13 Feb
13Feb

Armes à feu. 1886.

Jusqu’à présent, lorsque, dans une pièce de théâtre, un duel, un meurtre, une bataille, amenaient à faire usage d’armes à feu, celles-ci étaient chargées à poudre; or (hors) les inconvénients de ce procédé sont fort nombreux: : pour le public ils apparaissent surtout dans les pièces militaires, à la suite de grandes batailles, la salle s’emplissant d’une fumée épaisse et d’âcres senteurs fort incommodantes qui provoquent la toux. Mais c’est surtout sur la scène que les inconvénients se manifestent par des accidents qui ont souvent des conséquences fort graves, parfois même mortelles, ce procédé crée, en outre, un véritable danger d’incendie. Pénétré, par expérience, de ces inconvénients, M Édouard Philippe, auteur dramatique, également très versé dans toutes les questions de pyrotechnie, a cherché à produire l’illusion complète du coup de feu, c’est à dire le bruit, le feu, la fumée, en évitant les dangers et les inconvénients que nous venons de signaler : il y est parvenu d’une façon tout à fait satisfaisante. La charge consiste en une petite quantité de fulminante, spécialement préparée pour donner un feu rouge et une fumée légère qui se dissipe rapidement ; elle n’a, d’ailleurs, aucune odeur désagréable et ne prend pas à la gorge. Cette préparation est contenue dans une cavité pratiquée dans un petit bouchon de liège que l’on introduit à l’extrémité du canon de l’arme ; un percuteur, qui passe dans l’intérieur de ce canon (fig. 1 N°4), provoque l’explosion de la charge par simple choc. Trois dispositions spéciales, s’appliquant suivant les armes à transformer, sont adoptées pour le percuteur. (1886)


Bruits de la bataille

Duels dans la coulisse, cliquetis des armes d’une troupe en marche, corps à corps d’une bataille acharnée ; c’est en choquant simplement l’un contre l’autre une baïonnette et son fourreau que l’on obtient, au théâtre, ces bruits terrifiants.


Feu au théâtre. 1912.

Feu au théâtre (1912)
Il ne faut pas jouer avec le feu, dit le proverbe. C’est pourtant ce qu’on fait constamment sur tous les théâtres, pour la plus grande joie du public qui ne se lasse pas d’admirer ces effets de scène si impressionnants. A quels procédés l’art du machiniste a-t-il donc recours pour obtenir ces merveilles brillantes, fulgurantes et détonantes ? Et quelle prudence ne faut-il pas déployer dans le maniement de substances et d’engins qui pourraient, si facilement, produire les pires catastrophes 

À gauche, la chaudière employée à l'Opéra pour produire les jets de vapeur À droite, les ventilateurs électriques qui font trembler des banderoles de soie figurant les flammes.


Un combat naval au Châtelet, la scène vue de la salle, au premier plan le navire qui sombre, criblé d'obus par les cuirassés aux feux lointains.


Un combat naval au Châtelet, la même scène côté des coulisses, les navires sont posés sur des chariots sous lesquels se placent deux hommes chargés à la fois de mouvoir le bateau et d'allumer les lampes électriques qui simulent l'éclair des décharges d'artillerie.


En plein brasier : un train traversant la forêt en feu, dans 'la course aux dollars'. Quelles minutes d'angoisse pour les spectateurs lorsqu'ils voient, sur la scène du Châtelet, un train traverser à toute vitesse une forêt où l'incendie fait rage ! Les flammes, la fumée, la course vertigineuse du rapide lancé dans la fournaise, tout contribue à l'émotion du public qui suit, haletant, les phases du drame.


L'envers du tableau. Une grande pipe remplie de poudre de lycopode, qui s'envole en gerbes de flammes au souffle d'un artificier ; des réchauds à main d'où fusent de hautes flammes de Bengale ; enfin, une toile de fond mobile, représentant la forêt en feu, qui se déroule sur deux cylindres et donne l'impression du mouvement, voilà tout le secret de cette scène à grand effet.


Les merveilles du théâtre : Un volcan en éruption. A voir ce cratère vomissant flammes et scories, cette large coulée de laves brûlantes précipitée aux flancs du volcan, qui ne ressentirait pas un frisson d'épouvante ? Pour être témoin d'un pareil cataclysme, pas besoin de faire un long voyage : il suffisait de louer un bon fauteuil d'orchestre.


Grandeur et décadence : l'éruption du volcan telle qu'on la voyait dans les coulisses. Pas de danger que les énormes pierres projetées en l'air par la vapeur puissent blesser acteurs ou figurantes, c'étaient en effet de légères éponges. Quant au plan incliné de droite, c'est, roulant sur deux tambours, une gaze argentée aux scintillantes paillettes figurant la coulée de laves.


Feux au théâtre. Vers 1881.

Le Monde illustré, 7 janvier 1882 Marie, Adrien Emmanuel , Dessinateur Le Monde illustré , Editeur Vers 1881/1882 Maison de Victor Hugo - Hauteville House


Guerre dans les coulisses


Machine à imiter l’orage

Pour obtenir au théâtre un orage de première qualité, le concours de quatre machinistes est nécessaire. L’un au moyen d’un appareil électrique, produit des éclairs ; l’autre, avec une pompe spéciale fait le vent ; et le troisième exécute sur la grosse caisse les roulements lointains du tonnerre, tandis qu’une plaque de tôle agitée par le dernier imite le crépitement de la foudre qui tombe.


Machine du ‘mur qui s’écroule’

Cette gigantesque crécelle fait rage, lorsque sur la scène s’écroulent des citadelles de carton-pâte, au milieu de l’embrasement général.


On tire les verrous - Voilà l’Express !

Une planche hérissée d’une forte tôle pliée et repliée qu’on racle avec une vieille clef, et c’est le bruit des lourdes serrures, des verrous massifs d’une porte de prison. Quant au sifflement et au pff, pff, pff d’un train en marche, cette petite machine à vapeur roulante s’en acquittera parfaitement.


Régiment qui passe

“Il approche, il vient, le voilà !” Et l’on entend résonner, de plus, en plus distinct, le pas des chevaux. Ce bruit est l’œuvre de deux machinistes qui, les mains munies de blocs de bois ferrés, martèlent consciencieusement le plancher.


Scène d'astronomie animée

Scène d'astronomie animée au théâtre Robin. 19e siècle Musée Carnavalet, Histoire de Paris


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