des fleurs).
Les dernières applications ont été faites à Bruxelles, au théâtre des Galeries Saint-Hubert, à Noël, en 1892, et à Monte-Carlo, pour la Damnation de Faust. A Bruxelles, au moment de l'apothéose, on voyait sortir lentement du plancher un arbre de Noël, de 12 mètres de hauteur, garni de 250 fleurs lumineuses, de toutes les teintes, tandis que jaillissaient deux fontaines lumineuses.
A Monte-Carlo, on a mis à la scène, le 18 février 1893, la Damnation de Faust, de Berlioz, qui n'avait été jusqu'alors exécutée qu'en habit noir. La mise en scène était des plus brillantes, grâce aux beaux décors de M. Poinsot ; les trucs les plus nouveaux avaient été mis en œuvre. Les bijoux lumineux figuraient dans deux ballets ; l’un d'eux, le plus important, se trouve à la scène VII, qui représente les bosquets au bord de l'Elbe ; on avait disposé sur le théâtre soixante-dix roses lumineuses, formées de pétales en papier de couleur, au milieu desquelles se dissimulait une petite lampe à incandescence, qui les éclairait par transparence. Dix ballerines italiennes, plus brunes et plus gracieuses les unes que les autres, portant à leur corsage de velours vert une rose lumineuse actionnée par une petite pile de poche, s'avançaient alors pour danser le ballet des sylphes pendant le sommeil-de Faust.
Fig. 93, — Lustre vivant des Victoria-Theaters.
Flambeau d'Ascanio. - Une des plus intéressantes applications des bijoux lumineux est celle qui fut combinée pour Ascanio, représenté à l'Opéra le 21 mars 1890. Au troisième acte, dans le décor qui représente le jardin de. Fontainebleau, dominé par la forêt, danse un ballet mythologique, dans lequel apparaît Apollon, tenant le flambeau du génie (fig. 94) et entouré par le gracieux cortège des neuf muses. Les directeurs de l'Opéra désiraient un flambeau léger, de dimensions ordinaires, c'est-à-dire assez restreintes, s'alimentant par lui-même pendant douze à quinze minutes consécutives, de façon à supprimer l'emploi d'une source séparée et des conducteurs, qu'il eût été difficile de dissimuler dans les vêtements de la danseuse. Il fallait donc placer dans le flambeau lui-même les piles ou les accumulateurs chargés de produire l'électricité. Pour satisfaire à ces conditions, M. Trouvé a logé dans le flambeau six petits accumulateurs au plomb, du genre Planté, dont trois à la partie supérieure, et • trois au-dessous, dans le fût (fig. 95).
Fig. 94. — Apollon tenant le flambeau du génie (ballet d'Ascanio).
Les électrodes sont des lames de plomb de 5 centimètres de hauteur sur 7 de largeur, enroulées en spirale ; leur distance est, dans chaque élément, de 1,5 mm Ces lames sont placées dans un étui cylindrique en verre, consolidé par une enveloppe de guttapercha en feuille. Les six éléments sont réunis en tension et peuvent fournir un courant de 3 ampères et 10 volts, soit 30 watts, pendant trente à quarante minutes, ce qui suffit pour deux représentations. Chaque élément forme un cylindre de 7 centimètres de hauteur et de 2 de diamètre. Le pôle positif est à la base du flambeau, le pôle négatif à la partie supérieure. Ce dernier communique d'une façon permanente avec une lampe à incandescence placée au haut du flambeau et dissimulée par des flammes multicolores qui l'enveloppent complètement. Pour relier le pôle positif à la lampe et fermer le circuit, il suffit d'appuyer sur le bouton isolé qui établit la communication, et la lampe projette un faisceau de lumière qui se tamise en traversant les pierreries de toutes couleurs. Le poids de chaque élément est de 70 grammes ; en ajoutant le poids, très faible d'ailleurs, de la lampe et du flambeau, on obtient un total d'environ 500 grammes. Pour les théâtres qui n'ont pas de machines pour charger les accumulateurs, on remplace ceux-ci par de petites piles au bichromate à renversement. Pour faire fonctionner ce flambeau, il est
d'abord indispensable de le redresser pour que le liquide vienne baigner les électrodes, puis on appuie sur le bouton pour fermer le circuit.
Fig. 95. — Flambeau électrique du ballet d'Ascanio.
Trouvé, Gustave (1839?-1902). Auteur du texte. L'Électricité́ au théâtre, bijoux électro-mobiles, nouveaux bijoux électriques lumineux, par G. Trouvé, .... 1885. Source gallica.bnf.fr / BnF
Diadème-phare en joaillerie – Épingles de cravate et broche tête de hibou – Broche de corsage en joaillerie avec phare central et miroirs réflecteurs. Cette broche de corsage constitue les décorations lumineuses dans le ‘Château de Tire-Larigot’, aux Nouveautés-Parisiennes. C’est par le même procédé que M. Trouvé fait apparaitre sur le chapeau de Brasseur et de Berthelier, les cartes de chaque adversaire, pendant leur partie d’écarté.
Mondaine parée d’un phare et d’un bouquet de fleurs électriques lumineuses
La signora Zanfretta, première danseuse de l’’Éden-Théâtre’, parée des bijoux électriques lumineux Trouvé.
La signora Zanfretta, première danseuse de l’’Éden-Théâtre’, parée des bijoux électriques lumineux Trouvé.
Cinquante amazones parées de bijoux électriques lumineux Trouvé dans le ballet de ‘Chilpéric’ à l’Empire-Theater, à Londres.
Bruet et Rivière, en amour de candélabre, à l’Éden-Concert.
Lustre vivant des ‘Victoria-Theaters’, de Berlin, par M. Trouvé, d’après le dessin original de M. Cledat de la Vigerie. Les 60 foyers électriques à incandescence alimentés par la pile Trouvé, produisent, au milieu des sujets vivants, un effet extraordinaire qui, de longtemps, ne sera dépassé au théâtre. C’est l’application la plus considérable, de lumière électrique faite jusqu’à ce jour directement par la pile. On peut voir actuellement, à Paris, ces bijoux appliqués : Châtelet (Poule aux œufs d’or) – Nouveautés-Parisiennes (Châteaux de Tire-Larigot) – Grand Concert Parisien (Revue : Venez me voir) – La Scala (Revue : Dans le mille) – À Berlin : Vistori-Theaters – À Boston : Noblos Garden Theater. Pour les renseignements techniques, consulter la brochure :’L’électricité au théâtre’, prix 50 centimes.
Extrait du catalogue : Théâtre & Fêtes Établissements Louis Leblanc Catalogue 1923-24