13 Feb
13Feb

Machinerie théâtrale. 1885.

Le mot machinerie n’est pas admis par les lexicographes ; mais il est absolument passé dans la langue théâtrale, et son utilité pratique lui donne forcement cours dans le langage usuel. Ce mot de machinerie semble comprendre tout à la fois et l'ensemble des instruments, appareils, engins de toutes sortes dont  l'emploi  est destiné  à  assurer  le  jeu  des  machines  (treuils, tambours,  moufles,  cordages,  etc.),  et  l'art si complexe et si  difficile du machiniste, art auquel se rapportent la construction, l’équipe et la plantation des décors, puis l'exécution et la manœuvre des trucs, la confection des praticables, le jeu des trappes, des apparitions, des travestissements, des transformations, en un mot l'organisation, l'aménagement, la mise e œuvre et en mouvement de tout ce qui concourt à l'action scénique au point de vue matériel et décoratif.

Ce n'est pas sans un certain étonnement que l'on peut constater un fait assez singulier c'est qu'à une époque où la mécanique opère des prodiges sans nombre, ou l'emploi de la vapeur, de l'électricité, des forces hydrauliques, change la face du monde industriel et nous fait assister chaque jour à des miracles nouveaux, la machinerie théâtrale est restée presque complètement stationnaire, et demeure, à peu de chose près, ce qu'elle était il y a plus de deux siècles. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

Travaux mécaniques de théâtres tels que suspensions aériennes, transformations et poses mythologiques pour tableau final, système de fauteuils et de stalles en fer à siège mobile, et médaillon indicateur pour les places numérotées louées ou non louées Estampe : Bénard, mécanicien. Auteur du texte.1863 Source gallica.bnf.fr / BnF.


Chariot. 1885.

Appareil de machinerie. Le chariot sert à la manœuvre des mâts qui servent de support et de soutien aux décorations latérales que le spectateur désigne sous le nom de coulisses.  C’est sur le chariot, placé dans le premier dessous, qu’est fixée la partie inférieure de chaque mât, celle qui passe par la costière, et c’est le mouvement d’avancée ou de reculée qu’on imprime au chariot qui fait avancer le mât, et par conséquent le décor, sur la scène, ou le fait rentrer dans la coulisse. Le chariot roule sur un rail de fer, par le fait de deux galets encastres dans un patin ; on peut donc le faire avancer, reculer, et demeurer à volonté à chaque point de la costière où il se trouve engagé, ce qui est indispensable pour le jeu facile des décorations, pour la ‘plantation’ des arbres ou autres objets isolés. C’est aussi un moyen rapide et sûr pour les faire paraitre ou partir à vue. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Dessinateur. Détail du plancher du théâtre Source gallica.bnf.fr / BnF


Châssis (faux châssis). 1885.

Appareil de machinerie. Au lieu des mâts dont on se sert aujourd’hui pour guinder les châssis de coulisses, on employait autrefois, à chaque plan de la scène, une série d’appareils qu’on appelait faux châssis, et aussi quelquefois portants. Les faux châssis, qui, comme les mâts actuels, traversaient les costières, et comme eux étaient mis en mouvement par des chariots placés dans le premier dessous, formaient comme une sorte de très haut cadre de bois sur lequel était fixé le châssis de coulisse, et sur un de leurs côtés portaient une série d’échelons allant de la base au sommet, pour permettre la manœuvre.  Les faux châssis offraient plus de stabilité, et l’échelle dont ils étaient pourvus présentait aussi plus de sécurité pour les machinistes que les crampons ou les chantignoles des mâts dont on se sert aujourd’hui ; la grande surface qu’ils occupaient derrière les décors permettait aussi de guinder ceux-ci à des points différents, et de les mieux attacher. Aujourd’hui on ne se sert plus guère de faux châssis qu’à l’avant-scène, pour supporter les draperies qui forment les deux côtés du manteau d'Arlequin. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Détail de construction dressé par M. du Boullay architecte, conjointement avec M. Poullet machiniste pour être approuvé par MM. les propriétaires du Théâtre et M. Walter, directeur et être joint aux devis arrêté sous la date du 20 mars 1833. Source gallica.bnf.fr / BnF


Équipe. 1878.

Système de machinerie (perche, fils, moufles) suspendu au gril, permettant l'accrochage ainsi que la manipulation d'un élément de décor ou appareil technique. ‘Se dit, dans le domaine du machiniste, d’une décoration ou d’un truc mis en état de manœuvrer au signal et au moment voulu. Ainsi, quand tous les fils qui doivent enlever un décor sont attachés à lui et au tambour ou treuil, il a son équipe.’ 

La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878


Traité d’Aménagement des salles de spectacles L’équipement des scènes et des estrades Par Louis Leblanc et Georges Leblanc. 1950


Équiper : Accrocher un rideau, un élément de décor ou un appareil technique sur une perche ou une porteuse d'une équipe.


Équipe à la main. 1923

Équipe la plus simple appelée aussi " Équipe légère". Les fils fixés à la perche vont directement en passant par les poulies dans les mains du machiniste chargé de sa manœuvre. Elle ne comporte aucun contrepoids.

Extrait du catalogue : Théâtre & Fêtes Établissements Louis Leblanc Catalogue 1923-24


Équipe à plat sur contrepoids / Equipe contrebalancée. 1923.

Équipe contrebalancée : Équipe permettant la manœuvre de gros (lourds) éléments de décor. Le fil de commande est relié sur les deux extrémités du contrepoids auquel sont fixés les fils qui vont jusqu'à la perche. Le contrepoids se charge en fonction du poids accroché sur la perche. Cette équipe exclue une traction directe et trop dure pour le machiniste.

Extrait du catalogue : Théâtre & Fêtes Établissements Louis Leblanc Catalogue 1923-24


Équipe mécanique. 1923.

Extrait du catalogue : Théâtre & Fêtes Établissements Louis Leblanc Catalogue 1923-24


Equipes pour rideaux. 1950.

Traité d’Aménagement des salles de spectacles L’équipement des scènes et des estrades Par Louis Leblanc et Georges Leblanc. 1950 Équipes spéciales pour rideaux peints utilisés avec cintres de hauteur réduite.


Équipe d'un vaisseau


Lustre vivant. 1885.

Lustre vivant des ‘Victoria-Theaters’, de Berlin, par M. Trouvé, d’après le dessin original de M. Cledat de la Vigerie. Les 60 foyers électriques à incandescence alimentés par la pile Trouvé, produisent, au milieu des sujets vivants, un effet extraordinaire qui, de longtemps, ne sera dépassé au théâtre. C’est l’application la plus considérable, de lumière électrique faite jusqu’à ce jour directement par la pile. On peut voir actuellement, à Paris, ces bijoux appliqués : Châtelet (Poule aux œufs d’or) – Nouveautés-Parisiennes (Châteaux de Tire-Larigot) – Grand Concert Parisien (Revue : Venez me voir) – La Scala (Revue : Dans le mille) – À Berlin : Vistori-Theaters – À Boston : Noblos Garden Theater. Pour les renseignements techniques, consulter la brochure :’L’électricité au théâtre’, prix 50 centimes.

Trouvé, Gustave (1839?-1902). Auteur du texte. L'Électricité́ au théâtre, bijoux électro-mobiles, nouveaux bijoux électriques lumineux, par G. Trouvé, .... 1885. Source gallica.bnf.fr / BnF


Machinerie (1)


Machinerie Le Cheval de Troie. 1899.

Décembre 1899 (La Nature) Machinerie Théâtrale Le Cheval de Troie à l’Opéra

Le théâtre de l'Opéra vient de monter une œuvre de Berlioz dont une partie, sous le nom de Les Troyens, a été jouée, il y a peu de temps, à l'Opéra-Comique, bien qu’il n’y ait là-dedans rien de Comique, au contraire. L'autre partie, que donne en ce moment l'Opéra, s'appelle La prise de Troie ; or, chacun sait qu’en cette affaire le cheval de bois joue un rôle important, et c’est plutôt ici que la chose devient comique. II est probable qu'Homère et Virgile, comme les autres auteurs qui ont écrit sur cette matière, s’en sont rapportés à la tradition plus ou moins juste d’un fait de guerre qui a fait un certain bruit dans son temps ; mais il paraît bien peu admissible que les Grecs aient été assez imprudents pour enfermer leurs plus braves guerriers dans une bâtisse ayant plus ou moins l'apparence d’un cheval, et que, d'autre part, les Troyens aient été assez naïfs pour entrer cette caserne dans leur ville, sans s’apercevoir qu’elle était habitée ! Du reste, l'eussent-ils voulu que, vu les moyens dont ils disposaient, il leur aurait fallu bien du temps pour transporter une pareille masse. Mais peu importe, les poètes et les musiciens ne s'occupent pas de ces détails et nous voici, pour les suivre, obligés de reconstituer, pour eux seuls heureusement, le fameux cheval de Troie : c’est M. Vallenot, l’habile chef machiniste de l'Opéra, qui fut chargé de la besogne.

Les documents n’abondent pas, car il n’y a que de vagues bas-reliefs qui pourraient se rapporter à ce monument ; on ne peut que se référer aux commentaires de l’Iliade et de l’Énéide : on y trouve entre autres que les jambes étaient formées de quatre trônes de jeunes chênes et que le corps et la tête étaient en sapin rouge. Pour se conformer à cette description on a donné des teintes imitant les essences employées ; l’ensemble est très satisfaisant, et on peut fort bien admettre que telle était la machine de guerre ou le monument, que les Grecs avaient construit pour charmer leurs loisirs pendant les longues années du siège.

Exemple de texte

Le cheval de l'Opéra a 8m,50 de haut, il est entièrement en sapin et repose sur un soubassement de 8 mètres de long sur 2,50 de large entouré d'une barrière, l’ensemble pèse 4200 kilogrammes. Les jambes forment la base d’une vaste charpente constituant le corps de l'animal et c’est sur cette charpente que viennent s'appliquer le ventre, les flancs, la croupe ct les épaules, puis par-dessus toute la tête qui, à elle seule, a 3m,50 de haut et pèse près de 600 kilogrammes. Les naseaux, le front et les yeux sont sculptés, le reste est fait de bouts de planches juxtaposés ct forme une sorte de marqueterie très réussie. Comme le théâtre de l'Opéra ne, joue pas tous les jours la même chose et qu’un accessoire de cette importance est un peu encombrant, il fallait pouvoir le démonter facilement ; aussi M. Vallenot, que rien n’embarrasse, a-t-il prévu le cas : au moyen de cordages passés dans des anneaux ad hoc et équipés au cintre, on descend rapidement à terre les parties rapportées ; ensuite la charpente, qui est assemblée au moyen de boulons, se démonte en moins d'une heure. Cependant quand les œuvres représentées dans la semaine n’exigent pas un grand déploiement de mise en scène, on ne démonte rien ; mais il faut alors remiser le tout. Pour cela, au moyen de deux câbles enroulés sur un treuil du cintre, on soulève d’environ 50 centimètres cette masse de plus de 4000 kilogrammes, puis pendant que des machinistes enlèvent rapidement le plan incliné sur lequel elle reposait, d'autres la font virer de 90 degrés et, à un signal, on la laisse doucement reposer sur une autre voie munie de rails, perpendiculaire à la première, et qui permet de l'emmener dans le fond de la scène où elle n’est plus gênante. Quand on assiste à cette manœuvre, on a un moment d'angoisse en considérant cette masse suspendue par deux fils au-dessus d’une vingtaine d’hommes ; on croit à chaque instant qu’ils vont être écrasés.

Le cheval n’est pas habitable, le livret de la pièce ne comportant pas l'entrée ou la sortie des guerriers Grecs devant le public; mais il doit traverser la scène dans toute sa largeur, partant de la coulisse à gauche du spectateur pour aller à droite s'engager dans la brèche pratiquée aux murs de la ville. Ceci donne lieu à un cortège important, formé en partie de Troyens qui trainent l’animal ; or, on n’aurait jamais pu, si large que soit la scène, étaler tout cet attelage, et il a fallu user d’un truc. Les cordages sur lesquels tirent les hommes qui traversent la scène, sont bien attachés au cheval qui est sensé encore très loin (en réalité il est tout près), caché par le décor ; mais les cordages ont tout de même leur longueur parce qu’ils sont enroulés sur des tambours installés dans la charpente ; et munis de freins de façon que les cordes soient bien tendues comme si les Troyens trainaient en effet un lourd fardeau. En réalité, c’est par un treuil situé dans les dessous qu’au moment voulu, les machinistes amènent le monumental animal. Le soubassement sur lequel il repose est du reste muni de galets qui roulent sur des rails fixés au plan incliné figurant le talus à gravir pour atteindre les murailles de la ville.


Machines de théâtre planche 9

Machines de théâtre et deux projets de décor, planche 9. Radel , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Machines de théâtre planche 11

Machines de théâtre et deux projets de décor, planche 11. Radel , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Machines de théâtre planche 12

Machines de théâtre et deux projets de décor, planche 12. Radel , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Machines de théâtre planche 13

Machines de théâtre et deux projets de décor, planche 13. Radel , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Machines de théâtre planche 20

Machines de théâtre et deux projets de décor, planche 20. Radel , Dessinateur Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Plateaux tournants et tournettes. 1950.

Ce sont des simplifications de la scène tournante proprement dite (qui, comme à l’Opéra de Lyon, comporte des dessous et même des cintres solidaires du plateau dans son mouvement de rotation). Les tournettes surtout, de construction légère, ont l’avantage de pouvoir s’adapter sur les plateaux traditionnels comme sur les plateaux sans dessous ou les estrades, pourvu que ces plateaux soient horizontaux. Beaucoup de théâttes, pour pouvoir utiliser une tournette, ont dû supprimer la pente du plancher de scène en abaissant le niveau du lointain, comme cela avait été réalisé en 1940 au théâtre de la Cité (Sarah-Bernhard), soit en surélevant à la face les premiers plans que l’on rattrape par un système d’emmarchements à l’avant-scène, comme fait G. Baty au Théâtre Montparnasse.

Traité d’Aménagement des salles de spectacles L’équipement des scènes et des estrades Par Louis Leblanc et Georges Leblanc. 1950


Transformation - Changement de costume instantané. 1885.

Transformation : C’est le nom qu’on donne à certains changements de costume instantanés qui s’effectuent en scène, sous l’œil même du spectateur, sans que celui-ci puisse comprendre la nature du procédé employé à cet effet. Ce procédé, quoique ingénieux, est assez simple pourtant.  L’acteur qui doit se transformer ainsi est revêtu d’un costume qui, quelle qu’en soit la disposition, n’est formé que de deux pièces, un devant, un derrière ; ces deux pièces sont réunies sur lui au moyen d’un fil formé d’une corde de boyau, qui partant du pied et gagnant l’épaule par une série d'œillets, redescend ensuite le long des bras. L'extrémité supérieure de ce fil est arrêtée, au-dessous du cou, par un nœud ou une rosette que l’acteur défait lorsque le moment est venu, tandis que l’extrémité inférieure est terminée par un anneau. Au moment où la transformation doit s’opérer, l’acteur vient se placera un endroit déterminé avec précision et marqué à la craie, un petit trappillon s’ouvre derrière lui, une main passant par ce trappillon saisit l’anneau auquel se relient les fils, et, quand la réplique arrive, l’acteur n’a qu’à dénouer le nœud qui retient par en haut le vêtement qui doit disparaître. Le machiniste placé sous le théâtre tire alors à lui l’anneau qu’il a saisi le vêtement disparaît instantanément par le trappillon, et l’acteur apparaît sous un costume brillant que cachait celui sous lequel il s’était montré tout d’abord. 

Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie


Vol. 1825.

Certain effet de mise en scène, en usage dans les pièces féeriques et fantastiques, produit toujours une grande impression sur le spectateur : c’est celui qui est connu sous le nom de vol, parce qu’il représente effectivement l’action de personnages qui semblent voler dans l’air.  Dès le commencement de notre Opéra, au dix-septième siècle, le vol était un des grands moyens de séduction de la mise en scène.  On voyait des vols dans la plupart des opéras de Quinault et Lully, qui étaient, en réalité, des féeries chantées, et dans lesquels la richesse et le luxe scéniques, portés à leur extrême puissance, comptaient pour un des principaux éléments de succès. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Ailes 

Vous avez vu l'Amour et Zéphire traverser le théâtre de l'Opéra en agitant leurs ailes. Avez-vous deviné le secret de ce vol si bien imité ? Trois doubles laitons, un crochet et une ceinture, voilà pour l’ascension ; deux fils, voilà pour le mouvement des ailes. Dictionnaire théâtral ou douze cent trente-trois vérités Paris. Chez J-N Barba Librairie. 1825.

Slodtz (famille). Dessinateur. [Machine. Un enfant s'élevant dans les airs : esquisse de machinerie / Famille Slodtz]. 1700-1764. Source gallica.bnf.fr / BnF


Vol Affiche - La fille de l'air

LA FILLE DE L'AIR Ancourt, Edward , Dessinateur Edward Ancourt (Imprimerie) , Imprimeur En 1890 Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Vol de la Mouche d'Or



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