Un rideau est une toile de dimensions variables, plissée ou tendue, peinte ou non. Apparu sous l’Antiquité pour masquer la scène, le rideau de scène, à la Renaissance, est intimement lié, en Italie, à la décoration en perspective. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, que le rideau fait partie intégrante du spectacle en ouvrant et en fermant la représentation. La scène de théâtre n’a pas toujours été cachée par un rideau : absent chez les Grecs, il apparaît à la période romaine par le dessous de la scène. Il faut attendre la fin du XVIe siècle avec la construction de théâtres fermés pour voir le rideau apparaître comme nous nous le représentons aujourd’hui.
Théâtre de la Gaîté-Lyrique (Paris) Avant-projet de rideau de scène. [antérieur à 1862]
Extrait du catalogue : Théâtre & Fêtes Établissements Louis Leblanc Catalogue 1923-24
Rideau d’avant-scène C'est celui qui ferme la scène aux yeux du spectateur, qu'on lève et qu'on abaisse au commencement et à la fin de chaque acte, et que le public appelle ont simplement ‘le rideau.’
Les anciens faisaient précisément le contraire de ce que font les modernes en ce qui concerne la manœuvre du rideau. Chamfort nous le rappelle, en parlant de la ‘toile de théâtre’ :’Elle ‘différoit’ de la nôtre, dit-il, en ce qu’elle ‘étoit’ attachée par le bas, en sorte que quand nos pièces commencent, on lève la toile, qui est attachée par le haut, les romains la ‘baissoient’, la ‘laissoient’ tomber sous le théâtre ; et quand la pièce ‘étoit’ finie, ou même après chaque acte, on la ‘relevoit’ pour les changements de décorations, au lieu que nous la baissons. De là vient qu’on disoit en latin ‘tollere aulœa’, lever la toile, quand on ‘fermoit’ la scène et que les acteurs se ‘retiroient’ et ‘premere aulœa’, baisser la toile, quand on ‘découvroit’ le théâtre pour commencer l'action.’ En Italie, au dix-septième siècle, on employait l'un et l'autre procédé́ on usait même d'un troisième celui qui consistait à̀ avoir deux rideaux à coulisses, qui s'écartaient comme ceux d'une fenêtre lorsqu'on voulait ouvrir la scène, et qui venaient se rejoindre lorsqu’on la voulait fermée.
Napoléon Sacchetti (18..-18.. ) Décorateur de théâtre. Source gallica.bnf.fr / BnF
Aujourd'hui, l'usage du rideau, tel que nous le voyons pratiqué en France, est général par toute l'Europe pourtant, Richard Wagner, dont la rage de réforme était vraiment prodigieuse, avait fait établir, sur son théâtre de Bayreuth, le double rideau à coulisses, dont les petites baraques de marionnettes sont depuis longtemps les seules à se servir. On appelle rideau de manœuvre un rideau diffèrent du rideau d'avant-scène par sa décoration, mais qui remplit pourtant le même office, celui de fermer la scène. On baisse ce rideau pour indiquer au spectateur que le changement de décor sera très prompt, l'entr'acte très court, et pour l'engager par conséquent à ne pas quitter sa place et à ne point sortir de la salle.
La décoration du rideau d'avant-scène, presque toujours confiée à un peintre habile, est souvent très riche et d'un grand effet. Quelques théâtres d'ordre très secondaire se sont pourtant avisés, depuis quelque vingt ou trente ans, de remplir ce rideau, comme la quatrième page d'un journal, d'une série d'annonces commerciales qui produisent sur l'œil du spectateur, même le plus indiffèrent l'impression la plus fâcheuse. Ce genre de rideau, qu'on a qualifié́ du nom de rideau d'annonces, est indigne d'une entreprise artistique qui possède au moindre degré le respect d’elle-même et de son public.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Traité d’Aménagement des salles de spectacles L’équipement des scènes et des estrades Par Louis Leblanc et Georges Leblanc. 1950
Appelé parfois ‘rideau de sécurité’, il est d’abord composé de mailles
métalliques puis de plaques de fer, afin de limiter la propagation des
incendies nombreux dans les théâtres de l’époque.
Une vaste campagne de travaux menée par Guadet en 1893, vise à
protéger la Salle Richelieu du feu via l’installation d’un rideau de fer,
ce qui n’empêche malheureusement pas l’incendie de 1900 qui ravage
le bâtiment de la Comédie-Française. Depuis cette date, on a rendu
obligatoire, avant chaque représentation, le ‘chargement’ du rideau
de fer. Un rideau d’eau (conduite d’eau) est placé derrière le rideau de
fer pour inonder le plateau en cas d’incendie. C’est Olivier Debré, en
1987, qui a signé les peintures du rideau de fer de la Salle Richelieu
Le rideau de fer du théâtre du Châtelet, à Paris.
Opéra-comique, la scène du théâtre, avec son rideau de fer. Agence Rol. 1923. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dans certains ouvrages d’un caractère fantastique ou féerique, il arrive qu’un changement de décor important ne peut se faire absolument à vue, c'est-à-dire instantanément, et que cependant il peut s’opérer avec assez de rapidité pour que, l’action ne pouvant d’ailleurs être interrompue, on ne veuille pas baisser le rideau d’avant- scène. On emploie alors un procédé particulier : deux rideaux flottants, représentant des vapeurs et des nuages, envahissent le devant de la scène, l’un montant des dessous, l’autre descendant du cintre, tous deux se développant avec lenteur. Lorsque, au milieu de leur cours, ils sont parvenus à se joindre, la scène se trouve pour un instant complètement masqué, et si court que soit cet instant, il suffit pour l’opération du changement ; si bien que quand les deux rideaux, se disjoignant, vont se perdre, celui du cintre dans les dessous, celui des dessous dans le cintre, le théâtre est transformé et l’effet est produit.
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Samary et Got. Atelier Nadar. 1870-1890. Source gallica.bnf.fr / BnF.